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A pied de Paris à Rome: introduction au voyage

18 Mai 2023 , Rédigé par Guillaume Lagrée

" Le bonheur est au bout du pré. Il suffit de pousser la barrière. " (Alexandre Vialatte)

" Le soleil n'est jamais si beau qu'un matin où l'on se met en route " (Jean Giono)

Ne tirez pas sauf des photographies.

Ne laissez pas de traces sauf des empreintes. Cf vidéo sous cet article.

Lectrices exploratrices, lecteurs voyageurs, je tiens un blog sur le Jazz dénommé Le jars jase jazz depuis 2009.

C'est une passion d'intérieur à part quelques concerts en plein air.

Ma passion d'extérieur, c'est la marche à pied.

Personne n'a trouvé plus lent comme moyen de voyager. C'est l'avantage principal de cet exercice dans une époque folle de vitesse. 

Les vertus de la marche pour la santé physique et mentale ne sont plus à démontrer. Socrate, Platon, Aristote, Jésus de Nazareth enseignaient en marchant. Jean Jacques Rousseau et Victor Hugo marchaient avant d'écrire. 

La marche à pied est un des rares sports avec le cyclisme, la natation et le taï chi, cher à une amie fidèle lectrice de ce blog, à se pratiquer sans choc aux articulations. Ce qui le recommande pour tout âge, sexe et poids. Evidemment, en montée, le surpoids se paie par un effort cardiaque et respiratoire supplémentaire et en descente par une pression supérieure sur les jambes. Je l'ai ressenti personnellement.

De plus, c'est économique, si vous évitez les palaces en route pour vous loger et écologique, si vous ne jetez pas vos déchets non biodégradables dans la Nature et prenez les transports collectifs pour arriver au point de départ et revenir du point d'arrivée à votre domicile adoré.

En outre, la marche constitue un excellent filtre à khon (danse traditionnelle de Thaïlande). L'effort physique va de pair avec un effort mental. Je n'ai jamais rencontré de khon parmi les marcheurs. J'ai pu passer pour un khon aux yeux de certains mais, comme je ne m'en suis pas aperçu, en bon khon, je n'en ai pas souffert.

Enfin, je n'ai jamais reçu un si bon accueil comme touriste qu'en arrivant à pied. Prendre le temps d'arriver quelque part, de découvrir les paysages et les gens en chemin est récompensé. 

Le seul ennemi du marcheur, c'est le chien. J'ai croisé en chemin des vaches, des moutons, des chats, des cygnes, des canards, des cochons, des chevaux, des lamas (dans le Mercantour) et des chiens. Le seul animal capable de vous hurler dessus, de vous montrer les crocs et de vous chasser d'une route, c'est le chien. S'éloigner doucement reste la meilleure solution.

Chemin faisant comme disait Jacques Lacarrière, j'ai pris des notes et des photographies. 

Sur des chemins parcourus seul. J'en ai fait d'autres accompagnés.

Etant solidement agnostique, je n'ai pas une âme de pèlerin. Pourtant, je me suis dit un jour que je devais faire un long voyage avec un objectif mirifique, en partant de ma ville d'adoption, Paris.

Le chemin de Compostelle ne m'intéressant pas, m'est venu à l'idée d'aller de Paris à Rome. C'est à Rome que la France doit sa langue, son droit, son armée, son calendrier, sa religion principale et ses routes. Ainsi que la fourchette.

De plus, je parle italien. J'en ai même traduit. Notamment, deux article dans le Traité international de droit constitutionnel des professeurs Michel Troper & Dominique Chagnollaud (Paris, Dalloz, 2012). Et mon père, Michel Lagrée (1946-2001), qui m'a donné le goût de la marche à pied, était historien spécialiste de l'Eglise catholique, apostolique et romaine. Il était même Chevalier de l'ordre de Saint Grégoire le Grand, la plus haute distinction que le Pape, Souverain Pontife (le même titre que l'Empereur romain) puisse remettre à un laïc.

Par étapes, car je n'ai ni le temps ni l'argent pour le faire d'une traite. En prenant il cavallo di San Francesco comme disent les Italiens car Saint François d'Assise était un grand marcheur.

Je suis donc allé dans la boutique de cartes du Vieux campeur à Paris et j'ai regardé la carte de France des GR (sentiers de grande randonnée).

Pour aller à pied vers le Sud Est depuis Paris, il existe un chemin, le GR2, sentier de la Seine, qui va de Dijon au Havre en passant par Paris et Rouen. Je l'ai pris dans le sens Nord-Sud donc à contre-courant du fleuve. 

La suite je l'ai trouvé plus tard.

En résumé, de Paris à Dijon par le GR2. De Dijon à Dole par la N5 (pas le choix. Aucun chemin commode entre ces 2 villes). De Dole (F) à Nyon (CH) par l'Echappée jurassienne. De Nyon (CH) à Lausanne (CH) par la piste cyclable le long du lac Léman. De Lausanne (CH) à Rome (I) par la Via Francigena

Commençons par le commencement: l'Ile de France en remontant la Seine de Paris (75) à Montereau fault sur Yonne (77).

Il existe plus d'un chemin pour parcourir une vie. C'est pourquoi ce blog traite aussi d'autres chemins accessoires par rapport au principal, de Paris à Rome.

 

 

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De Paris à la Belgique. A la recherche du sentier des Ardennes. Ière partie: de Paris à Coulommiers, en Brie

29 Décembre 2023 , Rédigé par Guillaume Lagrée

Bords de Marne à Créteil

Bords de Marne à Créteil

 

De Paris à la Belgique

GR14.  Sentier des Ardennes.

Première Partie

Paris (75) – Coulommiers (77)

En remontant la Marne en Ile de France

5 jours de marche

Lundi 17 – Vendredi 21 octobre 2022

 

Lundi 17 octobre 2022 : Paris (75) – Sucy en Brie (94)

Hôtel Ibis Budget de Sucy en Brie.

Départ à 9h. Arrivée à 15h30. Marche sous une pluie fine toute la journée.

Pour la première fois, je pars en randonnée à pied depuis chez moi. Passage par le bois de Vincennes où je dois trouver le GR14 chemin des Ardennes qui suit les chemins de l'armée allemande en 1870, 1914 & 1940 (Brie, Champagne, Meuse, Ardennes) et le GR2, sentier de la Seine, que j’avais pris en direction de Dijon au début de ma marche de Paris pour Rome en mars 2019.

Le GR14 existe sur les cartes tant papier qu'en ligne mais, sur le terrain, pour de vrai,  il n'existe plus. Il a été supprimé d'un commun accord entre les comités régionaux Ile de France, Hauts de France et Grand Est de la Fédération française de randonnée pédestre.

Ce que je décris ci-dessous comme le GR14 est en fait une succession de PR (sentiers de petite randonnée). J'ai compris la disparition du GR14, qui est pourtant un sentier historique majeur (batailles des Ardennes, de Meuse, de Champagne et de Brie) en interrogeant le président du comité régional Ile de France de la FFRP. Il m'a avoué avoir pris l'initiative de supprimer ce sentier. Sans me demander mon avis. Evidemment. Qui paie commande.

Justement, " Le pays où l'on n'arrive jamais " se trouve quelque part sur ce chemin disparu, entre Meuse et Ardennes. Raison de plus pour le chercher.

Comme le chante Michel Berger " Il fait beau, je sors, je trouverai le bon chemin et je me sens mieux dehors. Pour vivre. " Cf extrait audio au dessus et vidéo en dessous de cet article.

Dans le bois de Vincennes, je traverse l’Arboretum de Paris. Là, divine surprise. Un ténor d’opéra chante de l’opéra italien en marchant. Je lui demande s’il est amateur ou professionnel. A votre avis, me demande t-il ? Je ne sais pas. Professionnel me répond t-il. J’aurais dû m’en douter ouï son chant mais, après tout, Luciano Pavarotti et Roberto Alagna ont commencé en amateurs. Je ne lui ai pas dit que je suis aussi critique musical et animateur radio et je poursuis mon chemin.

Juste après l’Arboretum, je croise 3 prostituées africaines qui sortent d’un sentier café à la main. Les prostituées ont droit à leur pause-café. J’ai aussi trouvé une culotte noire traînant par terre mais je ne l’ai pas mise dans mon sac comme souvenir.

Je descends à Saint Maurice suivre la Marne pour m’apercevoir que je reconnais le paysage. C’est celui du GR2  sentier de la Seine que j’ai commencé en mars 2019 dans la direction de Dijon pour aller vers Rome.

Demi-tour. Maisons-Alfort et Créteil par les bords de Marne. C’est très bourgeois. Villas avec jardins et bateaux. Je ne suis pas sur le GR14 mais sur le GR15, vallée de la Marne, voire sur le GR2. Première trace des guerres avec la statue à Créteil du général Jules Marie Ladreit de Lacharrière mort au combat en décembre 1870. Cet aristocrate ardéchois est l'ancêtre du milliardaire français Marc Ladreit de Lacharrière (1940)

Je déclenche le GPS pour trouver mon hôtel à Sucy en Brie. Ibis Budget. J’arrive trempé mais équipé ce qui a beaucoup impressionné les 2 quadragénaires maghrébins de la réception. Employé et patron très sympathiques tous les deux. Ils m’indiquent qu’en venant de leur part j’aurai 20% de moins à la pizzeria dell’Arte située à 100m en face de l’hôtel.

J’ai oublié de l'indiquer mais à 26,50€ pour les linguine à la carbonara, le baba à l’amaretto, la bouteille de soda noir américain et la ½ bouteille d'acqua frizzante, ça reste très raisonnable. Bien dormi avec la fenêtre ouverte pour que les vêtements sèchent. Pas réussi à allumer la TV et les lampes de chevet au-dessus du lit ne fonctionnaient pas. Rien de grave. Jusqu’à minuit, venant de dehors, j’entendais des musiques de western spaghetti. Un fan d’Ennio Morricone apparemment.

Incidents du jour :

Un des 2 bâtons italiens qui me furent si utiles dans le Jura au printemps et à l’été 2022 refuse de fonctionner. Je pars avec un seul bâton. En ouvrant le sac, je découvre que j’ai perdu mon couteau, un Laguiole gravé et acheté à Langogne en Lozère (Occitanie, France), lors d'une précédente randonnée. Très bel objet. Il m’en faudra un autre

Bonnes surprises du jour :

  • La rencontre avec un ténor dans le bois de Vincennes
  • Les bords de Marne avec les arbres et les péniches, même sous la pluie, c’est toujours magique
  • La pizzeria en face de l’hôtel. Pratique et pas cher
  • Je n’ai pas pris de livre. A Créteil, je trouve une première boite à livres sur les bords de Marne. Rien d’intéressant. 2e boite à livres en centre-ville. Je tombe sur « La Vouivre » de Marcel Aymé, conte jurassien pour adultes. Je l’ai lu dans la bibliothèque de ma grand-mère en Haute-Savoie. Evidemment, je le prends. J’ai traversé le Jura à pied cette année de Dole (F) à Nyon (CH) et je viens de repartir à pied.
Haras de Beaulieu à Lesigny

Haras de Beaulieu à Lesigny

Mardi 18 octobre : Sucy en Brie (94) – Ozoir la Ferrière (77)

Studio à Ozoir la Ferrière

Restaurant le Sud du Maroc à Ozoir la Ferrière

Deux bonnes nouvelles pour commencer la journée :

  • Il ne pleut plus
  • J’ai retrouvé mon couteau de Lozère bien caché dans mon sac à dos

Démarrage en douceur. Lever à 7h30. Petit déjeuner convenable avec pain et viennoiseries frais. Il s’agir maintenant de trouver le GR14. J’ai repéré qu’il passe au Nord de Sucy en Brie, dans le parc départemental du Morbras.

Je repère une balise jaune et rouge mais celui des GR est blanc et rouge (le drapeau de la Pologne) depuis 1947. A l’entrée du parc, je trouve la maison des ouvriers d’entretien et leur demande mon chemin. Un ouvrier m’explique que le GR14 n’est plus marqué en blanc et rouge mais en jaune et rouge.

Pourquoi ? Il l’ignore. Il me prévient qu’il n’y a pas de point d’eau en route mais que je peux me ravitailler dans ce parc ou au parc départemental des Marmousets le long du chemin.

En fait, dans le parc du Morbras, j’ai vu 3 points d’eau. Les 3 avec le signal et l’écrit « Eau non potable ». Heureusement, je suis au départ et ma gourde est pleine. Quant au parc des Marmousets, je ne l’ai pas vu en chemin.

Au hameau de Noiseau, je perds le GR. Je remonte un PR jusqu’à Ormesson sur Marne (le château de famille des d’Ormesson : Wladimir, Jean …Vaut la visite). Une dame qui promène son chien m’explique mon erreur. ½ tour.

Après Noiseau, j’arrive à un plan de ville. Devant, un ouvrier taille des arbustes à la serpette. Il compatit et m’explique mon chemin. J’arrive à la route pour la Queue en Brie. Ca me rapproche d’Ozoir la Ferrière mais avec de la route seulement. Bof. Je prends la route dans l'autre sens et j’arrive à l’entrée de la forêt domaniale Notre-Dame entre Val de Marne et Seine et Marne.

C’est beau, calme, avec de grandes allées cavalières. En demandant mon chemin aux promeneurs et en regardant les panneaux, je trouve la Route Royale qui file tout droit en forêt jusqu’à Ozoir la Ferrière.

Au sortir de la forêt, le pavillon des Friches, ancien pavillon de chasse Belle Epoque, tenu par l’Office national des forêts. Je prends la route des friches à droite. Je me mets en forêt pour le pique-nique et regarde la carte. Ce n’est pas bon. Je reviens au pavillon des friches et reprends la route des friches à gauche. Ce n’est pas bon.

Je longe la N104, Francilienne, vois le panneau de sortie routier pour Ozoir la Ferrière mais, à pied, il serait suicidaire de traverser. Je reviens vers le pavillon des friches et, au lieu de regarder la carte, je regarde le territoire pour écrire comme Michel Houellbecq.

Là, je vois une passerelle pour piétons qui passe au-dessus de la N104. Je gravis la pente directement, retrouve la marque du PR jaune et rouge et la passerelle qui me permet de passer au-dessus de la N104 sans aucun danger. Il y a même des grilles hautes pour éviter les suicides.  Si des êtres humains peuvent utiliser cette passerelle pour passer sans danger au dessus de la N104, d'autres mammifères terrestres le peuvent aussi (renards, biches, cerfs, sangliers...). Si des chercheurs placent une caméra cachée sur cette passerelle pour observer les espèces animales qui l'utilisent, je suis curieux de connaître les résultats de leurs travaux.

Je suis le PR et demande mon chemin à des cyclistes pour vérifier. Je suis bien sur la Route Royale en direction d’Ozoir la Ferrière. J’ai même demandé mon chemin à une cavalière. Une belle brune quadragénaire montée sur un superbe cheval noir avec des protèges tibias (le cheval pas la cavalière qui a ses bottes et sa bombe). Je sors de la forêt, arrive à un manège où une jeune cavalière s’exerce au saut d’obstacles sous les conseils d’un vieux Maître. En face, le haras de Beaulieu. Je suis bien en Brie, en Seine et Marne, dans la campagne d’Ile de France.

Le sentier passe ensuite au milieu du golf d’Ozoir la Ferrière. Je ramasse des balles et les jette côté golf. Il y a du monde. Que des hommes et pas tous retraités. En voiture malgré la pénurie d’essence due aux grèves. La fin de l’abondance et de l’insouciance n’est pas pour les golfeurs.

Au sortir du golf, le balisage GR suit une petite route qui me permet d’accéder à Ozoir la Ferrière sans risquer ma vie sur la N104. A l’arrivée, enterrement à l’église du village. Je repère deux restaurants français et un marocain. J’irai au marocain. J’arrive dans un studio où j’entre sans clef, avec digicode. Bien équipé avec un lit immense et des victuailles en cuisine.

Aujourd’hui, beau parcours en forêt encore toute humide des pluies de la veille mais par un temps doux, sec, avec de beaux rayons de soleil.

Dîner au Sud du Maroc. C’est le nom du restaurant. Délicieux tajine agneau figues avec une semoule fine et une sauce épicée sans exagération. Salade d’oranges rafraîchissante. Soda noir américain pour la recharge en sucres et sels minéraux. ½ bouteille d'eau pétillante. Thé à la menthe pour finir.

Arrivé à 19h30. Départ à 20h30 alors qu’un groupe de 14 femmes vient d’arriver pour dîner. 50ne-60ne sans mari, enfant, petit- enfant, gendre, bru, amant. Elles piaillent comme des collégiennes. Je suis vite parti.

Route de la Guillaumetterie en forêt de Ferrières

Route de la Guillaumetterie en forêt de Ferrières

Mercredi 19 octobre : Ozoir la Ferrière (77) – Neufmoutiers en Brie (77)

Gîte la Bourbelle à Neufmoutiers en Brie. 

Départ à 9h. Arrivée à 18h. Rien pour le petit déjeuner. J’achète un pain aux raisins et une baguette viennoise au chocolat chez le boulanger, 3 pommes chez le primeur, Le Canard Enchaîné chez le libraire maison de la presse Rouge Papier (immense, très bien fourni en BD, mangas, ouvrages locaux).

Je suis la route pour Roissy en Brie en espérant trouver la marque jaune et rouge du GR14. J’arrive à Roissy en Brie. Je vois écrit Pontcarré où passe le GR. Pas de GR sur place. Il doit être un peu plus au Nord sur la route qui monte vers Ferrières en Brie (ex château Second Empire des Rothschild. Aujourd’hui école hôtelière).

En effet, la route passe au-dessus d’un tunnel. Ce tunnel est réservé aux piétons et j’y vois la marque du GR14. Je passe la barrière et suit le GR par la route de la Guillaumetterie (sic).

La forêt de Ferrières a appartenu aux Rothschild de 1829 à 1976. Depuis elle appartient au conseil régional d’Ile de France. Les allées cavalières et les panneaux directionnels datent des Rothschild.  Je suis la marque puis la perd et me retrouve sur une départementale. Le sentier en face est marqué PR (jaune) pas GR (rouge et jaune).

Je prends la route départementale et me trouve face à l’autoroute A4 (Paris-Strasbourg) et au village de Jossigny. Mauvaise direction.

Je prends une route qui doit être la D88 qui mène à Villeneuve Saint Denis. En vue d’un moulin à vent, je hèle une cycliste qui s’arrête et me confirme la route et la direction. J’arrive à Villeneuve Saint Denis. Rien à y faire. Même pas un café.

Je poursuis jusqu’à Villeneuve le Comte. Joli chemin à travers champ pour arriver au village en quittant la départementale sur la fin. Là, un vrai bourg avec une belle église gothique (architecture née en Ile de France, à Saint Denis), un café en terrasse face à l’église et un panneau indiquant la direction de Neufmoutiers en Brie, mon objectif du jour.

Je tiens le bon bout. Il fait beau, je m’assieds en terrasse, commande un soda noir américain et fait remplir ma gourde. Eau à 3°C. Ne pas la boire tout de suite me prévient la patronne. Elle ajoute que, pour Neufmoutiers, c’est 5km d’une église à l’autre. Tout droit. 1h de marche.

Une fois désaltéré, rechargé en sucres et sels minéraux, je reprends mon chemin. Arrêt à la pharmacie pour m’acheter un bâton à lèvres. Je l’ai oublié à Paris. Le soleil et le vent me dessèchent. La pharmacienne ne connaît pas ma chambre d’hôtes et me souhaite bonne route.

Parti à 16h, j’arrive à 17h à Neufmoutiers en Brie. Par la D96 où je retrouve la marque du GR. Mon gîte est de l’autre côté du village. J’appelle l'hôtesse. Sa voix est charmante. Elle m’explique le chemin et m’indique qu’elle ouvre le portail.

J’arrive au hameau les Lycéens où se trouve un immense lycée, le Centre médical et pédagogique pour adolescents. Cela ressemble à une prison pour enfants avec de hauts murs entre forêt et route. Un lieu idéal pour film d’horreur. Immense bâtiment Second Empire néo Louis XIII en briques.

