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De Paris à la Mer le long de la Seine. 1ère partie: Paris- Vernon

23 Octobre 2023 , Rédigé par Guillaume Lagrée

Seine du Vexin

Seine du Vexin

GR2 Sentier de la Seine

 

Topoguide FFRP n°203 : la Seine à pied en Ile de France

De Paris (75) à Vernon (27)

Dimanche 12 – samedi 18 mars 2023

Train NOMAD de Vernon-Giverny à Paris Saint Lazare

 

Lectrices attentives, lecteurs exhaustifs, vous avez noté sur ce blog que, pour commencer ma marche de Paris à Rome, j'ai pris le GR2 sentier de la Seine, de Paris à Dijon via Auxerre. J'avais donc remonté la Seine jusqu'à sa source à Source-Seine, Côte d'Or, Bourgogne Franche-Comté.

Regardant la carte, je me suis dit qu'il serait certainement agréable de suivre le courant du fleuve jusqu'à la mer, de Paris au Havre, Seine Maritime, Normandie par le même GR2. En commençant par le tronçon Paris-Vernon, précisément décrit dans le topoguide 203 de la Fédération française de randonnée pédestre grâce au soutien du conseil régional d'Ile de France. Mes impôts de contribuable francilien sont bien utilisés car ce guide me fut bien utile.

Espérons que le conseil régional de Normandie pour la partie Vernon - Le Havre et celui de Bourgogne Franche-Comté pour la partie Montereau fault sur Yonne - Dijon financent de tels guides pour promouvoir le GR2. 

" Paris, Rouen, Le Havre ne sont qu'une ville dont la Seine est l'avenue principale " (Jules Michelet). J'ai pu le vérifier tout le long du chemin qui va de Paris à la Mer.

 

Dimanche 12 mars : Paris (75) – Chaville (92)

Départ à 8h30. Arrivée à 18h30.

Hôtel Campanile de Chaville.

Pour arriver à la Seine, je m’abstiens de la marche d’approche et prends le métro, ligne 1, jusqu'à Saint Paul le Marais. Juste avant la Seine, je m’arrête dans un square,  le Jardin des Arts - Albert Schweitzer, rue des Nonnains d'Hyères, pour régler la hauteur de mes bâtons de marche. Impossible de les régler. La malédiction des bâtons se poursuit. Un m’avait lâché en octobre 2022 pour la traversée de la Brie de Paris à Coulommiers (récit à publier). J’ai mis des mois à le faire réparer et maintenant ce sont les deux qui ne se règlent que sur une moitié.

Un homme, la trentaine, vient me voir et parler randonnée vu que j’ai l’air d’un randonneur avec mes vêtements, chaussures et sac au dos. C’est un vrai pèlerin. Il a fait le chemin de Saint Jacques de Compostelle. Il aime camper dehors mais a peur des loups. Je lui explique qu’en France, les chiens sont bien plus nombreux et bien plus dangereux que les loups pour les marcheurs. Il prend pitié de moi et de mes bâtons et me propose les siens. Ceux qu’une Texane qui marchait avec lui a oublié dans une auberge à Compostelle en Espagne. Il vit à 5mn à pied.

Effectivement, nous allons rue de Rivoli. J’attends 5mn au pied de son immeuble et j’échange mes bâtons contre les siens. Echange de coordonnées avec P-E, fonctionnaire au service Voirie de la mairie de Paris. Je ne lui fais aucun reproche sur les travaux en cours vu qu’il me rend service.  La Divine Providence a fonctionné en le plaçant sur mon chemin dès le départ. Ou Mercure Dieu des Voyageurs ou mon ange gardien.

Je pars seul plein Ouest de l’île Saint Louis à l’île de la Cité. Première pause devant Notre Dame de Paris en travaux. Je l’avais quitté pour Rome, avant l’incendie, en mars 2019. En marchant sur les quais de Seine, rive gauche, plein Ouest, j’arrive au parc André Citroën dans le 15e arrondissement. Je le traverse et quitte Paris pour Issy les Moulineaux. Traversée du parc Suzannne Lenglen. Dédalesque malgré les balises. Un molosse sans muselière veut me dévorer mais sa jeune maîtresse le retient à grand peine. Je confirme que les chiens sont plus dangereux que les loups pour les randonneurs.