Je rappelle l'hôtesse qui m’explique que je suis allé trop loin sur la D96. Je dois revenir au CMPA et trouver le panneau La Bourbelle en face de la grille d’entrée du château. En effet, le panneau y est. Je marche en forêt et j’en ai marre. Fatigue. Au moment où je vais maudire mon hôtesse, je vois le portail.

Une merveille. Un beau manoir en briques. La maison du garde-chasse du château agrandie de 2 ailes. Un parc avec des ânes, verger et jardin potager. Je dispose d’une immense chambre avec vue sur le jardin, d’une grande cuisine, d’une salle de bains avec baignoire, de WC séparés de la salle de bains. Plafond haut. Aucune pollution sonore ou visuelle.

J’ai commandé le plateau repas pour randonneurs et c’est ce qu’il me faut : chips et noix de cajou en apéritif, velouté de légumes du jardin, pomme du jardin, jus de pomme de Brie, fondant au chocolat avec, en accompagnement, des cerneaux de noix et des raisins secs. Un délice frais, sain, local, sans viande ni poisson. Je suis repu, reconstitué mais pas lourd.

Eau à peine chaude dans la magnifique baignoire mais je suis propre. Pas possible de faire une lessive. Elle vient de lancer la 4e du jour. Tant pis. L’hôtesse fait dîner ses 3 enfants + 1 de la voisine. Ca piaille mais raisonnablement et pas au-delà de 20h.  Un petit Paradis. En souvenir, je laisse le Canard Enchaîné du jour que j’ai lu au lit ce soir et «  La Vouivre » de Marcel Aymé que j’ai fini la veille.

Sentier en forêt de Crécy la Chapelle

Sentier en forêt de Crécy la Chapelle

Jeudi 20 octobre : Neufmoutiers en Brie (77) – Pommeuse (77)

Départ : 9h15. Arrivée : 16h30.

Chambre et table d'hôtes au château de Pommeuse.

 

Délicieux petit déjeuner avec des produits locaux. Pomme et jus de pomme de Brie. Muffin et crêpes maison. Confiture maison. Thé vert. Verre de lait froid. Discussion très sympathique avec l’hôtesse sur la marche. Elle aimerait aller à Compostelle mais avec 3 enfants dont le dernier a 18 mois, ce n’est pas possible. Je lui explique mes marches. Cela l’impressionne. Je lui achète 2 savons solides au lait d’ânesse. Je recommande vivement le gîte de la Bourbelle à Neufmoutiers en Brie.

Je reprends la D96 dans l’autre sens et retrouve le GR14 à l’autre sortie de Neufmoutiers en Brie. A la sortie de Neufmoutier, une très belle ferme briarde fortifiée avec murs, tours, douves, eau, chevaux. Je croise une école en ballade. Une professeure me dit : « c’est l’avantage de l’école à la campagne ».  

Marche en forêt domaniale de Crécy la Chapelle, ancienne propriété de la Maison d’Orléans. C’est bien balisé mais il y a toujours un risque de confusion entre le GR1, grand tour de l’Ile de France en blanc et rouge et le GR14 en jaune et rouge. Parfois, ils se confondent. Parfois, ils se distinguent. Je suis la marque du GR jusqu’au hameau de Courbon après le village de de Mortcerf.

Là, croix de Saint André à droite et à gauche. Donc ne pas y aller. La marque se trouve sur le sentier d’où je viens. Un sentier par plein champ vaguement vers la forêt d’Hautefeuille mais sans balise ni direction. Après avoir étudié la carte et demandé mon chemin, je renonce au GR et marche le long de la départementale jusqu’à Faremoutiers.

Pause café. Soda noir américain réglementaire et remplissage de gourde. Il ne me reste plus que 2500m de départementale pour arriver à Pommeuse. Fin avec une belle vue dominant le village. Je vois la mairie et l’église mais pas le château, même pas de panneau. J’appelle, le propriétaire me répond et j’arrive tout de suite.

Une immense bergerie ancienne qui ressemble beaucoup à celle de la maison de ma tante F à Sarry dans l'Yonne, en Bourgogne Franche-Comté. D’un seul tenant, avec murs blancs et tuiles. Il y eut un château fort, ruiné par la Guerre de Cent ans. Puis un château Renaissance démonté à la Révolution. Puis cette maison de maître Premier Empire construite sur les soubassements du château. Meublée avec goût. Tenue par un couple d’aristocrates, M et Mme De Langlois. La fleur de lys est visible dès l’entrée.

Des portraits des chefs chouans (Charrette, La Rochejacquelein...) ornent ma chambre. Pièce d’eau avec canards installée dans les anciennes douves. Un mur devant la pelouse monté avec des pierres récupérées dans les fouilles sur le terrain. Baignoire avec jacuzzi mais la douche suffit à mon bonheur.

Dîner somptueux seul dans le salon alors que l’orage tonne dehors. Avec un poêle alsacien au bois qui chauffe. Salade de tomates du jardin, les dernières. Soupe de potiron. Poulet au lait de coco avec riz blanc. Plateau de fromages de Brie avec cerneaux de noix du jardin. Crumble aux pommes avec des framboises fraîches par-dessus.

Je n’ai pas joué au billard américain dans le salon de billard. Très bien dormi dans une chambre fraîche avec une couette chaude. Pas de TV. De toute façon, je n’ai réussi à allumer la TV dans aucune des 3 chambres précédentes. Cela ne m’a pas manqué. Je n'ai plus de télévision chez moi depuis 1993.

Le Grand Morin à Coulommiers

Le Grand Morin à Coulommiers

Vendredi 21 octobre :  Pommeuse (77) – Coulommiers (77) – Paris (75)

Fromagerie Jehan de Brie à Coulommiers.

Petit déjeuner somptueux au salon. Jus de pommes de jardins frais pressé. Thé vert. Beurre salé (la patronne est de Pontivy. Un de ses 5 enfants est notaire à Rennes). Confiture de rhubarbe maison. Compote de pommes maison. Jambon. Fromages ; Salade de fruits maison. Pain frais. Fondant au chocolat. Mousse au chocolat. 250€ tout compris mais ça les vaut. Gîte 5 épis.

Pluie cette nuit. A 8h, il ne pleut plus. A 9h30, il pleuviote. Je mets le kway et couvre le sac. Je ne mets pas de pantalon de pluie. Grave erreur. Le ciel me tombe sur la tête. Pluie forte. Eclairs. Tonnerre. La totale. Je n’ai que 5km à faire en suivant la départementale, ce n’est pas terrifiant comme dans le Mercantour où un orage m’a fait faire demi-tour à La Brigue (06) en 2011 mais je me fais arroser. Mes chaussures finissent en éponges.

Mme De Langlois m’a recommandé le fromager de la place du marché à Coulommiers. Il fournit le Pape quand il vient à Paris. A Coulommiers, la pluie cesse et le soleil revient. Je trouve la place du marché et le fromager Jehan de Brie. Maison prodigieuse. Un Coulommiers entier fermier de la ferme des 30 arpents (Edmond de Rothschild Héritage) pour G & ses parents. Un Fougerous, un Brie au poivre, un chèvre local et un pain d’épices de l’Yonne pour moi. Jehan de Brie (vers 1336 - vers 1380) a écrit le premier traité d'agriculture et de bergerie en langue française. Il était d'ici.

Vu mon état, avec les pieds qui baignent dans les chaussures, je ne reste pas déjeuner. La serveuse m’a indiqué le chemin de la gare. J’y arrive. Il n’y a pas de train mais un bus direct pour Tournan en Brie. A Tournan un train direct pour Paris Est. Puis le métro jusqu’à chez moi. Départ à 12h15 de Coulommiers. Arrivée chez moi à 13h30.

D’abord me doucher, me raser, me sécher, me changer. Puis 2 lessives. Pas de déjeuner vu ce que j’ai avalé le matin. Le soir, j’ai acheté mon dîner chez l’Indien du coin et ne suis pas allé au concert de Becca Stevens au Duc des Lombards. Trop fatigué. C’était bien joli la Brie, même sous la pluie. Le Grand Morin a repris des forces.

Quelque peu découragé en 2022 par la disparition sur le terrain du GR14, sentier des Ardennes, en 2023, j'ai parcouru d'autres sentiers.

Poursuite de mon chemin pour Rome avec le passage des Alpes sur les traces de Napoléon Bonaparte et de l'armée française de Nyon (CH) à Aoste (I).

Poursuite du GR2, sentier de la Seine, de Paris au Havre en passant par Rouen.

En 2024, si les dieux et les muses me le permettent, je poursuivrai mon chemin vers Rome d'Aoste à Pavie et je trouverai le bon chemin vers la Belgique, de Coulommiers (77) à Vitry le François (51), ville créée par François Ier, Roi de France, qui fut fait prisonnier de guerre à Pavie en Italie.

Ferme fortifiée à Neufmoutiers en Brie

Ferme fortifiée à Neufmoutiers en Brie

Les photographies de cet article sont l'oeuvre de Guillaume Lagrée. Toute utilisation de ces oeuvres sans autorisation de leur auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

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De Paris à la Mer le long de la Seine: 3e partie. Rouen - Le Havre

3 Décembre 2023 , Rédigé par Guillaume Lagrée

Plage du Havre

Plage du Havre

GR2 Sentier de la Seine

de Rouen (76) au Havre (76)

La Seine Maritime

 

6 jours de marche

Dimanche 15 – vendredi 20 octobre 2023

Train Nomad Paris Saint Lazare – Rouen Rive droite : 1h08

Train Nomad Le Havre – Paris Saint Lazare : 2h15

 

Après être allé en Normandie de Vernon dans l'Eure à Rouen en Seine Maritime, en avril 2023, après être passé de Nyon en Suisse à Aoste en Italie, franchissant les Alpes, en juillet 2023, me voici de retour en Normandie, en Seine Maritime, en octobre 2023, pour finir le GR2 , sentier de la Seine, par l'embouchure, en mer, en Manche.

Sortie de Rouen

Sortie de Rouen

Dimanche 15 octobre : Paris – Rouen – Saint Pierre de Manneville

Départ de Canteleu : 13h30

Arrivée à Saint Pierre de Manneville : 18h30

Gîte la Folie douce à Saint Pierre de Manneville.

Hier soir, j’ai laissé mon beurrier aux voisins de palier. Je leur laisse souvent ma place de parking. Echange de bons procédés. Eau et électricité coupés en partant. Métro pour la gare Saint Lazare. Train pour Rouen Rive droite. Arrivée à 11h01. Je retrouve tout de suite mon ami C comme à la fin de la 2e partie de cette randonnée, de Vernon à Rouen, devant la cathédrale de Rouen, chère à Claude Monet qui l'a représentée sur 30 tableaux.

Je recommande ses images de voyage, prises par un drone, Carpe Mundi.

C m’emmène en voiture sur les quais de la Seine à la sortie de la ville, là où la Grande Armada de Rouen déploie ses grands voiliers tous les 4 ans. Moins bien cette année 2023 d’après lui qui vit depuis 20 ans à Rouen. Après un risotto et une panacotta (sucres lents et sucres rapides pour randonneurs), C. m’emmène en voiture à la sortie de Rouen, à Canteleu. Arrêt le long de la piste cyclable où je pourrai marcher le long de la Seine jusqu’à Saint Pierre de Manneville, mon objectif du jour.

Etape facile, plate, un peu longue, avec du soleil, du vent et de la fraîcheur. Je renouvelle mon bronzage du visage. Aucune difficulté technique. La Seine est désormais maritime. La marée se manifeste jusqu’à Rouen (mascaret 6h après le Havre). Le cours du fleuve est large, les bateaux marchands sont bien plus gros que les péniches à Paris et les entrepôts énormes. Rouen est le plus gros port céréalier d’Europe m’explique C. C’est d’ici que les céréales de la Beauce et de la Brie prennent le large.

Je croise d’abord la maison de Gustave Flaubert à Croisset. Il n’en reste qu’un vague pavillon. Après sa mort en 1880, sa nièce et héritière vendit les 3ha de terrain en bord de Seine pour payer les dettes de son mari. Tout fut rasé pour bâtir une distillerie industrielle d’alcool. Flaubert en aurait hurlé de rire et en aurait fait un conte drolatique.

Je vois ensuite un couvent troglodyte collé aux falaises de la Seine. En bord de fleuve, la colonne de Napoléon au Val de la Haye date de 1846 et commémore le transfert du cercueil de Napoléon Bonaparte en 1840. C’était le 9 décembre et il faisait -10°C quand le cercueil fut transféré du navire de haute mer au bateau fluvial qui le descendit jusqu’à Paris pour l’enterrer aux Invalides. Tout est expliqué à côté de la colonne bien entretenue.

Série de châteaux du XVIe, XVIIe, XVIIIe siècle avec vue sur Seine en bon état et manifestement habités. Ici, c’est riche. L’argent circule le long de la Seine et cela se voit. « Il existe trois fluides sur Terre : l’eau, l’air et l’argent » (Jacques-Yves dit le commandant Cousteau).

« Paris, Rouen, Le Havre ne sont qu’une ville dont la Seine est l’avenue principale » (Jules Michelet). C’est tellement vrai que le port maritime s’appelle désormais HAROPA (allusion subtile à EUROPA) PORT (HAvreROuenPAris) m’apprend C. tant les trois villes sont interconnectées.

La patronne du gîte s’inquiète de mon sort et me demande plus fois à quelle heure j’arrive. Je finis par l’appeler à 16h30 lors d’une pause sur un banc devant le bac de Sahurs – La Bouille. Automobiles, deux roues et humains peuvent ainsi passer la Seine sans pont.

En fait, la patronne sort ce soir. Elle m’explique tout et me laisse de quoi grignoter en complément des victuailles dans mon sac.

Arrivé à Saint Pierre de Manneville, je tombe sur un superbe étal de pommes, jus de pomme et cidre. Je suis bien en Normandie. Je demande mon chemin à deux dames. C’est très simple. Tout droit, sortir du village puis route à droite dans la forêt pour La Valnaye. 2e gite à gauche.

Premier gîte La Valnaye avec beaucoup de monde et beaucoup de bruit. Serait-ce un retour de noces du dimanche soir ? Mon gîte est plus loin, plus haut, plus au calme juste avant le GR2 en forêt. Je retrouve enfin la marque du GR que je n’ai pas suivi depuis Rouen.

Pas de panneau mais le numéro de la rue et la maison correspondent à la photo que j’ai reçue. Je demande à deux dames qui promènent leur chien. C’est bien là. Elles m’expliquent l’entrée. C’est ouvert. Avec des tranches de saucisson, des tomates, du pain, des noix et noisettes, un morceau de Toblerone (souvenir de ma randonnée en Suisse en juillet dernier) et des gavottes de Dinan en Bretagne, le biscuit à la pâte la plus fine au monde (la vraie recette, nature, sans enrobage de chocolat). Avec une boite de la Belle Iloise et une pomme tirées de mon sac à dos, cela se complète bien. Vu ce que je vois dans le réfrigérateur, le petit déjeuner de demain matin s’annonce très bien.

Pas de télévision. Je suivrai le quart de finale France - Afrique du Sud de la coupe du monde de rugby comme je le pourrai. Ma mère et un neveu m’ont tenu informé du score toute la soirée. Un livre dans ma chambre. Pas une Bible comme dans les motels d’Amérique du Nord mais le volume de la collection Bouquins chez Robert Laffont consacré à Sylvain Tesson, « L’énergie vagabonde ». Excellente lecture pour un marcheur. Douche à l’italienne très appréciable après une après-midi de marche.

En chemin vers Duclair

En chemin vers Duclair

Lundi 16 octobre : Saint Pierre de Maneville – Duclair

Départ : 9h15

Arrivée : 18h15

Chambre d'hôtes En bord de Seine à Duclair

L’échec du XV de France dans sa Coupe du monde de rugby à domicile ne m’a pas empêché de dormir comme un loir. De la chambre, vue sur la forêt. De la salle de bains, vue sur la campagne. Réveil à 6h30. Petit déjeuner à 7h30 avec du pain frais, du miel local, des confitures maison, des viennoiseries fraîches, du jambon, du fromage, du thé, une banane et des myrtilles. Parfait avant de démarrer une journée de marche. Le meilleur petit déjeuner de mes 6 jours de randonnée.

Je suis tellement bien ici que je n’arrive pas à décoller. D’abord je découvre qu’il y a la wi fi alors que je ne l’ai pas trouvé hier soir. Faute d’attention de ma part. Ensuite, je crois avoir perdu mon billet de train retour Le Havre – Paris. J’ai toujours une version imprimée dans le sac à dos en cas de panne de réseau ou du téléphone. Pauline, la maitresse de maison, me l’imprime après que je lui ai transféré. Je l’ai retrouvé le jour même en fouillant mieux mon sac à dos. Je laisse un mot élogieux sur le livre d’or du gîte ouvert en juin 2023, sur Booking et sur ce blog. Je recommande vivement la Folie douce à Saint Pierre de Manneville.

Finalement, je démarre à 9h15. Le GR2 est visible 100m au-dessus de la maison. Il commence par un sentier en forêt. Il fait 5°C mais j’ai quatre couches de vêtements sur mon torse dont un coupe-vent bien utile avec ce vent frais, vent du matin comme dit la chanson de marche.

Temps sec et ensoleillé. Longue montée dans la forêt domaniale de Ramoure. Il y a du dénivelé comme m’avait prévenu mon ami C.

Je sors de la forêt vers 12h30 pour arriver devant l’église abbatiale Saint Georges à Saint Martin de Boscherville. Un chef d’œuvre roman du XII° siècle. Une merveille de lumière. Une bougie pour le repos des âmes de mon père et de mon frère. Le curé est trop beau gosse pour rester chaste et célibataire à mon avis. Ou alors c’est un Saint. Pique-nique sur un banc du jardin face à l’église.

Ensuite, retour en forêt sur les crêtes, à couvert vers Henouville. A l’arrivée à Henouville, je repère un magnifique panneau routier : Danger. Présence de randonneurs ! Je n’ai pas eu la présence d’esprit de demander à une promeneuse de me photographier devant. Photo tout de même du panneau.

D’Henouville, 8km de départementale pour Duclair. Je retourne sur le GR2 en forêt sur la crête mais avec enfin des vues panoramiques sur la Seine. L’effort est récompensé par des vues splendides.

En forêt de Roumare, j’ai croisé des classes découvertes en forêt de petits enfants et d’adolescents ainsi que des retraités en pleine marche de maintien en forme. Cette fois, alors que je descends vers la Seine, je croise un groupe d’ados qui monte vaillamment, munis de bâtons mais sans sac.

Arrivé en bas à Henouville, Duclair est à 4km tout droit par la départementale mais le GR2 me fait remonter en forêt jusqu’à Saint Pierre. A Saint Pierre, je vois que le GR2 fait encore de sacrés détours pour arriver à Duclair. J’en ai marre et suis les bas-côtés larges et herbus de la départementale.

Comme l’herbe est épaisse, les déchets ne se voient pas mais il y en a tous les 10m sans exagération : bouteilles de verre, en plastique, canettes métalliques, emballages plastiques, masques jetables pour COVID. Les automobilistes sont des porcs et personne ne ramasse. Trop dangereux pour emmener les enfants en sortie écologie. Je le vois partout en France, sur les bords de route, quel que soit le département, quelle que soit la région. Pas assez d’éducation ni de sanction apparemment. Espérons que la jeune garde soit plus respectueuse de l’environnement. Je n’ai jamais jeté de déchet non biodégradable dans la Nature. Mes parents me l’ont appris dès les années 70.

Arrivée à Duclair où le GPS m’emmène sur les quais de la Seine. Logique pour un gîte en bord de Seine. Je pars d’abord dans le mauvais sens, vers Rouen. Puis je comprends le GPS et repars dans le bon sens vers Le Havre. Le GPS m’envoie en hauteur sur la route du Havre puis m’affirme que je suis arrivé alors qu’il n’y a rien. J’appelle le gîte et apprends que le GPS m’a enduit dans l’erreur. Comme son nom l’indique, le gîte est en bord de Seine.

Heureusement, je peux traverser le parc du restaurant le Parc pour descendre à la Seine. Le menu est alléchant mais je n’y goûterai pas car un banquet privé est organisé ce soir.