J’en sors et poursuis les quais de la Seine vers l’Ouest jusqu’à remonter la pente de la route des Gardes à Meudon (le chemin le plus direct de Paris à Versailles emprunté par les Gardes royales au XVIIIe siècle). Je n’ai pas cherché le 25ter route des Gardes où vécut et mourut le docteur Louis-Ferdinand Destouches dit Céline de 1951 à 1961.

L’avenue du château de Meudon est bordée de villas cossues. Il n’y a plus de château mais toujours une esplanade avec une belle vue panoramique sur Paris mais je préfère celle depuis la terrasse du château royal de Saint Germain en Laye. Sur l’esplanade du château, un authentique dolmen.

Ensuite, le bois de Meudon, la forêt domaniale la plus proche de Paris (3,5km à l’Ouest). Un vrai bois que je ne connais que pour l’avoir traversé en voiture en arrivant sur Paris depuis la Bretagne. Splendide. Vallonné, boisé de chênes. J’y perds la balise du GR2. Je demande à une promeneuse qui me dit de faire ½ tour pour revenir à la tour hertzienne d’où je viens. Là, je retrouve une route forestière goudronnée qui descend tout droit jusqu’à Chaville.

Il s’agit maintenant de trouver mon hôtel Campanile. Trois appels à la standardiste de l’hôtel. Un monsieur  me met deux fois sur le bon chemin pour la gare de Chaville rive droite (bien plus loin du bois de Meudon que la gare de Chaville rive gauche).

Arrivée à 18h30, claqué. Douche à peine tiède mais je suis propre. Pas de restaurant dans l’hôtel. De l’autre côté de l’avenue, « Au bureau », restaurant de burgers. Je prends le modèle savoyard avec galette de pomme de terre et fromage à raclette. Coupe glacée pour finir. Soda noir américain pour la recharge en sucre et sels minéraux. Je vais bien dormir cette nuit.

Notre Dame de Paris en chantier

Notre Dame de Paris en chantier

Lundi 13 mars : Chaville (92) – Sartrouville (78)

Hôtel " L' Entre pots " à Sartrouville.

Départ à 8h. Arrivée à 18h30. Nombreux pièges en chemin !

 Petit déjeuner classique d’hôtel.  Le réceptionniste m’explique le chemin pour la gare de Chaville Rive droite où je dois retrouver le GR2. Son chemin est bien plus court que celui que j’ai fait hier en arrivant.

Ensuite je dois traverser la forêt de Fausses-Reposes. Une affiche sur un arbre indique que le chemin est déconseillé en raison du vent. Il y a du vent mais j’y vais quand même. Pas longtemps car un chantier ONF d’abattage bloque le GR. Je contourne la forêt par la route. A une dame qui sort de chez elle je demande mon chemin. Elle m’explique comment rejoindre l’étang de Ville d’Avray rendu célèbre par les tableaux de Corot. Boris Vian est né et a grandi à Ville d’Avray . Je trouve la marque jaune du PR (Petite Randonnée) mais cela ne correspond pas aux indications.

Je prends un autre sentier, arrive à un carrefour et y croise 2 promeneuses qui m’indiquent le chemin de l’étang. Elles y vont. Je les suis. L’étang n’a rien de spécial mais Corot l’a peint et rendu immortel. Ensuite Marnes la Coquette, commune pour riches. La plus boisée et la moins dense des Hauts de Seine. Un village en forêt à 10km de Paris.  Que des villas cossues. Pas de train. Ecole communale Maurice Chevalier. Il y est mort comme Johny Halliday.

Là, le piège. La marque du GR m’envoie vers un chemin qui ne correspond pas du tout au guide. Je passe au-dessus de l’A13 (autoroute de Normandie) et non pas en dessous. Je demande à un promeneur avec son chien. Un homme de 64 ans qui a fait le GR20 en Corse au début des années 1980 avec un sac de 19kg sur le dos et des brodequins. Souvenir marquant manifestement. Il m’amène vers le monument de l’escadrille La Fayette dédié aux aviateurs US morts pour la France en 1917-1918. Imposant.

Là je retrouve ma flèche du GR, au croisement où je me suis perdu tout à l’heure. En fait, j’ai quitté le GR2 chemin de la Seine pour le GR1, Grand tour de l’Ile de France, sans le savoir. Je vois le monument aux morts imposant avec drapeaux français et américain. Je retrouve le GR2 mais ne sais dans quel sens le prendre. Je finis par comprendre mais sors du Parc de Saint Cloud (Saint Cloud a donné son nom au parc qui couvre plusieurs communes) par la mauvaise porte. Je comprends et reviens sur mes pas. Je trouve une bouteille de gel hydro alcoolique quasi pleine posée sur une armoire électrique. Je la prends pour me laver les mains au pique-nique. Je retrouve la marque du GR2 mais dans le mauvais sens. Je comprends et reprends mon chemin.

Ensuite, passage en forêt de Malmaison avec l’étang de Saint Cucufa (saint évêque de Barcelone) qu’appréciait Joséphine de Beauharnais, première Impératrice des Français. C’est charmant. Je sors du parc et retrouve la route qui descend vers la Seine. Croisement à gauche pour entrer dans le parc de la Jonchère à Bougival, première commune des Yvelines, maintes fois peinte par les Impressionnistes. Un sentier qui monte avec de belles vues sur la Seine et des blockhaus allemands vides depuis 1944. Pas étonnant vu la vue sur Seine. 

Je descends au pont de Bougival en manquant la datcha de Tourgueniev, écrivain russe ami de Flaubert, Zola, Maupassant, des frères Goncourt. Trop marché pour visiter. Au pont de Bougival, je fais remplir ma gourde d’eau dans une pizzeria tacos. Je passe le pont et retrouve le chemin de halage qui file tout droit le long de la Seine vers Le Pecq et Sartrouville.

Trop simple. Le chemin de halage est fermé après le Pecq par un énorme chantier d’adduction d’eau. Un voisin m’explique comment suivre la piste cyclable puis trouver sur la gauche un chemin qui me ramène au chemin de halage, après le chantier. Plan impeccable. Je marche le long de la piste cyclable, trouve un chemin de terre à gauche qui me mène jusqu’au chemin de halage, après le chantier.

Je n’ai plus qu’à passer sous le pont de l’A13, trouver le pont ferroviaire, suivre le chemin de fer de la route en contrebas jusqu’à la gare et trouver, devant la gare, l’hôtel restaurant « Entre pots ». Hôtel à l’ancienne. Grande douche et 2 WC sur le palier. Petite douche et pas de WC dans la chambre. Bon repas : lapin braisé, purée maison, salade. Servi froid. Je me plains et l’obtiens chaud. Mieux. Brioche et pain perdu en dessert. Bien dormi dans le noir avec de vrais volets métalliques rabattants à l’ancienne.

Hippodrome de Maisons-Laffitte vu du GR2 en surplomb de la Seine

Hippodrome de Maisons-Laffitte vu du GR2 en surplomb de la Seine

Mardi 14 mars : Sartrouville (78) – Triel sur Seine (78)

Départ à 8h. Arrivée à 16h. Cette fois je ne me suis pas perdu en chemin.

Je commence tranquille par le chemin de halage le long de la Seine. Un promeneur me hèle de l’autre côté de la route pour m’annoncer que le chemin est fermé plus loin. Je me rapproche pour l’écouter me donner le bon chemin. Il m’explique que depuis son jardin il voit randonneurs et cyclistes se casser le nez sur cet obstacle. Ses explications sont justes. Je retrouve le GR2 un peu plus loin en suivant une route qui longe un énorme chantier de construction (133 logements, 136 places de parking) en bord de Seine à Cormeilles en Parisis (95), commune dont Robert Hue (PCF) fut longtemps maire.

Je quitte la route pour monter sur un chemin en sous-bois et me retrouve sur un plateau qui domine la Seine. Du chemin, je vois sur l’autre rive l’hippodrome de Maisons-Laffitte (78). Je suis à la Frette sur Seine, commune où vivait l’écrivain Jacques Chardonne, ami de Paul Morand. Collaborateur de l’Allemagne nazie et styliste de la langue française, vénéré par François Mitterrand (« Les destinées sentimentales » est un chef d'oeuvre). Le long du chemin, reproduction de tableaux peints à la Frette sur Seine.