Gîte charmant. Une grande maison avec une grande cheminée où brûle un grand feu de bois. Entrée extérieur pour mon gîte par un escalier jusqu’au premier étage. C’est tout rose, tout cosy,  tout mignon avec vue sur Seine de la chambre et une grande salle de bains.

Pas de table d’hôtes mais plusieurs restaurants à Duclair. Sauf qu’ils sont tous fermés le lundi 16 octobre même le restaurant berbère marocain où les tables sont dressées et où je rêvais de manger un tajine agneau fruits secs comme je l’ai déjà fait en Bourgogne, dans l’Yonne, au Nord d’Auxerre.

Il reste une pizzeria ouverte. Plutôt à emporter mais je peux manger sur place une sicilienne avec câpres, oignons, anchois. Une canette d’eau gazeuse italienne que je ne jette pas dans la Seine. Mangue séchée et pomme tirée du sac pour me nettoyer la bouche.

Ce soir, TV dans ma chambre mais, comme il n’y a plus de match de rugby, peu m’importe. Longue et dure marche mais en forêt, au calme, avec de belles vues sur la Seine à la fin.

Vue sur la Seine

Vue sur la Seine

Mardi 17 octobre :  Duclair – Rives en Seine

Départ : 9h15

Arrivée : 16h15

Gite Saule en Seine à Rives Seine

Bien dormi. Petit déjeuner convenable mais moins bon que la veille. Pas de miel, jambon et fromage. Pain sec, yaourt industriel. En compensation, feu de bois dans la cheminée. Beaucoup plus cher aussi que la veille (100€). Je paie le cadre. C’était propre, confortable et j’ai bien dormi.

Le GR2 ne passe pas par Jumièges. Je fais donc un détour pour voir cette abbaye surnommée la plus belle ruine de France.

Le patron du gîte m’explique le chemin. Très simple. Au sortir de la maison, prendre à gauche et suivre la Seine jusqu’au bac de Jumièges. Puis virage à 45°C et route de Jumièges en passant devant le manoir d’Agnès Sorel et le golf.

Je suis la route qui longe la Seine par ses bas-côtés herbeux. C’est bien moins fréquenté que la départementale donc pas de déchets dans l’herbe. Arrivé au bac, je vois une véloroute pour Jumièges à 10km. 8 km par la route. 2km à pied, ça compte.

Je suis donc la route et tombe sur le manoir où est morte Agnès Sorel (1422-1450), maîtresse du Roi de France Charles VII, morte d’un 4e accouchement et d’un empoisonnement au mercure. Tout est expliqué sur place en accès libre. Magnifique manoir de l’an 1325 environ, résidence de campagne des abbés de Jumièges.

Je poursuis ma route et arrive tranquillement à l’abbaye de Jumièges pour 12h30. Il fait beau et je me restaure sur un banc face à l’abbaye. Je m’apprête à visiter pour apprendre, qu’hors saison, l’abbaye est fermée entre 13h et 14h30. Trop long pour moi qui ait encore du chemin à faire. Je me contenterai donc de voir l’abbaye de Jumièges de l’extérieur.

Je prends la route de Caudebec en Caux et vois la croix de Saint André du GR. Pas par-là donc. Je trouve la balise du GR et la suit tout content de me retrouver seul en forêt, loin de la route et des voitures.

Un doute m’étreint. Suis-je bien sur le GR2 ou sur une variante ? Examen de la carte IGN. Je suis sur le GR23A qui rejoint le GR2 après des kilomètres au Nord Est alors que je vais au Nord Ouest vers Rives Seine.

Demi-tour et retour en ville à la route de Caudebec en Caux et à la croix de Saint André du GR. Il est 14h. J’ai perdu 1h en marchant.

Je suis la route et le trajet du bus 530. Comme la veille, les arrêts de bus me permettent de mesurer précisément ma progression.

Je passe Yainville et arrive au Trait où passe le GR2. Pas trouvé trace du GR2 ni à l’église, ni à la mairie. Il doit passer plus haut, en forêt. Je poursuis la route de Caudebec en Caux et tombe sur une voie verte, la Seine à vélo , que je vois depuis Rouen.

Une piste cyclable c’est mieux que la route pour un marcheur. Je demande à un lycéen qui passe avec le casque audio sur la tête. Il enlève le casque et me confirme que je suis bien dans la bonne direction, vers Saint Wandrille.

Je me pose sur un banc et appelle le patron du gîte. Il me confirme que je suis sur le bon chemin, que la voie verte, ancienne voie ferrée reconvertie, est à 50m de son gîte.

Il me propose de venir me chercher en voiture à un carrefour. Effectivement, je le trouve à un croisement voie verte – route.

En moins de 5mn, nous sommes arrivés. Gite construit en cabane autour d’un saule, d’où son nom Saule en Seine. Tout confort mais rien à manger. Ni dîner ni petit déjeuner. Pour le dîner, je me ferai livrer. Pour le petit déjeuner, pause à Caudebec en Caux demain matin.

Tv, wifi, belle douche avec carreaux de mosaïque. Je reçois deux prospectus pour un burger et une pizzeria. Le burger est fermé le mardi et nous sommes le mardi 17 octobre. Une pizzeria ouverte 7/7. J’ai appelé 5 fois entre 19h et 19h45. A chaque fois, je suis tombé sur le répondeur indiquant que Pizza King est fermé dimanche 9 juillet et ouvrira lundi 10 juillet. Nous sommes le mardi 17 octobre. Rien à ajouter.

Il me reste dans le sac un saucisson sec et des fromages de chèvre secs d’Auvergne achetés samedi 14 octobre à mon marché à Paris chez un Auvergnat qui est aussi randonneur. Produits efficaces. J’ai des pommes grâce au pommier croisé sur la route en sortant de Jumièges cet après-midi. Ainsi que des tranches d’ananas séché achetées dans une boutique parisienne de fruits et légumes secs. Et de l’eau. Protéines animales, vitamines, sucre, eau. J’ai de quoi tenir.

Entrée de Caudebec en Caux

Entrée de Caudebec en Caux

 

Mercredi 18 octobre : Rives Seine - Lillebonne

Départ : 9h30

Arrivée : 16h40

Hôtel de France à Lillebonne

Au matin, l’hôtesse passe me voir. Je lui explique que je n’ai rien trouvé à manger hier soir faute de réponse des livreurs. Elle est désolée pour moi et me dit que j’aurais dû l’appeler, qu’ils auraient trouvé une solution. J’ai été trop timide.

En tout cas, à 2500m du gîte, il existe des boulangeries et des cafés à Caudebec en Caux. J’ai pris un thé chaud au gîte ce matin. Je pars par une petite route tranquille. Arrivé à Caudebec en Caux, je trouve une brasserie qui ne sert qu’à boire, rien à manger. Pas de sandwich mais je peux amener le mien m’explique le serveur. Une brasserie avec bière mais sans sandwich. Le commissaire Maigret doit s’en retourner dans sa tombe.

Je trouve une boulangerie un peu plus loin, achète une fougasse aux pommes de terre et aux lardons que je fais réchauffer, un pain aux raisins et une baguette à l’épeautre pour ce midi.

Il est tombé des cordes à 6h du matin mais il ne pleut plus.

Je reviens à la brasserie, mange ma fougasse chaude et mon pain aux raisins et boit un soda noir américain.

En quittant la ville je trouve sur la gauche la balise du GR2 qui me fait monter en forêt (avec peu de vue sur la Seine) puis redescendre à la Seine à Villequier où se noya Léopoldine Hugo d’où le bouleversant poème de son père, Victor Hugo («  Demain, dès l’aube ») racontant sa marche pour aller fleurir la tombe de sa fille. Je suis les pas de Victor Hugo dans une hêtraie magnifique (le plus beau kilomètre de France selon le Touring Club de France, en 1957).

A Villequier, je longe la Seine et admire la maison Vacquerie (Auguste Vacquerie, natif de Villequier, beau-frère et ami de Victor Hugo. Son exécuteur testamentaire) devenue Musée Victor Hugo. Comme l’abbaye de Jumièges, hors saison, elle est fermée pour pause méridienne.

Au bout du quai, j’ai perdu le GR. J’ai dû manquer une balise. Je suis donc la D81. Pluie et vent. Je m’abrite sous l’auvent du toit d’un brocanteur qui me semble fermé. Pas tout à fait car le brocanteur me voit et ouvre sa porte. Il me demande gentiment ce que je fais là. Je lui explique.

C’est un marcheur. Il a fait le GR34 cet été de Saint Brieuc à Saint Malo et a souffert du dénivelé. Il m’explique qu’il tient une entreprise de sécurité incendie, fait brocanteur en complément 2 week end sur 3. Deux week end à suivre pour s’adapter aux couples séparés en garde alternée. Ainsi le père peut être son client un week end et la mère sa cliente le week end suivant. Avec un week end sur deux, son système précédent, il ne pouvait voir que le père ou que la mère. Astucieux. Il m’aide à mettre mon poncho de pluie au-dessus du sac, m’indique la route pour Lillebonne et je repars.

Pluie et vent le long de la D81. Pas drôle.

Je repère l’arrêt de bus de la ligne Caudebec en Caux –Le Havre qui s’arrête à Lillebonne. Parfait mais les horaires affichés datent de la saison 2016 -2017 alors que nous sommes en 2023. Sont-ils encore valables ?

Pour le savoir, je m’installe en face, sous l’abribus, dans le sens Le Havre – Caudebec en Caux, mange mon pique-nique et consulte les horaires sur Internet.

Le temps de faire tout cela, le bus passe devant moi sans s’arrêter, filant vers Le Havre, puisque je suis dans l’autre sens. Grave erreur de jugement que je paie cash.

Je dois continuer de marcher dans les bas-côtés, herbeux, épais et humides de la D81 sous la pluie et le vent. J’en sors à Norville. Je repère un hôtel café restaurant. Je me pose à l’abri de la terrasse alors qu’il pleut toujours. Je demande de l’eau pour ma gourde à la patronne. C’est une mamie dynamique qui porte Loulou sur son épaule droite. Loulou est un superbe perroquet blanc. Muet. Attaché à sa maîtresse qui remplit ma gourde avec un perroquet sur son épaule.

La dame m’indique le bus devant la mairie. Il est 14h45 et le prochain est à 17h. Je n’ai pas envie d’attendre 2h au bar en discutant avec Loulou et sa maîtresse.

Je marche toujours sur la D81 en direction de Lillebonne. La ville est bien indiquée mais pas le kilométrage. Je longe les énormes raffineries de pétrole de Port Jérôme Seine, signe que je me rapproche du Havre.

Je marche face aux voitures sur le bas-côté herbeux face aux voitures ne sachant pas combien de kilomètres il me reste à parcourir. Une voiture s’arrête de l’autre côté de la route. Le conducteur ouvre sa fenêtre et me demande si je veux monter à bord. J’accepte, traverse la route en regardant bien les voitures et H. me conduit gentiment juste devant l’hôtel de France à Lillebonne. Il connaît le patron et me recommande l’hôtel.

Je lui explique ma marche de Paris à Rome et ce blog de randonnée. Ca lui plaît beaucoup. Il se prend en photo avec moi et mémorise le blog sur son téléphone. Au vu des actualités anxiogènes du moment (guerre à Gaza, attentats) être recueilli par un jeune Maghrébin barbu bienveillant fait du bien au moral. Nous n’avons parlé ni de religion ni de politique ni de travail.

A l’hôtel, je fais le code, prends ma clef et ouvre ma chambre. Hôtel ancien, propre mais une prise électrique est hors service et il n’y a plus de patère sur la porte de la salle de bains pour accrocher la serviette. Ca doit être réparé me dira le réceptionniste.

Achat du Canard enchaîné à la Maison de la presse qui ne fait pas de cartes postales locales.

Visite de l’église Notre Dame de Lillebonne (superbe gothique finissant) où une paroissienne zélée éteint la lumière et manque de m’enfermer. Il est écrit d’être discret dans l’église. Je suis discret dans l’église.

Dîner au restaurant Angus de l’hôtel de France. Mon premier vrai dîner de cette randonnée en Normandie. Jusqu’ici, j’ai bricolé. Là, c’est du sérieux. Jus de pomme. Salade de betteraves au vinaigre balsamique. Confit de canard sauce moutarde, petits légumes et frites. Tarte Tatin avec crème fraîche et éclats de noisettes. Verre de fine calvados. Bonne musique lounge mais pas seulement. Je me suis régalé.

Je sèche mes chaussures avec des vieux journaux que m’a donné le réceptionniste. Il note le truc qu’il ne connaissait pas. En me servant le dîner, il me dit qu’il l’a déjà transmis à un ami. Voici le truc: enlever la semelle pour qu'elle sèche à part, bourrer la chaussure de vieux journaux papier (pas du papier magazine), de la pointe jusqu'au bord. Laisser ainsi toute la nuit. Au matin, avant de remettre les chaussures de marche, enlever les journaux et les jeter. Les journaux sont trempés. Les chaussures sont sèches.

Trop de vent pour laisser la fenêtre ouverte. Dommage car mes vêtements trempés de sueur et de pluie sèchent dans la chambre.

En chemin vers Saint Laurent de Brévédent

En chemin vers Saint Laurent de Brévédent

Jeudi 19 octobre : Lillebonne – Saint Laurent de Brévédent

Départ : 9h30

Arrivée : 18h

Gîte les Sous-Bois à Saint Laurent de Brévédent

Petit déjeuner correct mais rien de mémorable contrairement au dîner de la veille. Je sors de Lillebonne et trouve immédiatement le théâtre gallo-romain de Lillebonne, le mieux conservé au Nord de la Loire.

Ensuite, en marchant au hasard, je trouve la marque du GR2. Dans la bonne direction. Il monte en forêt, traverse des champs (merci aux propriétaires. J’ai soigneusement refermé les barrières après mon message pour éviter que les vaches ne divaguent) et arrive à Saint Nicolas de la Taille.

De là, selon la carte IGN, le GR2 me permet d’aller à Saint Laurent de Brévédent. Ce n’est pas ce qu’affirme la carte devant la mairie de Saint Laurent de Brévédent. Je choisis donc la D81, celle d’hier, et la suit 10km jusqu’à Saint Romain de Cosbol. Je trouve un café, bois un verre de soda noir américain et le patron remplit ma gourde d’eau fraîche.

Temps couvert mais il ne pleut pas. A la sortie du village, un homme me hèle de sa fenêtre et m’indique une route pour Saint Laurent avec moins de voitures que celle pour Le Havre.

Conseil avisé. J’ai d’abord pris une première route qui aboutit à un chemin en impasse. Demi-tour. Je reprends la petite départementale et aboutit à un rond-point où Saint Laurent de Brévédent est annoncé à 8km. Je n’ai plus qu’à la suivre.

Hier, en chemin, j’ai vu un castor écrabouillé en bord de départementale. Aujourd’hui un faon mort, percuté par une voiture probablement.

Pour les 5 derniers kilomètres, la pluie se déchaîne. J’arrive au village, trouve un abri et réussit de nouveau à joindre la patronne du gîte au téléphone. Elle me répond qu’elle m’a tout expliqué sur booking. Je lui réponds que je n’ai pas accès à Booking en randonnée.

Je suis passé devant son gîte sans le savoir. Aucun panneau indicateur en bord de route. J’avais pourtant flairé le piège mais n’avais pas été voir le hameau isolé avant le bourg. Tout est de ma faute donc.

La patronne comprend que je suis fatigué et trempé et viens me chercher en voiture.

Gîte immense avec un grand jardin, des couloirs, des chambres, un salon de billard, une salle de sport, un sauna. Salle de bains commune à chaque étage. Cuisine collective au premier étage. Je me fais livrer ma pizza. Cette fois, ça marche, contrairement à Rives Seine.

Le livreur entre dans la maison. Grande chambre cosy, confortable avec vue sur le jardin. Je vais bien dormir, bercé par la pluie. J’ai réservé le restaurant de poissons au port de plaisance du Havre pour demain 13h.

Aujourd’hui, je n’ai croisé personne en chemin. Belles vues au loin sur le pont de Tancarville. Je m’éloigne de la Seine. Demain, j’arrive à la Mer, à la Manche, version Normandie.

Piscine du Club Nautique Havrais. Réservée aux mouettes. For gulls only.

Piscine du Club Nautique Havrais. Réservée aux mouettes. For gulls only.

Vendredi 20 octobre : Saint Laurent de Brévédent – Le Havre

Départ : 9h

Arrivée : 11h30

Restaurant la Voile bleue au Havre

 

Bon petit déjeuner en libre-service. Je ne vois pas l’hôtesse mais j’ai payé mon séjour sur Booking. Je pars vers 9h et retrouve la D31 vers Saint Laurent de Brévédent puis Harfleur.

A Harfleur, grand panneau de direction pour le Havre. C’est une 4 voies donc impraticable à pied. Je pourrai chercher mon chemin mais j’ai hâte d’arriver.

Je trouve un bus qui m’emmène au Havre. La chauffeuse est une belle jeune femme souriante, efficace, prévenante qui m’explique mon chemin, comment acheter mon billet (je l’ai payé) et l’avertir avant de s’arrêter devant l’hôtel de ville du Havre.

Là, coup de chance, c’est jour de marché. J’en profite pour acheter de vrais fromages normands du cru au lait cru : les 4 AOP camembert, livarot, pont l’évêque, neufchâtel, et, plus confidentiels, le crémeux du Mont Saint Michel, l'oreiller à la ciboulette, un chèvre cendré de Seine Maritime. Tout entre dans le sac à dos.

Je suis le GPS qui m’emmène au restaurant la Voile bleue où j’ai réservé pour 13h. il est 12h15. L’ardoise dehors indique des mets alléchants mais j’ai le temps. Je vais admirer le centre nautique Paul Vatine, la superbe piscine découverte du Club nautique havrais (fermée aux humains et occupée par les mouettes que je jalouse). A côté, une belle plage de galets où j’admire la Mer, les voiliers, les cargos et respire à pleins poumons l’air du large.

Je vais ensuite déjeuner somptueusement. Repas de fin de randonnée plus cher qu’à Aoste en juillet 2023 avec tartare de merlan en entrée, sole entière avec pommes grenaille et petits légumes en plat, thé gourmand en dessert. Jus de pomme artisanal mais pas de Normandie. Cidre industriel dont je me suis abstenu.

Pour digérer, je vais à la plage. Il y a du vent et du soleil. Nous sommes le vendredi 20 octobre 2023. Il fait frais mais pas froid. Je me déshabille et vais me baigner de 15h à 15h30 puis de 16h à 16h30. Je me fais photographier par une voisine en doudoune. Je suis le seul en maillot et le seul à me baigner. Je suis un privilégié.

Thalassothérapie normande avec projection dans les galets par les vagues. Excellent massage après 6 jours de marche. Mes sinus sont bien nettoyés.

Passage ensuite juste en face à l’office du tourisme du Havre où j’achète des cartes postales touristiques et pittoresques que j’écrirai et posterai à Paris.

Je signale à l’hôtesse qu’il est dommage que le seul topoguide du GR2 couvre la seule région Ile de France de Montereau fault sur Yonne (77) à Vernon (27) , grâce au soutien du conseil régional d’Ile de France, alors que ce GR se poursuit et se finit en Normandie de Vernon (27) au Havre (76) en passant par Rouen (76). Elle m’a dit qu’elle ferait part de ma remarque à sa hiérarchie.

Le GR2 est bien balisé en Normandie mais un guide serait un plus pour promouvoir ce chemin. Même remarque pour la Bourgogne Franche-Comté car il n’y a pas de guide du GR2 de Dijon, son point de départ (21) à Montereau fault sur Yonne (77).

Retour sans encombre à Paris. J’ai loupé le croisement du GR2 et du GR21 (côtes de Normandie) qui se trouve quelque part devant la gare routière du Havre.  J’ai aussi manqué les voiliers de la transat Jacques Vabre Le Havre – Fort de France. Je croyais les trouver à la base nautique Paul Vatine près du restaurant et de la plage. Ils étaient aux Docks du Havre.