La marche continue en montant pour arriver à l’église d’Herblay (XII° siècle) avec vue sur Seine. Superbe. La pluie tombe. Je me réfugie dans l’église Saint Martin pour mettre le pantalon de pluie. Quand je sors de l’église, Saint Martin a fait son office. Il ne pleut plus mais je garde le pantalon de pluie tout de même.

Ensuite, descente tranquille jusqu’à la Seine et Conflans Sainte Honorine, confluence de la Seine et de l’Oise, capitale française de la batellerie, commune longtemps dirigée par Michel Rocard (PS). Le 78 était le numéro de la Seine et Oise, département divisé en 1964 entre Yvelines (78), Essonne (91) et Val d’Oise (95). Comme Conflans Sainte Honorine se trouve dans les Yvelines au confluent de la Seine et de l’Oise, ce sont les Yvelines qui ont hérité du 78 de la Seine et Oise. 

A l’Est de l’Ile de France, la Seine et Marne est le seul département de la région qui n’a pas bougé depuis la Convention. Elle porte toujours le numéro 77.  J’ai trouvé en chemin des panneaux Communauté de communes Grand Paris Seine et Oise. Comme quoi, l’expression n’est pas oubliée.

Très jolie ville étalée le long de la Seine. Chapelle des bateliers dans une péniche. Charmante. Ensuite je dois comprendre quel pont prendre pour arriver à Andrésy. Je finis par trouver après le confluent de la Seine et de l’Oise. Beau point de vue et monument aux morts de la batellerie. Et une stèle en hommage au président de la République René Coty et à son épouse, amis de la batellerie.

A Andrésy, pique-nique au soleil en bord de Seine sur une table en béton. Superbe villa River Cotage. Avec un pavillon chinois 1900 qui viendrait de l’exposition, universelle de Paris.

D’Andrésy à Chanteloup les vignes, ça y monte avec un sentier mal signalé à travers champs. Puis ça y descend jusqu’à l’église du XVIe siècle. Nouvelle pause et cierge rituel pour le repos des âmes de mon père et mon frère préférés avec qui j’ai longtemps marché sur les montagnes de Haute-Savoie. Ensuite le sentier remonte et, quand je crois le perdre, un promeneur me l’explique.  Effectivement, je retrouve la balise 200m plus loin. Montée en sous-bois.

Je débouche sur le hameau de Pissefontaine avec une décharge de ferraille des deux côtés du sentier mais une magnifique vue sur la vallée de la Seine. Je descends ensuite jusqu’à la gare de Triel sur Seine. Pas de café mais une agence immobilière où j’obtiens des indications sur la route à suivre pour trouver mon appartement. Je suis le chemin et demande à un garagiste qui me dit de suivre la direction de Carrières sous Poissy pour trouver l’avenue de Poissy. Mon appartement est au 25bis.

Je vois même une plaque de dentiste : cabinet transféré 700m plus loin avenue de Poissy. Je suis le trottoir et trouve un libraire marchand de journaux où j’achète un stylo bille pour écrire ce carnet de bord. Le vendeur m’explique que la route pour Carrières sous Poissy, c’est dans l’autre sens. Demi-tour et je trouve le panneau de direction Carrières sous Poissy. Je suis la rue Paul Doumer. Au bout un magasin bio où j’achète des pommes moches et pas cher (1, 21€ pour 4 pommes. Délicieuses). La vendeuse m’explique que l’avenue de Poissy se trouve juste après sur le même trottoir.

Je trouve le 25bis, fais les codes, ouvre les portes mais ne sais dans quel appartement entrer. J’appelle le propriétaire qui me répond et m’explique. Son épouse passe me voir et m’explique comment fonctionne la machine à laver. Pas de sèche-linge mais un séchoir. Après 3 jours de marche, j’ai grand besoin de faire une lessive. Belle douche à l’italienne mais trop chaude. Impossible de régler la température. Mais le shampooing est fourni. 1er shampooing depuis le départ.

Pas de restaurant à moins d’1km à pied. Marche ou livraison ? J’opte pour la livraison d’une grande pizza 4 saisons. Elle arrive à 20h30, à peine chaude mais me nourrit. Bonne nuit malgré le bruit de la climatisation que je n’arrive pas à arrêter.