Le train Nomad est confortable et bien moins cher que le TGV (moins cher en 1ère qu’une 2nde Paris-Rennes). Vu la distance, une ligne grande vitesse Paris – Le Havre ne me semble pas indispensable mais il est possible que les Normands aient un autre avis sur le sujet.

En déballant mon sac à dos à Paris, j’y trouve tout y compris une surprise, un galet de la plage du Havre que j’ai ramené à Paris sans le savoir.

J'ai donc terminé le GR2 sentier de la Seine. Après avoir remonté la Seine jusqu'à sa source de Paris à Dijon en passant par Auxerre, je l'ai descendue de Paris au Havre en passant par Vernon et Rouen. C'est un axe économique majeur pour la France depuis le XII° siècle et il vaut l'effort.

A part les falaises de la Seine avec certains passages abrupts, rien de difficile sur ce chemin. La mise au vert est très rapide, surtout en descendant avec la Seine avec les bois de Meudon et de la Malmaison. Pour retrouver les ciels des Impressionnistes, il suffit de suivre le GR2 de Paris au Havre via Vernon et Le Havre. Dans l'autre sens, vers Dijon, tremper mes pieds à la source de la Seine fut un grand bonheur sur mon chemin de marcheur.

Prochains objectifs: poursuivre mon chemin vers Rome par la Via Francigena en Italie depuis Aoste. En France, poursuivre le GR14 sentier des Ardennes de Paris à la Belgique. Le prochain article de ce blog racontera la première partie de ce chemin en Ile de France, de Paris à Coulommiers en Brie.

Les photographies de cet article sont l'oeuvre de Guillaume Lagrée. Toute utilisation de ces images sans autorisation de leur auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Base nautique et plage du Havre

Base nautique et plage du Havre

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De Paris à la Mer le long de la Seine. 2e partie: Vernon - Rouen

13 Novembre 2023 , Rédigé par Guillaume Lagrée

Vaches sur Seine à Prassigny l'Orgueilleux

Vaches sur Seine à Prassigny l'Orgueilleux

GR2 Sentier de la Seine

De Vernon (27)  à Rouen (76)

Samedi 8 - vendredi 14 avril 2023

Train Nomad de Rouen rive droite à Paris Saint Lazare

Après être allé d'Ile de France en Normandie en suivant la Seine de Paris à Vernon en mars 2023, me voici de retour à Vernon en avril 2023 pour continuer le GR2 sentier de la Seine de Vernon à Rouen. D'une ville à l'autre mais en campagne, en Normandie.

 

Quand j’ai voulu prendre un billet de train Paris-Vernon pour le dimanche 9 avril 2023, le site oui.sncf m’a répondu Non. Le guichetier à Paris gare de Lyon m’a suggéré qu’il pouvait y avoir des travaux et  que le seul le guichet de la gare Saint Lazare, pour la Normandie, pouvait me renseigner. Je suis donc allé gare Saint Lazare à l’agence Nomad, celle du TER Normandie à Paris.

Réponse : il y a des travaux de modernisation de la ligne Paris-Rouen. Ils ont lieu le week end pour ne pas déranger les travailleurs en semaine. Ils ont lieu le jour car c’est trop cher la nuit. Aucun bus de remplacement n’est prévu. Depuis 2 ans, nous sommes une société privée qui doit gagner de l’argent. Argument ironique étant donné les millions d’euros d’argent public donnés chaque année à tous les TER de France.

A tout problème, une solution. En l'espèce : blablacar. Mon premier voyage est donc un Paris Vernon pour 9€ le samedi 8 avril 2023. Un couple vient chercher sa fille étudiante à Paris depuis Dijon pour aller à Vernon passer le week end de Pâques en famille. Je m’ajoute dans la voiture avec M, une jeune esthéticienne, qui va rejoindre son homme et des amis à Vernon pour le week end. 5 dans une Opel, c’est serré mais ça roule bien. Départ du métro Sèvres Lecourbe à 16h30. M est déposée au parking de covoiturage après la sortie de l’A13 et moi devant mon hôtel à Vernon.

L’hôtel Normandy est un hôtel de 1925 qui a succédé à un hôtel du XVe siècle où Balzac fit plusieurs séjours au XIXe siècle. Plaque souvenir à la réception. Concert de rock ce soir dans l’hôtel. Bruit jusqu’à 23h30. Pas trop fort, pas trop mauvais mais bon. Les cloches de la collégiale de Vernon sonnent à toute volée à 1h du matin. Pas qu’un coup. Bref, j’ai peu dormi. En compensation, excellent petit déjeuner à l’anglaise avec œufs brouillés, saucisses et bacon. Je suis en Normandie et je vais vers l’Angleterre. Dîner à la brasserie Montmartre à 200m de l’hôtel. Correct mais pas mémorable.

 

 

Au bout du pont de Vernon

Au bout du pont de Vernon

Dimanche 9 avril : départ de Vernon à 8h30. Arrivée à Gaillon à 16h.

Appartement Côté Château à Gaillon. Restaurant le Drakkar à Gaillon.

Grand soleil ce dimanche de Pâques. Frais le matin mais ça s’est vite réchauffé. Je repasse le pont de Vernon par lequel j’avais conclu le trajet de Paris à Vernon en mars 2023 et retrouve le GR2. Le long du chemin, le vieux moulin et le château des Tourelles, touristiques et pittoresques à souhait. Chemin en ville facile puis ça monte raide 15mn sur les coteaux de la Seine pour se poursuivre en plateau en forêt. Après un village, je bifurque pour redescendre jusqu’à la Seine, à Prassigny l’Orgueilleux.

Magnifique site de pique-nique en bord de Seine avec table, bancs, poubelle, arbres, vue et cabane à livres. Pause déjeuner. En chemin, je cause avec 2 papys devant leurs maisons : l’un coupe ses ongles dehors pour ne pas se faire engueuler en cuisine (sic). Justement son épouse arrive. La mamie ne semble pas méchante mais je ne la connais pas. Puis un autre papy qui grogne contre les véloroutes et les randonneurs. Je ne sais pas pourquoi mais il me souhaite bonne route tout de même.

Le GR2 me fait quitter la Seine pour monter en forêt. Au carrefour en ville, je vois la direction de Port-Mort (sic). D’après la carte, c’est bon mais la marque du GR a disparu. Je suis la véloroute jusqu’à la sortie du village de Port-Mort. A un carrefour, à gauche, je déduis que la route descend à la Seine. En effet, je retrouve même la marque du GR2. 2 sentiers qui montent sur la falaise de Port-Mort sont interdits par arrêté du maire. Ca s’écroule. Calcaire friable. Trop dangereux. Ce n’est pas mon chemin. Je ne suis donc pas privé. Chemin forestier en lisière de champ qui débouche sur la D316.

Je quitte le GR pour prendre à gauche le pont qui mène à Abevoye puis Gaillon. Je traverse Gaillon jusqu’au château (le premier château Renaissance de France. Une merveille) et, par hasard, je tombe sur la rue où se trouve mon gîte Côté Château . Merci à Mercure, dieu des voyageurs !

J’appelle. La propriétaire me répond immédiatement, arrive dans les 2mn et m’ouvre l’appartement.  Vue panoramique sur le château. C’est tout équipé. Je peux faire ma première lessive de la randonnée. 30mn puis séchage naturel sur l’étendoir et les cintres. Foire à tout (sic) au village de Gaillon. Tout est ouvert un dimanche de Pâques. Le vide grenier s’appelle ici Foire à tout. J’ai vu plusieurs affiches dans différents villages pour différents événements. Aujourd’hui, c’est à Gaillon.

J’ai pris mon soda noir américain en terrasse. J’ai vu le château de Gaillon de l’extérieur. Pas visité. En cherchant, en demandant, j’ai trouvé le Drakkar, pizzeria-crêperie comme son nom ne l’indique pas. Mangé une bonne pizza et une bonne coupe glacée au Drakkar.  A côté de deux Anglaises d'une rare laideur, de mon âge, avec deux chiens qu’elles couvrent de câlins et de baisers. Avec de la variété française gluante en fond sonore.

Seine de Gaillon

Seine de Gaillon

Lundi 10 avril : départ de Gaillon à 9h. Arrivée aux Andelys à 14h30. Etape facile.

Chambre d'hôtes Villa Aliénor aux Andelys. Gîte et couvert exquis pour le corps et l'esprit.

Je reviens sur mes pas de la veille, repasse le pont de Gaillon et trouve la piste cyclable le long de la Seine. Aucune marque du GR. Pourtant, d’après la carte, il passe là. Je demande mon chemin à un promeneur qui me confirme que je suis dans la bonne direction pour les Andelys. J’arrive à Bouafles avec de belles vues sur Seine.

Des pêcheurs. Des cyclistes. Temps gris et paisible. Je passe une passerelle en fer pour piétons et arrive au village proprement dit. Je discute avec un couple de quinquagénaires sympathiques qui se promène. Le monsieur a mal au dos. Il ne peut marcher avec un sac. Je lui conseille le vélo. Il me dit avoir un vélo électrique. Son épouse me semble motivée. De futurs cyclotouristes ?

A Bouafles, je vois indiqué Les Andelys, 7km. Comme le chemin de halage en bord de Seine est trop facile, je retrouve le GR2 qui me fait monter sur les coteaux de la Seine. Journée grise et froide. Quelques gouttes de pluie. Tout l’opposé d’hier. Je déjeune en forêt à la sortie de Bouafles et enlève le pantalon de pluie. Evidemment, à peine reparti, il pleut et je dois couvrir le sac.

En sortant de la forêt, je débouche sur la route qui descend à la Seine et aux Andelys. Pluie. Brume. Sanitaires avec eau et savon en sortant de la forêt car le parking est là. Appréciable. J’arrive à un site touristique.

Château Gaillard construit en un an par Richard Cœur de Lion, roi d’Angleterre, pour défendre la Normandie contre le roi de France en 1197-1198. Richard mort, son successeur Jean sans Terre ne sut pas défendre le château contre Philippe le Bel qui le conquit en 1199-1200 et unit la Normandie au royaume de France en 1204. Anglais et Français se sont battus pour ce château jusqu’au XVe siècle. Henri IV a laissé les moines le détruire pour réparer leurs abbayes avec ses pierres. Ce qui reste domine la Seine et vaut le voyage.

Les Andelys, c’est le village natal du peintre Nicolas Poussin. Il y a son musée mais je ne l’ai pas visité. Il me faudra revenir.

Comme la veille, je trouve au hasard mon gîte, la villa Aliénor, salon de thé et chambre d’hôtes, installé dans un relais de poste du XVIIIe siècle en bord de Seine. Hôtel Normandie est encore lisible en grandes lettres peintes sur la façade, côté rue. Charmant et confortable. Tarte au citron et jus de poire pour mon arrivée à 14h30. Chambre prête à 15h. Un vrai cocon. Douche à l’italienne aussi large que haute.

Après la douche, sieste. J’émerge vers 17h pour me promener sous la pluie. Le GR2 passe devant mon gîte. Je n’ai qu’à suivre le chemin et la marque. Jolie église des Andelys. Achat de cartes postales à l’office de tourisme.

Dîner exquis. Tapenades de légumes et carottes en pickles avec spritz normand à la liqueur de pomme, paupiettes de veau farcies aux légumes avec riz et petits légumes, crumble pommes fraises. ½ Evian. J’ai vanté les mérites de mon ami pianofortiste et musicologue Ziad Kreidy à la patronne Sylvie pour accorder le piano du salon (1er prix à l’exposition universelle de Paris 1900) et en jouer. Coordonnées transmises. Discussion fort agréable avec Sylvie sur l’art, la cuisine, l’estime de soi.

Château Gaillard

Château Gaillard

Mardi 11 avril :

Départ des Andelys à 9h. Arrivée à Andé à 16h. Etape difficile.

Gîte du Val d'Andé. Café du Moulin à Andé.

Délicieux petit déjeuner. Interdit de boire l’eau du robinet dans ce gîte en raison de la présence d’un adoucisseur. Je fais le plein d’eau de ma gourde dehors au robinet devant la Seine. Je poste mon courrier et démarre tranquille par le chemin de halage le long de la Seine.

Un homme sort son chien et m’explique que le chemin à suivre sur les coteaux est trop dur pour lui qui est cardiaque. Il me souhaite bonne route. Il avait raison.

C’est le chemin le plus dur depuis que je suis parti de Paris vers la Mer en suivant la Seine. Montée raide sur un sentier étroit parfois à flanc de falaise. Descente plus raide encore faite sur le Q en rampant par terre. Après avoir admiré des grottes en chemin. J'ai dû louper le GR. Plus de marque. Descente pleine pente dans les broussailles. Anormal.

Je finis par déboucher sur la route et Val Saint Martin, commune limitrophe des Andelys. Il m’a fallu 2h pour faire un parcours qui m’aurait pris 45mn en suivant la D313 en bas. Beau mais dur et dangereux.

Après, ça repart à flanc de coteau mais moins dangereux jusqu’à la chapelle Saint Martin de la Roquette. Pause déjeuner sur la table devant la chapelle. Temps gris, du vent, un peu de pluie. Pour finir, un chemin facile sur le plateau qui croise plusieurs routes jusqu’à la D11 pour Andé.

Là, je ne trouve pas mon gîte. J’appelle sur un numéro de téléphone fixe et tombe sur un répondeur. Heureusement, 5mn après, Véronique, la patronne du gîte, m’appelle et m’explique mon chemin. Je trouve facilement mon gîte du Val d’Andé.

Une ancienne ferme restaurée avec goût. Salon dans l’écurie. Pas de table d’hôte. Je devrai repartir au café du Moulin pour le dîner et le petit déjeuner. Patronne bavarde et connaissant bien son coin. Elle a fait mon sentier de ce matin et me confirme qu’il est périlleux. Normalement, la lessive est permise au bout de 2 jours de gîte mais elle a pitié du randonneur. Après la douche, j’ai droit d’utiliser la machine à laver et le sèche-linge. Grand confort après une journée passer à ramper dans la boue.

Connexion wifi compliquée. C’est la campagne. Demain matin, je passerai par le Moulin d’Andé, dernier moulin à eau complet sur la Seine, lieu qui accueille des artistes (expositions, concerts, théâtre) depuis des décennies. Je lui dis que je connais des musiciens qui y ont joué. Argument en ma faveur.

En chemin, j’ai donné mon pain de la veille à un cheval qui l’a dévoré sans laisser une miette à son voisin de pré, l’âne. L’âne m’a fait les yeux doux mais je n’avais plus rien pour lui. 

75m² pour moi seul. Chambre à 3 lits. Un salon avec un coin TV très confortable (canapé avec plaids et coussins). Un vrai gîte de randonneur avec cuisine équipée, lave-vaisselle, lave-linge, sèche-linge. Il faut juste amener ses victuailles et c’est bon. Le linge finit de sécher sur l’étendoir. Confort très appréciable après une journée dure physiquement mais avec des grottes et des vues panoramiques sur la Seine.

Pour dîner, je vais au Café du Moulin. 400m à pied du gîte. La serveuse est une jeune fille (18 ans maxi) jolie comme un cœur. Le client qui boit seul sa bière pensivement. Le joueur de la Française des jeux qui espère faire fortune. L’habitué qui vient prendre un café et jouer. Le café de province classique.

Le soir, pas de repas sur place mais à emporter. Ce soir, comme ce midi, faux filet sauce poivre purée de carottes + tarte aux pommes. 16€. Moins raffiné et moins cher qu’hier soir. Je le ramène au gîte et le mange sans difficulté. Par contre, pas de petit déjeuner et la boulangerie que m’indique la jolie jeune fille n’est pas dans ma direction. Tant pis.

A la télévision, je vois un documentaire d’ARTE sur les crimes sexuels de l’Eglise catholique en Allemagne et en France. Ensuite je relis l’Evangile selon Saint Matthieu et ses paroles fortes sur la protection due aux enfants, aux petits, aux faibles. Le même écart qu’entre les écrits de Karl Marx et le pouvoir de Staline.

Pour descendre à la Seine c'est tout droit!

Pour descendre à la Seine c'est tout droit!

Mercredi 12 avril :

Départ d’Andé à 8h30. Arrivée à Romilly sur Andelles à 14h. Etape facile.

Chambre d'hôtes les Rives de l'Andelle à Romilly sur Andelles.

Pas de petit déjeuner mais il y a du lait au frigo. Verre de lait et fruits secs comme les moudjhahidines. Je fais un peu de ménage, discute avec la patronne et m’en vais après qu’elle m’ait bien dit de faire attention à la météo, aux pentes des coteaux, à la terre humide qui glisse. Elle m’a même proposé de venir me chercher en voiture si besoin. Très prévenante, presque trop.

Je pars vers le moulin d’Andé, le seul moulin à eau entier sur la Seine. Le GR passe devant mon gîte et le moulin d’Andé est indiqué sur un panneau directionnel. Simple. C’est une résidence d’artistes avec salle de théâtre et de concert. Un lieu magique que j’admire de haut, depuis le GR. Ouvert à la visite le samedi uniquement et je passe un mercredi.

Le GR2 me fait de nouveau monter sur les coteaux de la Seine. Moins dur que la veille mais toujours glissant après une nuit de pluie. Les vues sont belles d’en haut et le chemin plus sûr, surtout quand je marche sur le plateau. Je perds le GR et me retrouve sous la pluie au hameau du Plessis. Une collégienne, descendue de son car scolaire, me regarde d’un air inquiet mais me dit bonjour. Je la salue aussi.

Je profite de l’abri bus pour passer le pantalon de pluie. La pluie diminue mais ne cesse pas. Je garde le pantalon de pluie. Je finis par retrouver le GR sur la route. Raccourci pour descendre à Amfreville sous les monts par le GR. Ca semble facile mais ne l’est pas. De nouveau, je finis par tomber sur le Q et descendre en rampant sur les fesses, comme un bébé. Avec le pantalon de pluie sur le pantalon je suis sale mais protégé.

A Amfreville, le GR me fait passer par la côte des Deux Amants. Une légende locale raconte que Calixte a dû porter sa promise sur son dos jusqu’en haut de la falaise pour avoir le droit de l’épouser. Arrivé en haut, il est mort de fatigue. Elle, de chagrin. Je n’ai pas de belle à porter sur mon dos, juste un sac. Je ne crains pas l’épuisement mais la glissade.

Je contourne l’obstacle en marchant le long de la D19 face aux voitures. La route est très peu fréquentée et le bas-côté large. Je retrouve le GR au débouché du sentier de la côte des Deux Amants sur la route. Il ne va pas du tout vers Romilly les Andelles, ma direction. Je poursuis donc sur la D19 et arrive tranquillement vers 14h. A l’entrée du village, un grand plan très clair me permet de trouver mon gîte aisément.

Trop tôt. Le gîte est fermé. J’appelle la patronne qui fait ses courses. Je l’attends dehors face au beau jardin et au coteau de la Seine, m’abritant de la pluie comme je peux. La dame et sa fille arrivent vers 14h30. Petite chambre sous les toits, confortable avec grand lit, placard, salle de bains et pas de TV. La patronne fait le pèlerinage de Compostelle. Elle sait ce que signifie marcher des heures dehors par tout temps. Elle me propose des vieux journaux pour sécher l’intérieur de mes chaussures de marche. J’accepte volontiers et laisse mes chaussures à sécher en bas à l’entrée.

Des ouvriers refont la façade. Trop de bruit pour faire la sieste. Il ne pleut plus. Je pars découvrir Romilly sur Andelle. La mairie fournit un plan de ville affiche, grand, lisible. Je trouve la boulangerie : excellente tarte au citron. Le bar tabac jeux presse où j’achète le Canard Enchaîné, mercredi oblige, et bois un soda noir américain.

Juste à côté du bar un restaurant gastronomique dont le menu est alléchant mais il est fermé le mardi et le mercredi. Pas de chance. Je trouve aussi une ferme qui vend ses fruits et légumes en bord de route. J’achète des pommes pour le dernier pique-nique.  Plein de bonnes choses en vente mais je ne prends que ce dont j’ai un besoin immédiat dans le sac à dos.

Je me fais livrer une pizza et un tiramisu. Ca se mange mais je regrette le restaurant gastronomique.

Panorama de la vallée de la Seine

Panorama de la vallée de la Seine

Jeudi 13 avril :

Départ de Romilly sur Andelle à 8h30. Arrivée à Pont de l’Arche à 12h30. Etape facile.

Hôtel de la Tour à Pont de l'Arche. Restaurant Plaisir gourmand à Pont de l'Arche.

Le camping municipal Camp'Eure est mieux approprié pour loger un randonneur, même sans tente.

Le long de la Seine. Le chemin est si boueux et glissant que je chois deux fois en 100m sur du plat. Sans dommage. Beau manoir XVI° siècle le long de la Seine au lieu-dit le Manoir. Pique-nique sur une île sur l’Eure à l’arrivée à Pont de l’Arche. Accessible par un escalier depuis le pont.

Je visite l’église Notre Dame des Arts et met un cierge à Saint Expédit, dont une statue figure dans le jardin de notre maison de famille en Haute-Savoie. A la demande de ma mère, j’en achète un que je mets dans le sac à dos pour lui ramener. J’en achète un deuxième qui brûle dans cette église pour le repos des âmes de mon père et de mon frère préférés.

Problème avec l’hôtel de la Tour. Il est fermé et personne ne répond ni à la sonnette ni au téléphone. Pas encore 13h. Trop tôt.

Je pars boire un  soda noir américain puis trouve l’abbaye de Bonport. Surprise. Elle est fermée jusqu’en mai. Ouverte de mai à septembre les dimanches et jours fériés. C’est peu. La ballade m’a fait passer 2h dehors. Je reviens à l’hôtel. 15h : personne ne répond. 16h : personne ne répond.

Je vais voir au Camp’Eure, le camping municipal en face de mon hôtel. Le gardien Stéphane est adorable. Il a un mobil home disponible mais comme j’ai réservé sur booking il me conseille d’insister. Il m’apprend que la réceptionniste est une jeune femme Africaine très sympathique et qu’il l’a vu aujourd’hui. Je sonne, appelle. Toujours personne. Elle finit par m’appeler depuis un téléphone portable que je ne connaissais pas et me donne les informations utiles pour entrer dans l’hôtel et récupérer la clef de ma chambre.

C’est cosy, un peu kitsch avec vue sur l’Eure et le camping depuis la chambre et sur les remparts médiévaux depuis la salle de bains. J’ai attendu 3h pour entrer dans l’hôtel. Il n’y a pas de papier toilette. Il y a une scie à métaux posée sur le rebord de la fenêtre de la salle de bains (travaux en cours). La TV ne marche pas. Pour un 3 étoiles c’est léger.

A plus de 90€ la chambre, j’attends mieux. La demoiselle Gabonaise de l’accueil est charmante et dynamique mais elle me semble bien seule pour cette grande maison. Elle m’a amené du papier toilette, une bouteille d’eau et expliqué comment faire fonctionner la TV.

Après m’être douché, séché, habillé, j’ai été remercier le gardien du camping municipal. Je l’ai aussi croisé en allant dîner au restaurant Plaisir Gourmand. Il me dit que c’est très, très bon. Je confirme : dîner exquis.

Beignets de camembert en entrée. Coquilles Saint Jacques avec crème, purée de chou fleur et lard fumé en plat. Fondant pistache, glace framboise et crème fouettée en dessert. 51€ avec la bouteille d’Evian et un verre de jus de fruit. Ca vaut son prix. Je me rattrape du restaurant gastronomique fermé la veille.

Pour un randonneur, je conseille plutôt le camping municipal Camp'Eure. Même pas besoin d'amener sa tente.

Remparts de Pont de l'Arche

Remparts de Pont de l'Arche

Vendredi 14 avril :

Départ de Pont de l’Arche à 7h45. Arrivée à Rouen à 12h. Etape ennuyeuse.

Déjeuner à la brasserie Paul à Rouen. Maison sérieuse.

Mon seul objectif est d’arriver à Rouen pour déjeuner avec un copain de fac (rentrée 1989 à l'université de Rennes I. Un ami fidèle). Au lieu du GR2, je suis la D6015, ex nationale 15 qui va de Bonnières sur Seine (78) au Havre (76). La route monte sur un plateau avant de descendre vers la Seine. Bas-côtés larges aux herbes hautes. J’ai marché dans l’humidité tout du long avec, heureusement, de bonnes chaussures de marche imperméables et hautes. Pas de danger mais pas d’intérêt. Arrivé à Belbeuf, je vois un panneau indiquant véloroute et Rouen à 7km.

Evidemment, j’ai foncé dessus. Un long ruban goudronné qui longe la rive droite de la Seine jusqu’à Rouen. Il est 10h30. J’appelle C pour lui dire que je serai sur le parvis de la cathédrale de Rouen à 12h30. En fait, je suis arrivé à 12h. J’ai pu acheter des cartes postales et m’abriter de la pluie dans la magnifique cathédrale de Rouen, plus grande, plus haute, plus riche que Notre Dame de Paris.

Délicieux déjeuner dans la brasserie Paul près de la cathédrale. Entrée du jour : tartare de dorade. Plat du jour : filet de loup avec sauce à la crème et chou-fleur. Dessert du jour : Pavlova aux fruits exotiques. Le soda noir américain habituel pour la recharge en sucres et sels minéraux. Je n’en bois qu’en randonnée après l’effort.

Après le déjeuner amical, C est reparti chez lui finir sa journée de télétravail. Je me suis promené dans Rouen en prenant beaucoup de photos car la ville est magnifique. Pas les quais de Seine mais le vieux Rouen.

J’ai acheté mes fromages normands à la maison Jollit , place du Vieux Marché, sous le marché couvert en suivant les conseils du vendeur : Camembert, Livarot, Pont l’évêque, Neufchâtel, tout au lait cru.

C m’avait indiqué le chemin pour le Vieux Marché et celui pour la gare. J’étais à la gare à 15h30 et il y avait deux trains pour Paris Saint Lazare avant le mien à 17h15. Impossible de changer le billet : bornes HS, guichets pris d’assaut. Je suis donc rentré à Paris comme prévu après avoir écrit, timbré et posté mes cartes postales à Rouen.

Les fromages normands sont excellents.

Mon ami C est aussi amateur de voyages et d'images. Voici sa chaîne de voyages Carpe Mundi.

Le jeudi 20 avril 2023 le Parisien publiait un article sur les travaux de la ligne de train Paris - Vernon/Giverny. " Les touristes arrivent sans pouvoir repartir ". Rien à ajouter.

Le sentier de la Seine se poursuit jusqu'à la Mer, jusqu'à la Manche, de Rouen au Havre, 3e partie de cette randonnée.

Les photographies de cet article sont l'oeuvre de Guillaume Lagrée. Toute utilisation de ces oeuvres sans l'autorisation de leur auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Escalier de la bibliothèque de la cathédrale de Rouen

Escalier de la bibliothèque de la cathédrale de Rouen

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De Paris à la Mer le long de la Seine. 1ère partie: Paris- Vernon

23 Octobre 2023 , Rédigé par Guillaume Lagrée

Seine du Vexin

Seine du Vexin

GR2 Sentier de la Seine

 

Topoguide FFRP n°203 : la Seine à pied en Ile de France

De Paris (75) à Vernon (27)

Dimanche 12 – samedi 18 mars 2023

Train NOMAD de Vernon-Giverny à Paris Saint Lazare

 

Lectrices attentives, lecteurs exhaustifs, vous avez noté sur ce blog que, pour commencer ma marche de Paris à Rome, j'ai pris le GR2 sentier de la Seine, de Paris à Dijon via Auxerre. J'avais donc remonté la Seine jusqu'à sa source à Source-Seine, Côte d'Or, Bourgogne Franche-Comté.

Regardant la carte, je me suis dit qu'il serait certainement agréable de suivre le courant du fleuve jusqu'à la mer, de Paris au Havre, Seine Maritime, Normandie par le même GR2. En commençant par le tronçon Paris-Vernon, précisément décrit dans le topoguide 203 de la Fédération française de randonnée pédestre grâce au soutien du conseil régional d'Ile de France. Mes impôts de contribuable francilien sont bien utilisés car ce guide me fut bien utile.

Espérons que le conseil régional de Normandie pour la partie Vernon - Le Havre et celui de Bourgogne Franche-Comté pour la partie Montereau fault sur Yonne - Dijon financent de tels guides pour promouvoir le GR2. 

" Paris, Rouen, Le Havre ne sont qu'une ville dont la Seine est l'avenue principale " (Jules Michelet). J'ai pu le vérifier tout le long du chemin qui va de Paris à la Mer.

 

Dimanche 12 mars : Paris (75) – Chaville (92)

Départ à 8h30. Arrivée à 18h30.

Hôtel Campanile de Chaville.

Pour arriver à la Seine, je m’abstiens de la marche d’approche et prends le métro, ligne 1, jusqu'à Saint Paul le Marais. Juste avant la Seine, je m’arrête dans un square,  le Jardin des Arts - Albert Schweitzer, rue des Nonnains d'Hyères, pour régler la hauteur de mes bâtons de marche. Impossible de les régler. La malédiction des bâtons se poursuit. Un m’avait lâché en octobre 2022 pour la traversée de la Brie de Paris à Coulommiers (récit à publier). J’ai mis des mois à le faire réparer et maintenant ce sont les deux qui ne se règlent que sur une moitié.

Un homme, la trentaine, vient me voir et parler randonnée vu que j’ai l’air d’un randonneur avec mes vêtements, chaussures et sac au dos. C’est un vrai pèlerin. Il a fait le chemin de Saint Jacques de Compostelle. Il aime camper dehors mais a peur des loups. Je lui explique qu’en France, les chiens sont bien plus nombreux et bien plus dangereux que les loups pour les marcheurs. Il prend pitié de moi et de mes bâtons et me propose les siens. Ceux qu’une Texane qui marchait avec lui a oublié dans une auberge à Compostelle en Espagne. Il vit à 5mn à pied.

Effectivement, nous allons rue de Rivoli. J’attends 5mn au pied de son immeuble et j’échange mes bâtons contre les siens. Echange de coordonnées avec P-E, fonctionnaire au service Voirie de la mairie de Paris. Je ne lui fais aucun reproche sur les travaux en cours vu qu’il me rend service.  La Divine Providence a fonctionné en le plaçant sur mon chemin dès le départ. Ou Mercure Dieu des Voyageurs ou mon ange gardien.

Je pars seul plein Ouest de l’île Saint Louis à l’île de la Cité. Première pause devant Notre Dame de Paris en travaux. Je l’avais quitté pour Rome, avant l’incendie, en mars 2019. En marchant sur les quais de Seine, rive gauche, plein Ouest, j’arrive au parc André Citroën dans le 15e arrondissement. Je le traverse et quitte Paris pour Issy les Moulineaux. Traversée du parc Suzannne Lenglen. Dédalesque malgré les balises. Un molosse sans muselière veut me dévorer mais sa jeune maîtresse le retient à grand peine. Je confirme que les chiens sont plus dangereux que les loups pour les randonneurs.

J’en sors et poursuis les quais de la Seine vers l’Ouest jusqu’à remonter la pente de la route des Gardes à Meudon (le chemin le plus direct de Paris à Versailles emprunté par les Gardes royales au XVIIIe siècle). Je n’ai pas cherché le 25ter route des Gardes où vécut et mourut le docteur Louis-Ferdinand Destouches dit Céline de 1951 à 1961.

L’avenue du château de Meudon est bordée de villas cossues. Il n’y a plus de château mais toujours une esplanade avec une belle vue panoramique sur Paris mais je préfère celle depuis la terrasse du château royal de Saint Germain en Laye. Sur l’esplanade du château, un authentique dolmen.

Ensuite, le bois de Meudon, la forêt domaniale la plus proche de Paris (3,5km à l’Ouest). Un vrai bois que je ne connais que pour l’avoir traversé en voiture en arrivant sur Paris depuis la Bretagne. Splendide. Vallonné, boisé de chênes. J’y perds la balise du GR2. Je demande à une promeneuse qui me dit de faire ½ tour pour revenir à la tour hertzienne d’où je viens. Là, je retrouve une route forestière goudronnée qui descend tout droit jusqu’à Chaville.

Il s’agit maintenant de trouver mon hôtel Campanile. Trois appels à la standardiste de l’hôtel. Un monsieur  me met deux fois sur le bon chemin pour la gare de Chaville rive droite (bien plus loin du bois de Meudon que la gare de Chaville rive gauche).

Arrivée à 18h30, claqué. Douche à peine tiède mais je suis propre. Pas de restaurant dans l’hôtel. De l’autre côté de l’avenue, « Au bureau », restaurant de burgers. Je prends le modèle savoyard avec galette de pomme de terre et fromage à raclette. Coupe glacée pour finir. Soda noir américain pour la recharge en sucre et sels minéraux. Je vais bien dormir cette nuit.

Notre Dame de Paris en chantier

Notre Dame de Paris en chantier

Lundi 13 mars : Chaville (92) – Sartrouville (78)

Hôtel " L' Entre pots " à Sartrouville.

Départ à 8h. Arrivée à 18h30. Nombreux pièges en chemin !

 Petit déjeuner classique d’hôtel.  Le réceptionniste m’explique le chemin pour la gare de Chaville Rive droite où je dois retrouver le GR2. Son chemin est bien plus court que celui que j’ai fait hier en arrivant.

Ensuite je dois traverser la forêt de Fausses-Reposes. Une affiche sur un arbre indique que le chemin est déconseillé en raison du vent. Il y a du vent mais j’y vais quand même. Pas longtemps car un chantier ONF d’abattage bloque le GR. Je contourne la forêt par la route. A une dame qui sort de chez elle je demande mon chemin. Elle m’explique comment rejoindre l’étang de Ville d’Avray rendu célèbre par les tableaux de Corot. Boris Vian est né et a grandi à Ville d’Avray . Je trouve la marque jaune du PR (Petite Randonnée) mais cela ne correspond pas aux indications.

Je prends un autre sentier, arrive à un carrefour et y croise 2 promeneuses qui m’indiquent le chemin de l’étang. Elles y vont. Je les suis. L’étang n’a rien de spécial mais Corot l’a peint et rendu immortel. Ensuite Marnes la Coquette, commune pour riches. La plus boisée et la moins dense des Hauts de Seine. Un village en forêt à 10km de Paris.  Que des villas cossues. Pas de train. Ecole communale Maurice Chevalier. Il y est mort comme Johny Halliday.

Là, le piège. La marque du GR m’envoie vers un chemin qui ne correspond pas du tout au guide. Je passe au-dessus de l’A13 (autoroute de Normandie) et non pas en dessous. Je demande à un promeneur avec son chien. Un homme de 64 ans qui a fait le GR20 en Corse au début des années 1980 avec un sac de 19kg sur le dos et des brodequins. Souvenir marquant manifestement. Il m’amène vers le monument de l’escadrille La Fayette dédié aux aviateurs US morts pour la France en 1917-1918. Imposant.

Là je retrouve ma flèche du GR, au croisement où je me suis perdu tout à l’heure. En fait, j’ai quitté le GR2 chemin de la Seine pour le GR1, Grand tour de l’Ile de France, sans le savoir. Je vois le monument aux morts imposant avec drapeaux français et américain. Je retrouve le GR2 mais ne sais dans quel sens le prendre. Je finis par comprendre mais sors du Parc de Saint Cloud (Saint Cloud a donné son nom au parc qui couvre plusieurs communes) par la mauvaise porte. Je comprends et reviens sur mes pas. Je trouve une bouteille de gel hydro alcoolique quasi pleine posée sur une armoire électrique. Je la prends pour me laver les mains au pique-nique. Je retrouve la marque du GR2 mais dans le mauvais sens. Je comprends et reprends mon chemin.

Ensuite, passage en forêt de Malmaison avec l’étang de Saint Cucufa (saint évêque de Barcelone) qu’appréciait Joséphine de Beauharnais, première Impératrice des Français. C’est charmant. Je sors du parc et retrouve la route qui descend vers la Seine. Croisement à gauche pour entrer dans le parc de la Jonchère à Bougival, première commune des Yvelines, maintes fois peinte par les Impressionnistes. Un sentier qui monte avec de belles vues sur la Seine et des blockhaus allemands vides depuis 1944. Pas étonnant vu la vue sur Seine. 

Je descends au pont de Bougival en manquant la datcha de Tourgueniev, écrivain russe ami de Flaubert, Zola, Maupassant, des frères Goncourt. Trop marché pour visiter. Au pont de Bougival, je fais remplir ma gourde d’eau dans une pizzeria tacos. Je passe le pont et retrouve le chemin de halage qui file tout droit le long de la Seine vers Le Pecq et Sartrouville.

Trop simple. Le chemin de halage est fermé après le Pecq par un énorme chantier d’adduction d’eau. Un voisin m’explique comment suivre la piste cyclable puis trouver sur la gauche un chemin qui me ramène au chemin de halage, après le chantier. Plan impeccable. Je marche le long de la piste cyclable, trouve un chemin de terre à gauche qui me mène jusqu’au chemin de halage, après le chantier.

Je n’ai plus qu’à passer sous le pont de l’A13, trouver le pont ferroviaire, suivre le chemin de fer de la route en contrebas jusqu’à la gare et trouver, devant la gare, l’hôtel restaurant « Entre pots ». Hôtel à l’ancienne. Grande douche et 2 WC sur le palier. Petite douche et pas de WC dans la chambre. Bon repas : lapin braisé, purée maison, salade. Servi froid. Je me plains et l’obtiens chaud. Mieux. Brioche et pain perdu en dessert. Bien dormi dans le noir avec de vrais volets métalliques rabattants à l’ancienne.

Hippodrome de Maisons-Laffitte vu du GR2 en surplomb de la Seine

Hippodrome de Maisons-Laffitte vu du GR2 en surplomb de la Seine

Mardi 14 mars : Sartrouville (78) – Triel sur Seine (78)

Départ à 8h. Arrivée à 16h. Cette fois je ne me suis pas perdu en chemin.

Je commence tranquille par le chemin de halage le long de la Seine. Un promeneur me hèle de l’autre côté de la route pour m’annoncer que le chemin est fermé plus loin. Je me rapproche pour l’écouter me donner le bon chemin. Il m’explique que depuis son jardin il voit randonneurs et cyclistes se casser le nez sur cet obstacle. Ses explications sont justes. Je retrouve le GR2 un peu plus loin en suivant une route qui longe un énorme chantier de construction (133 logements, 136 places de parking) en bord de Seine à Cormeilles en Parisis (95), commune dont Robert Hue (PCF) fut longtemps maire.

Je quitte la route pour monter sur un chemin en sous-bois et me retrouve sur un plateau qui domine la Seine. Du chemin, je vois sur l’autre rive l’hippodrome de Maisons-Laffitte (78). Je suis à la Frette sur Seine, commune où vivait l’écrivain Jacques Chardonne, ami de Paul Morand. Collaborateur de l’Allemagne nazie et styliste de la langue française, vénéré par François Mitterrand (« Les destinées sentimentales » est un chef d'oeuvre). Le long du chemin, reproduction de tableaux peints à la Frette sur Seine.

La marche continue en montant pour arriver à l’église d’Herblay (XII° siècle) avec vue sur Seine. Superbe. La pluie tombe. Je me réfugie dans l’église Saint Martin pour mettre le pantalon de pluie. Quand je sors de l’église, Saint Martin a fait son office. Il ne pleut plus mais je garde le pantalon de pluie tout de même.

Ensuite, descente tranquille jusqu’à la Seine et Conflans Sainte Honorine, confluence de la Seine et de l’Oise, capitale française de la batellerie, commune longtemps dirigée par Michel Rocard (PS). Le 78 était le numéro de la Seine et Oise, département divisé en 1964 entre Yvelines (78), Essonne (91) et Val d’Oise (95). Comme Conflans Sainte Honorine se trouve dans les Yvelines au confluent de la Seine et de l’Oise, ce sont les Yvelines qui ont hérité du 78 de la Seine et Oise. 

A l’Est de l’Ile de France, la Seine et Marne est le seul département de la région qui n’a pas bougé depuis la Convention. Elle porte toujours le numéro 77.  J’ai trouvé en chemin des panneaux Communauté de communes Grand Paris Seine et Oise. Comme quoi, l’expression n’est pas oubliée.