Balise du GR2 sur une péniche à Conflans Sainte Honorine

Balise du GR2 sur une péniche à Conflans Sainte Honorine

Confluence de la Seine et de l'Oise à Conflans Sainte Honorine

Confluence de la Seine et de l'Oise à Conflans Sainte Honorine

Mercredi 15 mars : Triel sur Seine (78) – Meulan en Yvelines (78)

Départ à 8h. Arrivée à 13h. Etape facile.

Hôtel du Fort à Meulan en Yvelines.

Mon linge est sec. Je peux mettre des vêtements propres avant de partir. Très appréciable. Pas grand-chose pour le petit déjeuner. Je bois le jus d’orange et mets la madeleine dans le sac. Je prends la route en revenant sur mes pas de la veille, achète pain et pain aux raisins à la boulangerie, le Canard enchaîné chez le marchand de journaux libraire où j’ai acheté la veille le stylo bille qui écrit ce carnet de route. Il me confirme que je vais bien dans la direction de Vaux sur Seine. Je suis la route et trouve la flèche du GR2 juste avant une nouvelle église Saint Martin. Gothique imposant. La rue Galande passe sous le choeur. J'y passe avec le GR2.

Montée jusqu’à un chemin en balcon au-dessus de la Seine. Belle vue. Descente tranquille jusqu’à Vaux sur Seine. Ensuite remontée par un chemin en sous-bois jusqu’à Evecquemont. Très joli village du Vexin français (Parc naturel régional d’Ile de France à cheval sur les Yvelines et le Val d’Oise). Belle église gothique qui relevait de l’abbaye de Fécamp. Je suis bien en marche vers la Normandie. L’église est fermée mais la mairie est en face, avec un banc collé au mur. Une fontaine me permet de laver, mains, bâtons et chaussures. Pause fruits secs sur le banc au soleil.

Sentier à la sortie du village. Pas évident mais je trouve. Chemin à travers champs qui débouche sur une route. Sur la route, un panneau indique : ancienne route de Meulan. Avec un marquage GR Gare. C’est justement à Meulan que je vais. Je suis la gare et la route. Pause déjeuner sur un banc en bord de route. Arrivée à Meulan à 13h. Je trouve l’hôtel du Fort, près de la Seine, en suivant les conseils d’une pharmacienne.

L’hôtel est en face de l’hôpital et fermé entre 12h et 14h. Je vais boire un soda noir américain en terrasse d’un café en lisant le Canard Enchaîné, rituel républicain du mercredi. Je reviens à 14h. Encore fermé. Je repars finir le Canard dans un parc avec vue sur Seine. C’est sur la Seine à Meulan qu’eurent lieu les épreuves de voile des Jeux olympiques de Paris 1900 et 1924. Je reviens à 14h30. Toujours fermé. J’appelle. Une dame charmante me répond que ça ouvre à 15h. Elle me donne le digicode. J’entre et elle arrive me donner la clef. Douche à peine chaude. La malédiction de la douche se poursuit.

Dîner à l’Inattendu, restaurant de cuisine de marché à Meulan. Pas de menu. Peu de choix. Une carte qui dépend du marché. Que du frais et du bon. Ravioles d’asperges et écrevisses avec sauce aux asperges. Tiramisu avec café espresso à verser dessus. ½ Vittel. 27,50€. Excellent rapport qualité prix. Hautement recommandable même si les ravioles avaient refroidi dans la grande et belle assiette en poterie. J’ai conseillé au serveur d’acheter un chauffe assiettes.

Balise du GR2

Balise du GR2

Jeudi 16 mars : Meulan en Yvelines (78) - Mantes la Jolie (78)

Hôtel du Val de Seine à Mantes la Jolie.

Départ à 8h. Arrivée à 16h. Comme la veille, pas de pluie. Un peu de vent. Alternance soleil et nuages. Pas trop perdu en chemin.

Départ de mon hôtel jusqu’à la gare de Meulan-Hardricourt où je retrouve le GR. Belle église en chemin. Ca y monte. En ville puis sur le chemin. A la croisée des Closeaux, croisement du GR2 (Paris- Le Havre) et du GR22 (Paris – Le Mont Saint Michel). Naïf, je prends le GR2 et arrive devant la mairie d’Oinville sur Montcient. En lisant le topoguide, je comprends mon erreur et reviens à la Croisée des Closeaux. Là je retrouve le GR22 qui se transforme plus loin en GR2. Va comprendre. En longeant un bois (balisage peu présent), j’arrive au village de Fontenay Saint Père à 13h. Là, c’est mort. Pas une boutique. Pas de boulangerie. J’aurais dû acheter du pain au départ de Meulan.