Très jolie ville étalée le long de la Seine. Chapelle des bateliers dans une péniche. Charmante. Ensuite je dois comprendre quel pont prendre pour arriver à Andrésy. Je finis par trouver après le confluent de la Seine et de l’Oise. Beau point de vue et monument aux morts de la batellerie. Et une stèle en hommage au président de la République René Coty et à son épouse, amis de la batellerie.

A Andrésy, pique-nique au soleil en bord de Seine sur une table en béton. Superbe villa River Cotage. Avec un pavillon chinois 1900 qui viendrait de l’exposition, universelle de Paris.

D’Andrésy à Chanteloup les vignes, ça y monte avec un sentier mal signalé à travers champs. Puis ça y descend jusqu’à l’église du XVIe siècle. Nouvelle pause et cierge rituel pour le repos des âmes de mon père et mon frère préférés avec qui j’ai longtemps marché sur les montagnes de Haute-Savoie. Ensuite le sentier remonte et, quand je crois le perdre, un promeneur me l’explique.  Effectivement, je retrouve la balise 200m plus loin. Montée en sous-bois.

Je débouche sur le hameau de Pissefontaine avec une décharge de ferraille des deux côtés du sentier mais une magnifique vue sur la vallée de la Seine. Je descends ensuite jusqu’à la gare de Triel sur Seine. Pas de café mais une agence immobilière où j’obtiens des indications sur la route à suivre pour trouver mon appartement. Je suis le chemin et demande à un garagiste qui me dit de suivre la direction de Carrières sous Poissy pour trouver l’avenue de Poissy. Mon appartement est au 25bis.

Je vois même une plaque de dentiste : cabinet transféré 700m plus loin avenue de Poissy. Je suis le trottoir et trouve un libraire marchand de journaux où j’achète un stylo bille pour écrire ce carnet de bord. Le vendeur m’explique que la route pour Carrières sous Poissy, c’est dans l’autre sens. Demi-tour et je trouve le panneau de direction Carrières sous Poissy. Je suis la rue Paul Doumer. Au bout un magasin bio où j’achète des pommes moches et pas cher (1, 21€ pour 4 pommes. Délicieuses). La vendeuse m’explique que l’avenue de Poissy se trouve juste après sur le même trottoir.

Je trouve le 25bis, fais les codes, ouvre les portes mais ne sais dans quel appartement entrer. J’appelle le propriétaire qui me répond et m’explique. Son épouse passe me voir et m’explique comment fonctionne la machine à laver. Pas de sèche-linge mais un séchoir. Après 3 jours de marche, j’ai grand besoin de faire une lessive. Belle douche à l’italienne mais trop chaude. Impossible de régler la température. Mais le shampooing est fourni. 1er shampooing depuis le départ.

Pas de restaurant à moins d’1km à pied. Marche ou livraison ? J’opte pour la livraison d’une grande pizza 4 saisons. Elle arrive à 20h30, à peine chaude mais me nourrit. Bonne nuit malgré le bruit de la climatisation que je n’arrive pas à arrêter.

Balise du GR2 sur une péniche à Conflans Sainte Honorine

Balise du GR2 sur une péniche à Conflans Sainte Honorine

Confluence de la Seine et de l'Oise à Conflans Sainte Honorine

Confluence de la Seine et de l'Oise à Conflans Sainte Honorine

Mercredi 15 mars : Triel sur Seine (78) – Meulan en Yvelines (78)

Départ à 8h. Arrivée à 13h. Etape facile.

Hôtel du Fort à Meulan en Yvelines.

Mon linge est sec. Je peux mettre des vêtements propres avant de partir. Très appréciable. Pas grand-chose pour le petit déjeuner. Je bois le jus d’orange et mets la madeleine dans le sac. Je prends la route en revenant sur mes pas de la veille, achète pain et pain aux raisins à la boulangerie, le Canard enchaîné chez le marchand de journaux libraire où j’ai acheté la veille le stylo bille qui écrit ce carnet de route. Il me confirme que je vais bien dans la direction de Vaux sur Seine. Je suis la route et trouve la flèche du GR2 juste avant une nouvelle église Saint Martin. Gothique imposant. La rue Galande passe sous le choeur. J'y passe avec le GR2.

Montée jusqu’à un chemin en balcon au-dessus de la Seine. Belle vue. Descente tranquille jusqu’à Vaux sur Seine. Ensuite remontée par un chemin en sous-bois jusqu’à Evecquemont. Très joli village du Vexin français (Parc naturel régional d’Ile de France à cheval sur les Yvelines et le Val d’Oise). Belle église gothique qui relevait de l’abbaye de Fécamp. Je suis bien en marche vers la Normandie. L’église est fermée mais la mairie est en face, avec un banc collé au mur. Une fontaine me permet de laver, mains, bâtons et chaussures. Pause fruits secs sur le banc au soleil.

Sentier à la sortie du village. Pas évident mais je trouve. Chemin à travers champs qui débouche sur une route. Sur la route, un panneau indique : ancienne route de Meulan. Avec un marquage GR Gare. C’est justement à Meulan que je vais. Je suis la gare et la route. Pause déjeuner sur un banc en bord de route. Arrivée à Meulan à 13h. Je trouve l’hôtel du Fort, près de la Seine, en suivant les conseils d’une pharmacienne.

L’hôtel est en face de l’hôpital et fermé entre 12h et 14h. Je vais boire un soda noir américain en terrasse d’un café en lisant le Canard Enchaîné, rituel républicain du mercredi. Je reviens à 14h. Encore fermé. Je repars finir le Canard dans un parc avec vue sur Seine. C’est sur la Seine à Meulan qu’eurent lieu les épreuves de voile des Jeux olympiques de Paris 1900 et 1924. Je reviens à 14h30. Toujours fermé. J’appelle. Une dame charmante me répond que ça ouvre à 15h. Elle me donne le digicode. J’entre et elle arrive me donner la clef. Douche à peine chaude. La malédiction de la douche se poursuit.

Dîner à l’Inattendu, restaurant de cuisine de marché à Meulan. Pas de menu. Peu de choix. Une carte qui dépend du marché. Que du frais et du bon. Ravioles d’asperges et écrevisses avec sauce aux asperges. Tiramisu avec café espresso à verser dessus. ½ Vittel. 27,50€. Excellent rapport qualité prix. Hautement recommandable même si les ravioles avaient refroidi dans la grande et belle assiette en poterie. J’ai conseillé au serveur d’acheter un chauffe assiettes.

Balise du GR2

Balise du GR2

Jeudi 16 mars : Meulan en Yvelines (78) - Mantes la Jolie (78)

Hôtel du Val de Seine à Mantes la Jolie.

Départ à 8h. Arrivée à 16h. Comme la veille, pas de pluie. Un peu de vent. Alternance soleil et nuages. Pas trop perdu en chemin.

Départ de mon hôtel jusqu’à la gare de Meulan-Hardricourt où je retrouve le GR. Belle église en chemin. Ca y monte. En ville puis sur le chemin. A la croisée des Closeaux, croisement du GR2 (Paris- Le Havre) et du GR22 (Paris – Le Mont Saint Michel). Naïf, je prends le GR2 et arrive devant la mairie d’Oinville sur Montcient. En lisant le topoguide, je comprends mon erreur et reviens à la Croisée des Closeaux. Là je retrouve le GR22 qui se transforme plus loin en GR2. Va comprendre. En longeant un bois (balisage peu présent), j’arrive au village de Fontenay Saint Père à 13h. Là, c’est mort. Pas une boutique. Pas de boulangerie. J’aurais dû acheter du pain au départ de Meulan.

Dans ce genre de commune de la Grande Couronne de Paris (Val d’Oise, Yvelines), je vois, à l’entrée de la commune, un grand panneau routier qui indique : ici la région Ile de France aide votre commune. Je l’avais déjà remarqué dans la Brie, en Seine et Marne, lors de ma marche d’octobre dernier sur le sentier des Ardennes (ex GR14).

Valérie Pécresse, présidente du conseil régional d’Ile de France, ex députée des Yvelines, est une élue de cette Ile de France rurale à plus de 50km de Paris. Elle craint que ces communes, bases de son électorat, ne basculent plus à droite. Alors elle les bichonne et elle le montre par ces panneaux routiers.

J’ai vu le même phénomène en Auvergne Rhône Alpes avec Laurent Wauquiez, président du conseil régional, ex député de la Haute Loire, surnommé localement " le Seigneur des panneaux ". D’où les mêmes panneaux à l’entrée des communes rurales, éloignées de Lyon : ici la région Auvergne Rhône Alpes aide votre commune. Même peur électorale, même politique.

Ces panneaux ne se voient pas en Seine Saint Denis ou dans le Rhône je parie. J’espère que cette politique de marqueurs visibles est étudiée par des politistes. Belle église à base romane par ailleurs.

De Fontenay Saint Père, chemin jusqu’à un carrefour avec le GR11 (voie pour Saint jacques de Compostelle avec coquille Saint Jacques dessinée). Bien balisé jusqu’à une descente tout droit sur Mantes la Jolie, sous-préfecture des Yvelines. La collégiale Notre Dame est un modèle réduit de Notre Dame de Paris. Une merveille gothique.

J’appelle 3 fois l’hôtel pour me faire expliquer et je finis par trouver, en bord de Seine, pas loin de l’Intermarché où je fais le plein de fruits secs (figues, raisins) ayant fini ceux que j’avais acheté à Paris . Restaurant facile à trouver. Le planet wok, buffet chinois géant à 200m de mon hôtel. 3 assiettes de salé, 1 assiette de sucré, 1 soda noir américain. Moins de 20€. Pas malade.

 

 

Collégiale Notre Dame de Mantes la Jolie

Collégiale Notre Dame de Mantes la Jolie

Vendredi 17 mars : Mantes la Jolie (78) – La Roche Guyon (95)

Départ à 8h. Arrivée à 15h30. Pas de difficulté.

Gîte de l'Ecu à La Roche Guyon.

 

Je reprends le même chemin que la veille, dans l’autre sens en montant, pour retrouver le carrefour GR2 (sentier de la Seine) & GR11 (chemin de Compostelle). Après un chemin en forêt, arrivée à Follainville. Jolie église vue de loin.

Ensuite, nouveau chemin en sous-bois pour arriver au village de Saint Martin la Garenne. Eglise à clocher roman qui dépendait d’une abbaye normande. Pause fruits secs sur un banc de pierre. La météo a annoncé de la pluie et du vent. J’ai donc mis le pantalon de pluie. Le talisman fonctionne. Soleil et vent toute la journée. Pas une goutte de pluie durant la marche. Descente le long des champs jusqu’à Vetheuil. Vue panoramique sur la Seine. Magnifique. Beau village avec une église du XIIe siècle.

Le sentier remonte pour longer un terrain d’aviation. J’ai vu voler un planeur. Je suis dans une réserve naturelle nationale, les Coteaux de la Seine, au sein du Parc naturel régional du Vexin français (78 communes du Val d’Oise + 20 communes des Yvelines). Nombreux panneaux du ministère de l’Environnement. Je suis dans la Réserve naturelle nationale des côteaux de la Seine.

 Je passe des Yvelines au Val d’Oise. C’est signalé sur un arbre, de chaque côté. Pas loin d’une grotte de dévotion populaire : croix de bois tressées et statuettes. Kitsch mais touchant. Je n’y touche pas évidemment.

Ensuite, le GR2 est vaguement barré avec un arrêté du maire de Haute-Isle qui interdit le passage pour je ne sais quels risques non précisés. Je contourne la barrière et poursuit mon chemin à flanc de coteau en voyant au loin le donjon de la Roche Guyon, poste frontière entre le Royaume de France et le Duché de Normandie. Site d’importance stratégique jusqu’il y a peu puisque le Maréchal Rommel y installa son QG de l’Ouest en 1944. En sortant du GR pour déboucher dans le village, je croise 3 randonneurs qui m’expliquent qu’eux aussi ont vu l’obstacle et l’ont contourné.

Explication : un bloc de roche de plusieurs tonnes s’est détaché de la falaise et a fini sa course sans dommage à quelques mètres de la route et de la mairie de Haute Isle. Par peur de voir sa responsabilité engagée, M. le maire interdit de passer sur le GR2. Comparé aux pierriers du Mercantour dans les Alpes Maritimes, le sentier est facile. Pas large mais pas d’à pic.

J’arrive à la Roche Guyon et trouve mon gîte à deux pas du château. Je ne comprends rien aux instructions pour récupérer la clef. J’appelle la propriétaire. Elle est charmante mais je ne comprends rien à ses explications. Il est 16h. La fille de la propriétaire arrive avec une amie, ouvre la boite à clef et m’explique le système.

2e blague : coupure d’eau dans le village suite à une fuite. Pas d’eau avant 19h30. Pas de douche. Les deux jeunes femmes jouent de la musique. Elles répètent pour un concert au château. De l’électro ambiante répétitive. Pas fort mais pas mon truc du tout. Je sors déguster en terrasse une glace maison framboise & passion à la boulangerie du coin. Délicieux. Je rentre au gite de l’Ecu puis en sors chassé par la musique. Verre en terrasse à l’hôtel de la Seine que je n’avais pas repéré sur Internet. J’admire le passage des péniches.

La Roche Guyon est la seule commune d'Ile de France membre de l'association des plus beaux villages de France. Ce n'est pas volé.

En bord de Seine, reproductions de tableaux peints à la Roche Guyon : Pissarro, Renoir, Braque. J’ai repéré la pizzeria et la crêperie. Pizza plutôt pour rattraper celle de Triel sur Seine. L’épicier arabe du village, Ahmed, sort d’Amélie Poulain. Chauve, petites lunettes, adorable avec ses clientes capricieuses (les mamies du coin). Il vend de belles cartes postales. 2€ pièce mais elles les valent. Je lui en achète 10. Il m’en offre une et une bouteille d’Evian pour compenser la coupure d’eau. Adorable. 

Le gîte de l’Ecu est une vraie maison de femmes. Belle maison bourgeoise de 1870 sur 3 étages. 1er étage : galerie salon de thé. 2e étage : gîte payant. 3e étage : famille. Des livres et des jeux de société. Pas de TV. Vue sur la fontaine et le jardin potager-fruitier du Duc de la Rochefoucauld.

Pizza Maradona à la Casa Victoria. Vraie pizza napolitaine avec tomates, anchois, olives noires, câpres. Délicieuse. Coupe glace citron et limoncello pour finir. Il pleut mais je ne suis plus en marche.

Aujourd’hui en débouchant d’un bois sur un carrefour routier avec un jumping (Yvelines obligent. 3 jolies filles SDF - Sans Domicile Fiscal et Sans Difficulté Financière - font courir et sauter leurs chevaux sous les ordres d’un entraîneur), un chien est venu me voir. Un gros chien noir à poils courts avec une belle mâchoire mais gentil tout plein. Il voulait jouer à la balle. Je tire dedans au pied. Il l’attrape, me la ramène dans sa gueule, la pose à mes pieds pour que je recommence. Je joue quelques minutes puis je lui dis que je dois arrêter pour poursuivre mon chemin. Il a compris et est rentré chez lui en emmenant sa balle dans sa gueule. Ca change de tous ces chiens agressifs qui aboient après les randonneurs.

Châteaux de la Roche Guyon

Châteaux de la Roche Guyon

Samedi 18 mars : la Roche Guyon (95) – Vernon (27) – Paris (75)

Départ à 8h30. Arrivée à 13h30 à Vernon.

 

Confitures bio de framboise, beurre demi sel et lait au frigo. J’achète pain et pain aux raisins à la boulangerie. Je ne comprends toujours rien au système de la boite à clefs et laisse les clefs dans la boite aux lettres.  En prévenant Nadia, la propriétaire. Avant cela, j’avais fermé à clef la porte de mon gîte en sortant à la boulangerie. Grave erreur. Impossible d’ouvrir en revenant. Je réveille la fille de la propriétaire au 3e étage, laisse un SMS à la propriétaire et finit par réussir à ouvrir. Je n’ai pas fermé à clef en partant, seulement la porte du gîte donnant sur la rue.

De La Roche Guyon, après un bref passage sur la route en longeant des habitats troglodytes toujours occupés (garage, café), je prends un sentier qui monte jusqu’à un croisement de route. Point de vue panoramique sur les collines du Vexin.

Après Gommecourt, je passe la vallée de l’Epte et entre dans l’Eure, en Normandie, à Sainte Geneviève les Gasny. Aucun panneau indicateur mais c’est écrit Eure dans l’abri bus.

Ensuite ça y monte dans le bois, débouche sur un plateau pour descendre sur Giverny, village mondialement connu grâce à Claude Monet.  Pas vu le musée. A un embranchement, en plein bois, aucune indication. Je pensais suivre le sentier à flanc de coteau. C’était le bon m’a confirmé un promeneur.

Je reprends un sentier qui monte sur les coteaux de la Seine en plein bois. Je vois en bas la Seine et Vernon. Sur la gauche un sentier descend raide vers la Seine. Pas de marquage mais c’est le bon sentier. La terre est boueuse, glissante et la pente raide. Je chois sur le Q. Sans dommage. Arrivé en bas, je retrouve la balise du GR2 et un chemin goudronné le long de la Seine qui mène au pont de Vernon.

Je m’arrête à une table avec poubelle pour un dernier pique-nique en bord de Seine. Il me reste du pain, une pomme, des fruits secs, et la fin d’un saucisson fumé de montagne de l’Ecole nationale des industries du lait et des viandes de La Roche sur Foron (74) acheté à Paris au ministère de l’Agriculture. Un beau chien husky tire désespérément sur sa laisse pour atteindre le saucisson. Il n’y arrivera pas car sa maîtresse résiste à l’autre bout de la laisse.

Je passe le pont de Vernon, prends une dernière photo de la Seine et arrive chez un marchand de journaux où j’achète les dernières cartes postales. Il m’explique où trouver la rue Saint Jacques. Je trouve la rue Saint Jacques et j’y trouve la Fromagerie, maison fondée en 1958. Les avis des internautes ne sont pas usurpés. Maison sérieuse où j’achète du fromage du cru au lait cru : camembert, livarot, neufchâtel pour les classiques, crémeux du Mont Saint Michel et chèvre en écrou de la Manche pour les moins connus.

Je me fais indiquer le chemin de la gare et m’arrête à une brasserie avant la Poste. En regardant le tournoi des 6 Nations (Ecosse-Italie. Victoire des Ecossais avec des Italiens vaillants mais toujours aussi maladroits) je savoure un émincé de volaille du pays d’Auge crémeux à souhait et un dessert à l’ananas, avec de la crème encore. Je suis bien en Normandie. Ensuite je trouve la gare grâce à une mamie qui m’indique le chemin. Je prends mon billet de train NOMAD pour Paris Saint Lazare. Le train circule. Départ à 16h50. Arrivée à 17h50 et non pas 17h58 comme indiqué sur l’horaire. Métro jusqu’à chez moi. En sortant je trouve les poubelles étalées partout dehors comme je l’ai vu à la télévision cette semaine. Douche puis 2 lessives. Pas de dîner. Endormi à 21h. Seine fatigue. Prêt à repartir dans un mois en Normandie de Vernon à Rouen.

En chemin, j'ai envoyé chaque jour des photos des bâtons en situation à P.E qui me les avait prêtés. Il transmettait les photos à la Texane qui avait écrit dessus TEXAS. Quelques jours plus tard, à Paris, j'ai rendu ses bâtons de marche à P-E. Depuis je me suis acheté d'autres bâtons plus chers mais plus fiables.

Le récit de ce chemin de la Seine se poursuit de Vernon à Rouen, en Normandie.

 

Les photographies de cet article sont l'oeuvre de Guillaume Lagrée. Toute utilisation de ces oeuvres sans l'autorisation de leur auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Seine de Vernon

Seine de Vernon

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Paris - Rome VIe Partie. Nyon (CH) - Aoste (I). De la Suisse à l'Italie. Le passage des Alpes

10 Août 2023 , Rédigé par Guillaume Lagrée

en montant vers le col du Grand Saint Bernard

en montant vers le col du Grand Saint Bernard

Paris- Rome

VIe partie

Le passage des Alpes

De la Suisse à l’Italie

Sur les pas de Napoléon Bonaparte

Nyon (CH) – Aoste (I)

11 jours de marche

Dimanche 9 – mercredi 19 juillet 2023.

Guide Via Francigena de Cantorbery (UK) au col du Grand Saint Bernard (CH)

Guide Via Francigena depuis le col du Grand Saint Bernard (CH) jusqu'à Rome (I)

ou

Guide Via Francigena du Grand Saint Bernard (CH) à Rome (I).

Suivre les flèches jaunes du tourisme pédestre en Suisse

 

Dimanche 9 juillet : Paris- Nyon – Saint Prex

Chambre d'hôtes Aux 4 saisons à Saint Prex. 

22km.

L’étape peut se faire en train avec les CFF  ( Chemins de Fer Fédéraux) ou en bateau avec la CGN ( Compagnie Générale de Navigation).

Départ à pied de la gare de Nyon à 12h30

Arrivée à 19h15 à Saint Prex.

En juillet 2022, j’étais passé de France en Suisse en franchissant le Jura pour terminer à Nyon, canton de Vaud, face au Lac Léman et aux Alpes.

En juillet 2023, je pars de Nyon pour franchir les Alpes et arriver en Italie à Aoste.

Réveil avant 6h. Je vide le réfrigérateur, coupe l’eau et l’électricité. Je ferme tout et boucle le sac. TGV Lyria Paris gare de Lyon –Genève Cornavin. Départ à 8h18 du train. Au passage à Sarry (89), au croisement des lignes grande vitesse Alpes et Méditerranée, je salue ma tante F chez qui j’ai logé en juillet 2021 lors de ma traversée de la Bourgogne à pied d’Auxerre à Dole.

J’ai 20mn de battement à Genève pour prendre le train des CFF pour Vevey qui s’arrête à Nyon. Dans mon compartiment de 1ère, une colonie de vacances. Le chef des animateurs est un expert. Pas un éclat de voix de Paris à Bellegarde (01) où tout le monde descend en ordre avec les valises, les sacs et un seau de balles de tennis. Le groupe est compté un par un sur le quai de la gare. J’ai été animateur de centre de vacances il y a 30 ans. Je parie que les enfants vont passer de superbes vacances. Je m’en porte garant pour les parents.

Le TGV Lyria France – Suisse est à l’heure française. Arrivée prévue à 11h30 à Genève Cornavin, effective à 11h45 sachant que mon train pour Nyon part à 11h50. J’ai eu ma correspondance. Je descends du train à Nyon, cherche, quand une voix de femme appelle « Guillaume ! ».

C’est L, une amie d’enfance qui vit en Suisse depuis 25 ans. Nous ne nous sommes pas vus depuis 25 ans. J’ai déjeuné avec sa mère chez ma mère début mai. Quand j’ai expliqué mon parcours de cet été, elle m’a expliqué que sa fille vit à côté et donné ses coordonnées. Je l’ai contacté et L. est au rendez-vous.

Nous marchons ensemble le long du lac Léman de Nyon à Rolle, le village de Jean-Luc Godard. Nous trouvons un banc à l’ombre, avec poubelle, face au lac pour le pique-nique. J’ai des terrines de poisson de la Belle Iloise et des fruits secs. Elle a du pain, des fruits et légumes frais. Bon échange.

Nous marchons à partir de 13h30 en pleine canicule. Soit sur un sentier boisé le long du lac soit sur la piste cyclable le long de la route fédérale Genève – Lausanne. Plus direct par la route mais moins d’ombre et vue moins belle. Nous nous racontons 25 ans de vie en marchant. C’est bien mieux qu’une discussion par écran ou au téléphone. Généreusement, L. m’offre quelques pièces suisses et un panier d’abricots du canton de Vaud acheté à un distributeur automatique à l’entrée d’une ferme le long de la route.

Arrivés à Rolle, L. reprend le train pour rentrer chez elle. Pause rafraîchissement aux fontaines. Je reprends mon chemin seul. Je commence à fatiguer. Il est 19h et je ne suis pas encore arrivé à Saint Prex. Pause à Allaman Plage, près du restaurant de plage. J’appelle mes hôtes qui commençaient à s’inquiéter de mon sort. Ils proposent de venir me chercher en voiture. J’accepte car même si j’ai de quoi manger et boire mes jambes sont lourdes et ma motivation éteinte.

Accueil adorable par un couple de sexagénaires très sympathique, Claire-Lise et Jean-Luc. Je suis comme chez une tante de province en France. En Suisse, on ne soupe pas tard. Je prendrai ma douche après le repas. J’enlève mes chaussures de marche, me lave les mains et savoure une tarte au thon et à la tomate. Une salade verte. Une bavaroise aux fruits rouges. Pas de fromage. Tomates, salade et fruits rouges viennent de leur jardin. Jus de pomme de la ferme voisine. Salle de bains familiale avec grande douche. Je dors dans une chambre de leurs enfants. Vue magnifique sur les Alpes françaises, sans le Mont Blanc, depuis leur salon.

Petit déjeuner à 7h30. Pas de carte bleue mais Jean-Yves m’emmènera le matin retirer de l’argent au Bancomat de Saint Prex. Saint Prex qui a inspiré à Jean-Jacques Rousseau le nom du chevalier de Saint Preux dans La Nouvelle Héloïse. Des scènes du roman se déroulent dans le village. De ma fenêtre ouverte sur la nuit étoilée, j’entends le pas d’un cheval sur le chemin. Magique.

 

Lundi 10 juillet : Saint Prex – Lausanne. 16km.

L’étape peut se faire en train avec les CFF ou en bateau avec la CGN.

Départ : 9h

Arrivée : 15h

Auberge de jeunesse internationale de Lausanne. 

Fabuleux petit déjeuner. Le meilleur de tout le parcours et de loin. Thé à la menthe fraîche du jardin. Jus de pomme fermier. Fromages suisses. Yaourts suisses aux fruits. Brioche et confitures maison. Miel de montagne. Pain frais maison du four. Jambon italien. Fruits frais. Jean-Yves m’emmène en voiture à Saint Prex, à la banque cantonale vaudoise, retirer de l’argent suisse. Je règle mes 90CHF pour la nuit en ½ pension. Pas volé vu la qualité de l’accueil. Il est prêt à m’emmener en voiture jusqu’au sentier du lac mais je me débrouille en suivant, comme la veille, la piste cyclable le long de la route Genève- Lausanne.

Il m’a indiqué un sentier le long de la voie ferrée. De la route, je vois le chemin de fer et un chemin d’accès. Effectivement, je trouve un sentier en sous-bois ce qui est bien plus agréable que de longer la route au soleil. J’entends les voitures, les trains mais ne vois ni les uns ni les autres. Je trouve le sentier de la truite qui longe le lac Léman pour arriver à Morges. En sous-bois, avec ruisseau, débouchant sur le lac Léman hors plage et villa. Superbe. Marche le long d’une longue plage puis je retrouve la route pour Lausanne & la piste cyclable parfois à l’ombre. Les lignes de bus me fournissent des abris réguliers et me permettent de mesurer ma progression.

Vers 13h, pique-nique à l’ombre d’un muret face à la route. Enfin le chemin me ramène au lac Léman. Je trouve vite une fontaine pour remplir ma gourde. Par principe, je demande à un homme qui se sert si elle est potable. « Vous êtes en Suisse. Elle est très bien filtrée. Il va rien vous arriver. On n’est ni en Espagne, ni en Italie, ni en France. ». Voilà, c’est dit. Un cycliste me dépasse et voyant le drapeau français qui dépasse de mon sac à dos me gentiment : « Bonjour, la France ! ».

Je marche le long du lac. Au loin, une réplique de bateau de guerre du XVIe siècle (époque où des pirates sévissaient sur le lac). Devant moi, un séchoir à poisson en plein air. C’est écrit sur la maison : « Poisson et pêcheur sauvages du Lac ». Je n'ai pas goûté le poisson.

Je dépasse le parc archéologique de Lausanne Vidy (traces visibles de la Lausanne gallo-romaine. Ier-IVe siècle après J.C). J’appelle l’auberge de jeunesse de Lausanne où je dois loger ce soir. J’apprends que je suis allé trop loin. ½ tour vers Genève. Je ne trouve pas, rappelle mais le portable ne passe plus. Par contre, Google Maps fonctionne et m’amène à bon port. L’auberge de jeunesse est à côté du musée romain de Lausanne Vidy. Je suis bien en marche vers Rome.

A l’auberge de jeunesse de Lausanne, pour la première fois depuis mon départ de Paris en mars 2019, je fais tamponner ma crédence puisque c’est à Lausanne que je trouve la Via Francigena (chemin des Francs), sentier des pèlerins vers Rome. Je reçois le tampon Compostelle mais c’est le principe.

Je réussis à obtenir la wi fi, à faire une première lessive dans une machine à laver qui fonctionne avec des pièces suisses (merci encore à L qui m’en a offert la veille). Pas de séchoir à linge mais, vu la chaleur, je fais sécher mon linge sur une rambarde. Trop fatigué pour aller me baigner dans le lac. Je ne bouge plus et soupe ici ce soir.

J’ai pris ce matin une banane de Guadeloupe & Martinique achetée sur France par mes hôtes. Elle s’est écrasée dans le sac mais je la mange quand même. Sauf à disposer d’un récipient léger et protecteur, ne jamais mettre une banane dans un sac à dos.

Dîner en self-service. Gaspacho délicieux. Couscous végétarien moyen. Tartelette sans plus.

Un peu de repos le soir sur la chaise longue au jardin mais les oiseaux sont très bruyants.

Nuit difficile. Peu et mal dormi. Chambre monacale mais pas fraîche. Fenêtre avec une ouverture minime. Pas de climatisation, principe qui me convient. Fenêtre fermée, j’étouffe. Ouverte, j’étouffe aussi mais avec un peu plus d’air. Air qui reste très chaud sans orage.

 

Mardi 11 juillet : Lausanne – Vevey. 22km.

L’étape peut se faire en train avec les CFF ou en bateau avec la CGN .

Départ :7h20

Arrivée : 11h30

Hôtel Abaca à Vevey.

Déjeuner à 6h30. Horaire pour randonneurs. Pas aussi fabuleux qu’à Saint Prex mais très correct. Ice tea maison. Eau fraîche infusée avec orange, menthe et citron.

Départ à 7h20. Je trouve facilement le chemin, traverse de nouveau le parc archéologique gallo-romain et arrive au port de Lausanne Ouchy. Magnifique. Grands bateaux, grands hôtels et belles fontaines. Je bois sans entamer la gourde.

Ensuite sentier du lac. Magnifique et facile. Point de vue somptueux. Bancs. Fontaines d’eau potable. Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté (Charles Baudelaire). Tout invite au repos et à l’admiration. J’avance tout de même en longeant de belles plages sans me baigner. Le chemin finit par remonter sur les coteaux du Lavaux, patrimoine mondial de l’humanité, dans le vignoble avec vue sur le lac et les Alpes. Plein cagnard. Je m’abreuve aux points d’eau dans les vignobles. Halte CFF à Villeneuve. Je ne vois pas où prendre un billet de train. Respectueux du règlement, je poursuis mon chemin et arrive à Cully, village vigneron où a lieu un festival de Jazz au printemps.

Cf extrait audio au dessus de cet article avec Richard Galliano en concert au Cully JAZZ festival.

Bien plus accessible que le Montreux Jazz festival et sa machinerie Pop. Je trouve la gare CFF et le train pour Vevey. En enjambant une clôture. Le train met 7 mn alors qu’il me reste 2h de marche au soleil.

 Le choix est vite fait. Je vois le distributeur de billets mais n’ai pas le temps de le prendre. Je voyage donc en fraude pendant 7 mn de Cully à Vevey. Pas de quoi ruiner les CFF.

Office de tourisme devant la gare. Fermé. Je descends au lac et trouve une fontaine pour remplir ma gourde. Et l’office de tourisme ouvert où je fais valider ma crédence de pèlerin pour Rome. Je prends un plan de la ville et trouve un coin à l’ombre, sur une pelouse, face au lac et aux Alpes. Parfait pour un après-midi pique-nique et baignade.

J’ai rendez-vous avec ma mère préférée et mes neveux qui visitent le musée Chaplin de Vevey. Raté car elle arrive à l’hôtel alors que je suis au lac et ne veux pas venir au lac. Bref.

Après-midi à l’ombre face au lac Léman et aux Alpes à manger, boire, me baigner, me reposer, regarder les bateaux, prendre des photos. Le parfait touriste, observateur et observé. De 12h à 16h. Puis je monte jusqu’à l’hôtel Abaca, facile à trouver grâce au plan offert par l’office de tourisme de Vevey.

L’hôtel est dans un immeuble avec une fontaine devant. Réception au 1er étage, chambres au 7e étage. Avec ascenseur. Le réceptionniste met le 1er tampon Via Francigena sur ma crédence. Il a été en internat chez les frères à Saint Maurice. Il connaît le chemin.

Après la douche, je bulle jusqu’à l’heure de sortir trouver un restaurant. Avec blouson et pantalon de pluie car l’orage menace. Sage précaution. Belles photographies du lac et des Alpes entre deux passages orageux. Les restaurants sont fermés ou complets. Un hôtel 3 étoiles a fermé son restaurant jusqu’au 24 juillet pour cause de vacances alors que le Montreux Jazz festival bat son plein et que les rues de Vevey sont remplies de touristes.

Je finis par trouver un restaurant traditionnel suisse, le Mazot. Un mazot c’est la cabane en bois des vignerons suisses. Ca se trouve aussi sur France, en Haute-Savoie.

Filets de perche d’Estonie (le lac Léman ne suffit pas à fournir la demande) bien préparés avec frites maison, tranche de citron, salade verte avec vinaigrette maison (pas de l’industrielle blanchâtre) au vrai vinaigre, pas au balsamique. J’apprécie. Dessert typique du Valais, sorbet abricot avec abricotine (alcool d’abricot. AOP suisse). Terrible. Verre de vin blanc suisse pas mémorable. Un jeune couple d’Américains s’assied à la table voisine. L’homme parle français car il a vécu 2 ans à Lausanne. Ils viennent de Washington. La grêle tombe. Il en ramasse et je lui apprends le mot « grêle ». En échange, il m’apprend le mot « hail » en anglais. Comme la chanson de Chuck Berry « Hail, hail, rock’n roll ». Ils sont alpinistes. Moi marcheur. Chacun est impressionné par les exploits de l’autre. La nuit dernière, ils dormaient dans un duvet, à flanc des Grandes Jorasses, au-dessus de Courmayeur(Italie). Je leur laisse la carte de mon blog Le jars jase jazz avec mon courriel.

Retour à l’hôtel sous la pluie, face aux éclairs. Je me perds d’abord puis suis la ligne de bus qui me ramène à la gare CFF de Vevey. De là, c’est tout droit en montant. La porte d’entrée de l’immeuble est ouverte. Heureusement car la réception de l’hôtel est fermée. Petit déjeuner continental à 7h. Il fera moins chaud demain après une nuit d’orage. D’après un panneau sur un quai de Vevey, il faut compter 6h30 de marche jusqu’à Aigle.

 

Mercredi 12 juillet : Vevey – Aigle. 27km

Départ : 8h

Arrivée : 13h

B&B Le relais du château à Aigle.

Bon petit déjeuner. En partant, je remplis ma gourde à la fontaine devant l’hôtel. Je redescends au lac. La rivière Vevyesse a énormément grossi après une nuit d’orage. Impressionnant. Je reprends le sentier le long du lac. La Riviera vaudoise. Un paradis pour riches que j’emprunte gratuitement. Je passe par la Tour du Peilz où le peintre français Gustave Courbet mourut en exil en 1877. Il y peignait des marines du Lac Léman.

Le sentier quitte le lac et remonte longer la route et la piste cyclable. Pas très intéressant alors que le ciel reste menaçant. Je repère un bus qui termine à Ravennaz ce qui m’avance sur mon chemin. Je monte dans le bus et une passagère m’explique comment prendre un billet au distributeur automatique. Pas d’achat au chauffeur comme à Paris. Rien compris à la logique suisse du distributeur. J’ai pris un billet mais pas le bon. C’est un progrès par rapport au train Cully -Vevey que j’ai pris sans billet.

Je ne suis donc pas passé à pied par Montreux. De toute façon, il était trop tôt pour les concerts du Montreux Jazz Festival. J'ai juste repéré une pharmacie Jazz au passage. Je parie qu'il n'y a pas eu en 2023 de concert aussi immense que celui de Gato Barbieri pour l'édition 1971, mon année de naissance. Cf vidéo sous cet article.

Arrivé à Ravennaz, je descends du bus et demande mon chemin pour Aigle à un homme qui promène son chien. Il m’indique un chemin par le bois et les Grangettes. Long mais beau me dit-il. C’est ça ou la route. Je choisis le chemin mais j’ai un doute. Un banc en métal sous un arbre me fournit le prétexte pour m’arrêter et regarder la carte. Je fais bien. Suivre ce chemin revient à revenir vers Villeneuve et le fond du Lac Léman, soit à l’opposé de mon objectif du jour.

Je vais à la fontaine du village. Non potable est-il écrit dessus. Un homme me rassure. Elle n’est pas contrôlée mais c’est de l’eau de source des montagnes. « J’en bois et je suis encore là ! » ajoute-il. Il m’explique le chemin et me donne de 1h30 à 2h pour le faire, selon mon rythme de marche. En fait, j’ai mis 3h.

Je n’ai jamais trouvé le sentier le long de la voie ferrée indiqué par l’homme de la fontaine. Je suis la route et la piste cyclable pour Aigle, à l’écart des voitures. Presqu’arrivé, je trouve le sentier et demande mon chemin à un vigneron qui inspecte ses vignes suite aux orages de la nuit précédente.

Il m’explique clairement le chemin pour Aigle. 1ère à droite. Au bout à gauche. Longer le terrain de football, prendre à droite, monter l’escalier, passer un pont, suivre le sentier, passer une passerelle métallique, puis à gauche.

Le long de la route, j’ai interrogé un autre vigneron sur les conséquences des orages. La grêle n’a pas fait trop de dégâts. Elle tombe au moins une fois par été. Il m’explique les vents, les orages et les montagnes. Je suis à Yvorne, village vigneron, en plaine, appellation de vin suisse, encaissé entre les montagnes.

Arrivé au bout de la route, je suis tenté d’aller à droite pour passer sous le pont ferroviaire. D’autant plus qu’il y a un terrain de football.

Je respecte cependant les indications du vigneron. Elles sont précises. Je débouche à la passerelle métallique et trouve les panneaux jaunes du tourisme pédestre en Suisse.

A gauche, Aigle, Aigle centre. A droite, Villeneuve par les Grangettes. Les indications du 1er homme consulté à Ravennaz n’étaient pas fausses. Elles m’auraient juste bigrement rallongé.

Pique-nique sur un banc avec la rivière qui gronde dans mon dos et un stade calme devant.

En ville, je ne trouve pas l’office du tourisme pour valider ma crédence de pèlerin. Je monte au château d’Aigle, y trouve une fontaine et appelle mon hôte. Il vient me chercher en voiture. Devant le restaurant en face du château, une vingtaine de sacs à dos, des bâtons avec bannières et 3 jeunes scoutes affalées par terre qui gardent le tout.

La maison est à 5mn de voiture. Un Suisse marié à une Brésilienne, ancien commandant de sapeurs-pompiers qui a créé son bureau d’études en sécurité incendie, soigne sa vigne dans son jardin et gère sa chambre d’hôtes. Il a longtemps travaillé en coopération avec des sapeurs-pompiers du Brésil d’où son mariage.

Petite chambre bien aérée avec vue sur le jardin. Salle de bains et WC communs à plusieurs chambres mais moins qu’à l’auberge de jeunesse de Lausanne évidemment.