Dans ce genre de commune de la Grande Couronne de Paris (Val d’Oise, Yvelines), je vois, à l’entrée de la commune, un grand panneau routier qui indique : ici la région Ile de France aide votre commune. Je l’avais déjà remarqué dans la Brie, en Seine et Marne, lors de ma marche d’octobre dernier sur le sentier des Ardennes (ex GR14).

Valérie Pécresse, présidente du conseil régional d’Ile de France, ex députée des Yvelines, est une élue de cette Ile de France rurale à plus de 50km de Paris. Elle craint que ces communes, bases de son électorat, ne basculent plus à droite. Alors elle les bichonne et elle le montre par ces panneaux routiers.

J’ai vu le même phénomène en Auvergne Rhône Alpes avec Laurent Wauquiez, président du conseil régional, ex député de la Haute Loire, surnommé localement " le Seigneur des panneaux ". D’où les mêmes panneaux à l’entrée des communes rurales, éloignées de Lyon : ici la région Auvergne Rhône Alpes aide votre commune. Même peur électorale, même politique.

Ces panneaux ne se voient pas en Seine Saint Denis ou dans le Rhône je parie. J’espère que cette politique de marqueurs visibles est étudiée par des politistes. Belle église à base romane par ailleurs.

De Fontenay Saint Père, chemin jusqu’à un carrefour avec le GR11 (voie pour Saint jacques de Compostelle avec coquille Saint Jacques dessinée). Bien balisé jusqu’à une descente tout droit sur Mantes la Jolie, sous-préfecture des Yvelines. La collégiale Notre Dame est un modèle réduit de Notre Dame de Paris. Une merveille gothique.

J’appelle 3 fois l’hôtel pour me faire expliquer et je finis par trouver, en bord de Seine, pas loin de l’Intermarché où je fais le plein de fruits secs (figues, raisins) ayant fini ceux que j’avais acheté à Paris . Restaurant facile à trouver. Le planet wok, buffet chinois géant à 200m de mon hôtel. 3 assiettes de salé, 1 assiette de sucré, 1 soda noir américain. Moins de 20€. Pas malade.

 

 

Collégiale Notre Dame de Mantes la Jolie

Collégiale Notre Dame de Mantes la Jolie

Vendredi 17 mars : Mantes la Jolie (78) – La Roche Guyon (95)

Départ à 8h. Arrivée à 15h30. Pas de difficulté.

Gîte de l'Ecu à La Roche Guyon.

 

Je reprends le même chemin que la veille, dans l’autre sens en montant, pour retrouver le carrefour GR2 (sentier de la Seine) & GR11 (chemin de Compostelle). Après un chemin en forêt, arrivée à Follainville. Jolie église vue de loin.

Ensuite, nouveau chemin en sous-bois pour arriver au village de Saint Martin la Garenne. Eglise à clocher roman qui dépendait d’une abbaye normande. Pause fruits secs sur un banc de pierre. La météo a annoncé de la pluie et du vent. J’ai donc mis le pantalon de pluie. Le talisman fonctionne. Soleil et vent toute la journée. Pas une goutte de pluie durant la marche. Descente le long des champs jusqu’à Vetheuil. Vue panoramique sur la Seine. Magnifique. Beau village avec une église du XIIe siècle.

Le sentier remonte pour longer un terrain d’aviation. J’ai vu voler un planeur. Je suis dans une réserve naturelle nationale, les Coteaux de la Seine, au sein du Parc naturel régional du Vexin français (78 communes du Val d’Oise + 20 communes des Yvelines). Nombreux panneaux du ministère de l’Environnement. Je suis dans la Réserve naturelle nationale des côteaux de la Seine.

 Je passe des Yvelines au Val d’Oise. C’est signalé sur un arbre, de chaque côté. Pas loin d’une grotte de dévotion populaire : croix de bois tressées et statuettes. Kitsch mais touchant. Je n’y touche pas évidemment.

Ensuite, le GR2 est vaguement barré avec un arrêté du maire de Haute-Isle qui interdit le passage pour je ne sais quels risques non précisés. Je contourne la barrière et poursuit mon chemin à flanc de coteau en voyant au loin le donjon de la Roche Guyon, poste frontière entre le Royaume de France et le Duché de Normandie. Site d’importance stratégique jusqu’il y a peu puisque le Maréchal Rommel y installa son QG de l’Ouest en 1944. En sortant du GR pour déboucher dans le village, je croise 3 randonneurs qui m’expliquent qu’eux aussi ont vu l’obstacle et l’ont contourné.

Explication : un bloc de roche de plusieurs tonnes s’est détaché de la falaise et a fini sa course sans dommage à quelques mètres de la route et de la mairie de Haute Isle. Par peur de voir sa responsabilité engagée, M. le maire interdit de passer sur le GR2. Comparé aux pierriers du Mercantour dans les Alpes Maritimes, le sentier est facile. Pas large mais pas d’à pic.

J’arrive à la Roche Guyon et trouve mon gîte à deux pas du château. Je ne comprends rien aux instructions pour récupérer la clef. J’appelle la propriétaire. Elle est charmante mais je ne comprends rien à ses explications. Il est 16h. La fille de la propriétaire arrive avec une amie, ouvre la boite à clef et m’explique le système.

2e blague : coupure d’eau dans le village suite à une fuite. Pas d’eau avant 19h30. Pas de douche. Les deux jeunes femmes jouent de la musique. Elles répètent pour un concert au château. De l’électro ambiante répétitive. Pas fort mais pas mon truc du tout. Je sors déguster en terrasse une glace maison framboise & passion à la boulangerie du coin. Délicieux. Je rentre au gite de l’Ecu puis en sors chassé par la musique. Verre en terrasse à l’hôtel de la Seine que je n’avais pas repéré sur Internet. J’admire le passage des péniches.

La Roche Guyon est la seule commune d'Ile de France membre de l'association des plus beaux villages de France. Ce n'est pas volé.

En bord de Seine, reproductions de tableaux peints à la Roche Guyon : Pissarro, Renoir, Braque. J’ai repéré la pizzeria et la crêperie. Pizza plutôt pour rattraper celle de Triel sur Seine. L’épicier arabe du village, Ahmed, sort d’Amélie Poulain. Chauve, petites lunettes, adorable avec ses clientes capricieuses (les mamies du coin). Il vend de belles cartes postales. 2€ pièce mais elles les valent. Je lui en achète 10. Il m’en offre une et une bouteille d’Evian pour compenser la coupure d’eau. Adorable. 

Le gîte de l’Ecu est une vraie maison de femmes. Belle maison bourgeoise de 1870 sur 3 étages. 1er étage : galerie salon de thé. 2e étage : gîte payant. 3e étage : famille. Des livres et des jeux de société. Pas de TV. Vue sur la fontaine et le jardin potager-fruitier du Duc de la Rochefoucauld.

Pizza Maradona à la Casa Victoria. Vraie pizza napolitaine avec tomates, anchois, olives noires, câpres. Délicieuse. Coupe glace citron et limoncello pour finir. Il pleut mais je ne suis plus en marche.

Aujourd’hui en débouchant d’un bois sur un carrefour routier avec un jumping (Yvelines obligent. 3 jolies filles SDF - Sans Domicile Fiscal et Sans Difficulté Financière - font courir et sauter leurs chevaux sous les ordres d’un entraîneur), un chien est venu me voir. Un gros chien noir à poils courts avec une belle mâchoire mais gentil tout plein. Il voulait jouer à la balle. Je tire dedans au pied. Il l’attrape, me la ramène dans sa gueule, la pose à mes pieds pour que je recommence. Je joue quelques minutes puis je lui dis que je dois arrêter pour poursuivre mon chemin. Il a compris et est rentré chez lui en emmenant sa balle dans sa gueule. Ca change de tous ces chiens agressifs qui aboient après les randonneurs.

Châteaux de la Roche Guyon

Châteaux de la Roche Guyon

Samedi 18 mars : la Roche Guyon (95) – Vernon (27) – Paris (75)

Départ à 8h30. Arrivée à 13h30 à Vernon.

 

Confitures bio de framboise, beurre demi sel et lait au frigo. J’achète pain et pain aux raisins à la boulangerie. Je ne comprends toujours rien au système de la boite à clefs et laisse les clefs dans la boite aux lettres.  En prévenant Nadia, la propriétaire. Avant cela, j’avais fermé à clef la porte de mon gîte en sortant à la boulangerie. Grave erreur. Impossible d’ouvrir en revenant. Je réveille la fille de la propriétaire au 3e étage, laisse un SMS à la propriétaire et finit par réussir à ouvrir. Je n’ai pas fermé à clef en partant, seulement la porte du gîte donnant sur la rue.

De La Roche Guyon, après un bref passage sur la route en longeant des habitats troglodytes toujours occupés (garage, café), je prends un sentier qui monte jusqu’à un croisement de route. Point de vue panoramique sur les collines du Vexin.

Après Gommecourt, je passe la vallée de l’Epte et entre dans l’Eure, en Normandie, à Sainte Geneviève les Gasny. Aucun panneau indicateur mais c’est écrit Eure dans l’abri bus.

Ensuite ça y monte dans le bois, débouche sur un plateau pour descendre sur Giverny, village mondialement connu grâce à Claude Monet.  Pas vu le musée. A un embranchement, en plein bois, aucune indication. Je pensais suivre le sentier à flanc de coteau. C’était le bon m’a confirmé un promeneur.

Je reprends un sentier qui monte sur les coteaux de la Seine en plein bois. Je vois en bas la Seine et Vernon. Sur la gauche un sentier descend raide vers la Seine. Pas de marquage mais c’est le bon sentier. La terre est boueuse, glissante et la pente raide. Je chois sur le Q. Sans dommage. Arrivé en bas, je retrouve la balise du GR2 et un chemin goudronné le long de la Seine qui mène au pont de Vernon.

Je m’arrête à une table avec poubelle pour un dernier pique-nique en bord de Seine. Il me reste du pain, une pomme, des fruits secs, et la fin d’un saucisson fumé de montagne de l’Ecole nationale des industries du lait et des viandes de La Roche sur Foron (74) acheté à Paris au ministère de l’Agriculture. Un beau chien husky tire désespérément sur sa laisse pour atteindre le saucisson. Il n’y arrivera pas car sa maîtresse résiste à l’autre bout de la laisse.

Je passe le pont de Vernon, prends une dernière photo de la Seine et arrive chez un marchand de journaux où j’achète les dernières cartes postales. Il m’explique où trouver la rue Saint Jacques. Je trouve la rue Saint Jacques et j’y trouve la Fromagerie, maison fondée en 1958. Les avis des internautes ne sont pas usurpés. Maison sérieuse où j’achète du fromage du cru au lait cru : camembert, livarot, neufchâtel pour les classiques, crémeux du Mont Saint Michel et chèvre en écrou de la Manche pour les moins connus.

Je me fais indiquer le chemin de la gare et m’arrête à une brasserie avant la Poste. En regardant le tournoi des 6 Nations (Ecosse-Italie. Victoire des Ecossais avec des Italiens vaillants mais toujours aussi maladroits) je savoure un émincé de volaille du pays d’Auge crémeux à souhait et un dessert à l’ananas, avec de la crème encore. Je suis bien en Normandie. Ensuite je trouve la gare grâce à une mamie qui m’indique le chemin. Je prends mon billet de train NOMAD pour Paris Saint Lazare. Le train circule. Départ à 16h50. Arrivée à 17h50 et non pas 17h58 comme indiqué sur l’horaire. Métro jusqu’à chez moi. En sortant je trouve les poubelles étalées partout dehors comme je l’ai vu à la télévision cette semaine. Douche puis 2 lessives. Pas de dîner. Endormi à 21h. Seine fatigue. Prêt à repartir dans un mois en Normandie de Vernon à Rouen.

En chemin, j'ai envoyé chaque jour des photos des bâtons en situation à P.E qui me les avait prêtés. Il transmettait les photos à la Texane qui avait écrit dessus TEXAS. Quelques jours plus tard, à Paris, j'ai rendu ses bâtons de marche à P-E. Depuis je me suis acheté d'autres bâtons plus chers mais plus fiables.

Le récit de ce chemin de la Seine se poursuit de Vernon à Rouen, en Normandie.

 

Les photographies de cet article sont l'oeuvre de Guillaume Lagrée. Toute utilisation de ces oeuvres sans l'autorisation de leur auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Seine de Vernon

Seine de Vernon

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