Après la douche et le repos, je descends à pied en ville, trouve l’office du tourisme pour faire tamponner ma crédence, achète les premières cartes postales du voyage et repère les restaurants. Certains sont fermés. D’autres ne me plaisent pas. Je vais essayer la Pinte du Paradis, en haut, face au château. L’hôtesse de l’office de tourisme m’affirme que ce n’est pas que beau, qu’on y mange bien aussi. Je vais vérifier sur pièces et sur place, comme disent les comptables. J’ai laissé mes vêtements à la machine à laver de la maison.

Le guide officiel de la Via Francigena me semble optimiste. Il indique 18km et 5h de marche d’Aigle à Saint Maurice, mon étape de demain. Devant le château d’Aigle, la flèche jaune du tourisme pédestre indique 7h de marche. Je parie pour la 2e hypothèse. Je vérifierai cela demain.

La Pinte du Paradis n’usurpe pas son nom. D’abord parce qu’il y a le Clos du Paradis (vignoble) juste à côté. Puis une vue en terrasse splendide sur vignobles, ville et montagnes. Un accueil sympathique et des prix raisonnables. En ce moment, 1CHF = 1€ ou à peu près. La conversion est facile. Boeuf aux 3 poivres, frites et ratatouille. Carpaccio d’ananas, glace citron basilic grains de grenade et une fraise. Délicieux.

L’orage commence à tomber vers 20h alors que je rentre me mettre à l’abri à la chambre d’hôtes.

 

Jeudi 13 juillet : Aigle – Saint Maurice. Passage du canton de Vaud au canton du Valais.

18km officiels. + 300m de dénivelé.

Départ : 8h

Arrivée : 18h

Hôtel-restaurant La dent du Midi. Saint Maurice.

Petit déjeuner à 7h. La patronne est là. Bien mais pas aussi bon qu’à Saint Prex chez Claire-Lise et Jean-Luc.

Je récupère mes vêtements propres mais pas tout à fait secs. Gros orage cette nuit. Il pleut encore un peu ce matin. Pantalon et blouson de pluie.

Le guide officiel de la Via Francigena indique 5h de marche. Le panneau au château d’Aigle indique 7h de marche. Il m’a fallu 10h de marche, pauses incluses, pour arriver à Saint Maurice.

Le plus difficile fut d’atteindre Bex que le guide ne mentionne pas mais auquel tous les panneaux directeurs conduisent.

Sur le terrain, je suis le sentier des vignes qui va d’Aigle à Saint Maurice en passant par Bex (j’ignore si Emmanuel Bex a joué à Bex).

Longue étape aujourd’hui. J’ai bien fait d’abréger la veille pour arriver à Aigle en prenant le bus, l’avant-veille pour arriver à Vevey en prenant le train.

 

En chemin, je croise un banc et une balançoire, un pneu pendant à deux chaînes de fer accrochées à une branche au milieu du sentier. Jamais vu de balançoire sur un sentier en France. J’ai testé le banc pas la balançoire. Là j’ai perdu un embout en caoutchouc de bâtons de marche. Un couple de sexagénaires suisses, adepte du géo catching, m’aide et le mari le retrouve. Nouveau jeu pour eux. Ils ont souffert des tiques vers Dijon où je suis passé à l’été 2021. En remuant les branches pour trouver des indices, ils font tomber les tiques sur eux. Marchant sur le sentier balisé, j’évite ce désagrément.

Je passe par le Montet (688m). Le sentier monte, monte et je le perds presque en haut. Je sors sur une route forestière sans savoir où aller. Il est 13h et je marche depuis 8h le matin.

La fatigue se fait sentir et me rend plus idiot que d’habitude. J’entre dans une carrière de pierres alors qu’un grand panneau, écrit en français, indique bien que c’est interdit. Stupide et dangereux.

 Un camionneur me hèle et me remet sur le droit chemin sans m’engueuler alors qu’il aurait pu vu les risques encourus (explosifs, pierres, camions).

Je reprends la route forestière qui descend jusqu’à un carrefour de chemins avec des panneaux de tourisme pédestre.

Plusieurs directions indiquées mais pas celle de Bex. Les indications du camionneur sont claires et précises. Au tas de gravier, revenir en arrière. Bref, tourner à gauche à angle droit. La carte valide.

Je poursuis mon chemin et arrive à Bex pour 15h. Vu un couple âgé qui dormait face à face à la terrasse d’un café. La serveuse ne les a pas réveillés. Je suis à Bex, pas à Paris. Là je reprends le sentier des vignes pour Saint Maurice plutôt que la route. Après avoir rempli ma gourde à la fontaine. Petite route avec peu d’ombre. Le soleil est revenu. Je suis bien sur le sentier des vignes puisque je marche dedans. Une voiture me dépasse. Celle d’un vigneron qui va inspecter son bien.

Je continue de monter. Le sentier des vignes dit à gauche par la route. Le sentier pédestre dit à droite par un sentier. Je demande à un ouvrier qui taille une haie. Il arrête son engin, retire son casque anti bruit et m’explique gentiment que la route fait un détour. J’ai meilleur temps (expression suisse et franc-comtoise) de prendre le sentier pédestre. Sage conseil. Je débouche sur une communauté religieuse catholique : « La Source. La Pelouse ».  J’hésite sur le chemin à prendre. J’irai bien à droite mais le sentier pédestre dit à gauche.

Une voiture s’arrête. Une fenêtre s’ouvre côté passager. C’est une bonne sœur qui m’indique, avec le sourire, de prendre à gauche et qu’il me reste 1h de marche pour Aigle.

Sage conseil. Je suis ce chemin. Un panneau m’indique un sentier pédestre à droite pour Saint Maurice. Cela me semble bien raide après des heures de marche et deux chutes sans gravité dans la journée, en montant au Montet.

Je poursuis donc la route et le sentier des vignes. Je descends doucement par une route de vignerons, en lacets, trouve une fontaine pour remplir ma gourde (la Suisse est un Paradis fiscal à l’ombre des fontaines). Je discute de mon chemin avec un prêtre qui va à la communauté de femmes de la Source, la Pelouse. Une sœur et un prêtre dans la même journée. Manifestement, je quitte le canton de Vaud, protestant (Aigle première paroisse francophone au monde avec Guillaume Farel en 1528. Une plaque gravée le rappelle sur place) pour le canton du Valais, catholique, celui qui fournit les Garde Suisses au Vatican. Je suis bien en marche vers Rome.

Je débouche sur un carrefour de routes sans indication de Saint Maurice alors que la ville est sur l’autre rive du Rhône. Je demande mon chemin à 2 dames blondes sportives qui m’indiquent où trouver le pont sur le Rhône et comment arriver à Saint Maurice, canton du Valais.

J’arrive à Saint Maurice et appelle l’hôtel. La réceptionniste ne sait pas me dire le chemin et Google Maps ne passe pas. Je marche dans la Grand Rue (piétonne) et demande à un serveur qui m’explique de revenir sur mes pas. Service !

J’ai dîné dans son restaurant, le Napoli, en remerciement.

Je trouve l’hôtel. Douche et repos. Enfin !

Au Napoli, grande assiette de pâtes aux bolets, lardons, crème fraîche et parmesan. Grand soda noir américain. Coupe glacée vanille, chantilly et fruits rouges. Bref, la recharge en sucres rapides et lents après une longue journée de marche.

Je ne dors pas à l’hôtellerie franciscaine (pas repérée sur Internet) mais c’est là que je fais valider ma crédence. Vu mon heure d’arrivée, je n’ai vu l’abbaye de Saint Maurice que de l’extérieur. Imposante.

Demain matin, petit déjeuner à 7h. Partir tôt car seuls les 5 premiers pèlerins arrivés trouveront un lit au gîte paroissial de Martigny. Aucune réservation n’est possible. Premier arrivé, premier servi. Il y a de l’enjeu.

 

Halte pour randonneurs en Suisse

Halte pour randonneurs en Suisse

 

Vendredi 14 juillet : Saint Maurice – Martigny.

17km.

Départ : 8h

Arrivée : 13h

Gîte paroissial de Martigny.

Petit déjeuner correct mais sans plus. Je demande à remplir ma gourde. Je ne suis vraiment pas réveillé car j’essaie de la remplir avec le distributeur de lait froid. En plus, j’ose me plaindre à la serveuse que je n’y arrive pas. Elle me montre les bouteilles d’eau froide. Honte pour moi ! Bref, je pars avec un mélange eau froide & lait froid dans la gourde. Buvable. L’étape est courte et je dois tracer pour arriver à temps à la Maison paroissiale de Martigny. Seuls les 5 premiers arrivés seront logés pour 20CHF la nuit. Ce sera plus austère mais moins cher qu’une chambre d’hôtel. Pas de réservation.

Le sentier tourisme pédestre indique Martigny par un chemin qui ne correspond pas du tout au guide de la Via Francigena.

Je suis le sentier 70, celui de la Via Francigena en Suisse. Je le perds et le retrouve régulièrement.

A la sortie de Saint Maurice, je le perds. Je me retrouve à longer la route pour Martigny en évitant la bretelle d’autoroute. Pas agréable.

Je trouve un sentier pédestre « Vers le Bois Noir ». Carte et guide sont d’accord. C’est le bon chemin. Je le suis en forêt jusqu’à retrouver le sentier 70 de la Via Francigena vers Martigny. Je le suis, entre dans un village, le perd, reprend la route et le retrouve au village suivant, la Baltaz.

Ainsi de suite jusqu’à Martigny. Chemin sur une vallée glaciaire, plate comme la main mais entourée de montagnes. Le long de la route, j’admire la cascade de la Pissevache, la plus belle et la plus imposante de tout le parcours depuis Paris. A l’horizon, le massif du Mont Blanc. Avant l’arrivée à Martigny, le long de la route, magnifique verger d’abricots du Valais. J’en ramasse par terre, les goûte. Ils sont délicieux. Ils sont à vendre chez le producteur Constantin un peu plus loin. J’en achète 400g, hors poids du récipient plastique que j’ai dans le sac. Ils sont franchement meilleurs que ceux que L m’a offerts entre Nyon et Rolle, le premier jour de marche. Ce n’est pas de son fait. Les abricots du Valais ont une réputation méritée.

J’arrive vers 12h30 à Martigny, quartier de la Baltaz, celui du château fort qui domine la ville. Je finis avec le sentier du tourisme pédestre qui m’amène Place centrale au cœur de la ville. J’appelle la maison paroissiale et personne ne répond. Pause déjeuner. Je trouve l’église, en fait le tour et trouve la maison. Je sonne, la porte s’ouvre mais la secrétaire chargée de l’accueil revient à 14h.

Je vais déjeuner d’un bon burger et d’une glace suisse Movenpick au Loup Blanc, restaurant bien connu de Martigny.

Ensuite, je reviens me déclarer, faire tamponner ma crédence, payer mon séjour et m’installer vu que je suis le premier arrivé. Douche puis lessive à la main vu que j’ai le temps et qu’il fait grand soleil.

J’ai perdu le savon de Marseille pure huile d’olive Marius Fabre (recommandé par un ami Marseillais) et les pinces à linge que j’avais emmené exprès. Tant pis, je le lave au savon pour le corps, le rince et le fait sécher dehors au soleil et au vent sur un séchoir mis à disposition. Au Migros, il y a des boutiques mais pas de centre commercial curieusement. Je ne trouve pas de savon.

Impossible de se connecter au Wi fi de la maison. Réseau indétectable. Il est vrai que je suis dans une belle cave voûtée en pierre. Logis le moins cher et le plus original depuis le départ. Propre et fonctionnel. J’ai mon sac à viande pour dormir, ma serviette et mes affaires de toilette pour me laver. Coin cuisine. Grandes tables collectives pour partager repas et discussions. Evier. Douche. WC.

Je dispose des heures de prière catholique du soir (18h) et du matin (7h) mais ne suis pas obligé d’y participer. Comme me l’a dit la secrétaire à l’accueil, la Suisse est un pays tolérant (87 nationalités à Martigny). Le petit déjeuner est à 7h32. Précision suisse.

Etape tranquille après la longue et dure marche de la veille et avant le début de l’ascension des Alpes demain. Ca me fait du bien.

A Martigny, une flèche avec le portrait du Premier Consul Napoléon Bonaparte indique le passage de l’armée de réserve en mai 1800. L’événement a marqué les esprits ici.

J’ai fini par trouver un vrai savon de Marseille Marius Fabre à l’huile d’olive et au chèvrefeuille dans une épicerie fine de Martigny. Quant à mon savon et mes pinces à linge, je les ai retrouvés plusieurs jours plus tard bien cachés au fond de mon sac à dos.

Vers 17h, arrivée de 2 jeunes et joyeux compagnons, E le Belge de Gand, Flamand qui parle français et L un Anglais qui ne parle pas français à part quelques mots.

Longue discussion autour de la table commune. Ils fournissent la bouteille de vin suisse. Je fournis les pâtes de fruits bretonnes de l’abbaye de Landevennec (29). Bon échange.

E et moi parlons de nos vies de couple. Moi récemment divorcé, sans enfant. Lui jeune marié et jeune père avec une épouse tellement insupportable, selon ses dires, qu’il est parti marcher seul cet été. E finit ses études de médecin anesthésiste à Gand (Ghent). Il est jeune, beau mec, bon parti, sympathique. C’est du gâchis. Je lui ai conseillé le divorce mais vu qu’il est catholique pratiquant, jeune marié et jeune père de famille, il n’envisage pas encore cette solution.

L est un jeune Anglais qui a fini ses études de lettres (humanities in english). Il est parti seul de Cantorbery pour Rome il y a 2 mois avec un passeport et sans argent. Il a une grosse croix autour du cou et compte sur la charité chrétienne. Ca marche jusqu’ici. La preuve, E et moi l’invitons au restaurant ce soir. Après que L ait prié pour notre salut à 18h bien entendu.

Souper plus chic que mon dîner. A la vache qui vole. Bouchées à la reine aux morilles et sorbet citron au limoncello. Délicieux.

Rien visité à Martigny mais je me suis reposé et ai bien discuté et ri avec les deux pèlerins, belge et anglais, de la Via Francigena.

 

Samedi 15 juillet : Martigny – Orsières

20km. +450m de dénivelé.

Départ : 9h

Arrivée : 15h15

Hôtel restaurant Terminus à Orsières.

Dans la nuit, des lattes de mon sommier sautent sous mon poids (>100kg). Vers 5h du matin. Réveil brutal pour moi et la chambrée. Je change de lit. E m’a aidé à remettre la dernière latte avant de partir le matin. En échange, je lui ai offert un tour de cou trouvé par terre, en déplaçant le lit. Justement, il avait oublié d’en prendre un et ça lui manquait.

Petit déjeuner collectif avec les clercs. Plutôt sympathique et correct.

Chacun part de son côté. E veut marcher seul. L est lent au démarrage. Il m’a rattrapé en chemin à une fontaine et est reparti devant.

Etape longue et dure. Montée et descente dans des chaos rocheux en forêt. Deux fois, je manque les marques et pars pleine pente. Une fois en descente vers la rivière. Une fois en montée. Avec plus d’attention aux marques jaunes du tourisme pédestre, je retrouve mon chemin sans dommage.

Superbe pause pique-nique sous un ancien lavoir. Toit. Fontaine d’eau fraîche. Bancs.  Tables en bois. Poubelle. Au pied de la montée. J’ai bien fait de m’y arrêter pour reprendre des forces. J’y ai laissé à disposition mon petit reste de savon pour le corps vu que j’en ai acheté un autre la veille à Martigny.

Cette fois, j’ai bien suivi la Via Francigena, sentier suisse n°70, sans la perdre.

Au départ de Martigny, un vaillant marcheur m’a expliqué le choix à effectuer pour Bovenier. A droite, par la Via Francigena : plus facile, plus goudronné, moins beau. A gauche, le sentier plus difficile, plus beau, moins goudronné. J’ai pris le plus facile. Par contre, je n’ai pu échapper à la montée et descente dans le chaos rocheux.

Arrivé à Sembrancher, il me reste 1h30 de marche ou le train régional pour Orsières. Cette fois, j’ai le temps de prendre un billet au distributeur : 4,40CHF. 10mn de train au lieu de 1h30 de marche et mon hôtel est en face de la gare. Bon plan. Aucun regret. L’office de tourisme se trouve dans la gare. J’y fais tamponner ma crédence.

Les montagnes sont de plus en plus proches et de plus en plus imposantes. Je suis loin désormais de la Riviera vaudoise devant le lac Léman.

Séchage de poissons sauvages du Lac Léman

Séchage de poissons sauvages du Lac Léman

J’ai réservé un dortoir pour 4 au 3e étage de l’hôtel, sans ascenseur et n’ai pas à le partager. Je peux donc m’étaler et me reposer dans la chambre en attendant le dîner sur place.

La flèche de départ pour Bourg Saint Pierre est à 100m de l’hôtel. J’écris et poste 3 cartes postales de Suisse en buvant en terrasse un soda noir américain pour la recharge en sucres rapides.

Dîner seul à l’hôtel. Grande assiette des artisans avec charcuterie et raclette AOP du Valais, pain de seigle, beurre, cornichons et petits oignons. Pas de salade. Pas de vin. Eau minérale suisse Henniez avec bulles. Reconstituant. En dessert, tarte aux abricots du Valais et glace au génépi. Délicieux. Je reste dans le local jusqu’au bout avec une infusion aux plantes de montagne et un verre de génépi offert par la maison. Plus liquoreux que le Savoyard. Je confirme. Je ne renie pas la mère de ma mère et préfère la version savoyarde du génépi.

Arrivée du bateau de la CGN à Vevey

Arrivée du bateau de la CGN à Vevey

Dimanche 16 juillet : Orsières – Bourg Saint Pierre

14,5km. + 750 m de dénivelé.

Départ : 7h50

Arrivée : 13h30

Maison Saint Pierre à Bourg Saint Pierre.

Excellent petit déjeuner. Le meilleur depuis le 1er jour à Saint Prex. Fromage blanc artisanal. Confitures idem. Jus de pomme local. Fromages, jambon, œufs brouillés, saucisses.

Démarrage facile puisque le panneau de direction du sentier est à 100m de l’hôtel face à la gare.

Chemin facile en forêt. Via Francigena bien indiquée. A un croisement où j’hésite entre les 2 chemins pour Bourg Saint Pierre, je suis rejoint par Joakim, 74 ans, Allemand devenu Suisse et vaillant marcheur. Joakim parle aussi français et anglais alors que je parle aussi anglais et italien. Joakim est mari, père et grand-père. De métier, il était médecin addictologue, directeur d'un service de désintoxication des toxicomanes. Bref, c'est un homme de qualité.

Nous marchons ensemble toute la journée. Dans un paysage de carte postale touristique et pittoresque. Belles montagnes, belles pelouses, belles forêts, beaux ruisseaux, belles maisons. Tout est parfait.

En vrai Sage, Joakim voyage beaucoup plus léger que moi. Juste un croissant pour son pique-nique. Assis sur un muret, le long du sentier, face au ruisseau et aux arbres. Cadre splendide. Végétarien, il refuse les conserves de poisson de la Belle Iloise mais accepte avec délice les fruits secs de Paris et les abricots du Valais.

Arrivée tranquille à Bourg Saint Pierre, dernière commune suisse avant l’Italie. Je trouve la Maison Saint Pierre grâce à Daniel, un étudiant néerlandais qui a rencontré Joakim la veille, y loge mais n’a pas le code d’accès. 4 chiffres pour ouvrir la porte. Je les ai et cela fonctionne.

Joakim va à l’hôtel du Crêt. La maison Saint Pierre est un gite magnifique en autogestion. Enveloppe pour mettre le billet de 20CHF + boite aux lettres pour glisser l’enveloppe. 4 chambres dortoirs. Une immense cuisine avec machine à laver le linge. Douches et WC collectifs. Pas de lessive, pas de nourriture. Daniel et moi avons lavé notre linge à la main et mis à sécher dans la cour sur un séchoir, au soleil et au vent.

Quelqu’un frappe à la porte. C’est Joakim. La patronne de son hôtel est folle, selon lui. Il a réservé mais elle prétend qu’elle ne connaît pas sa réservation. Elle ne lui prête aucune attention. IL a réservé mais pas payé et vient chercher refuge au gîte paroissial. Cela fait 3 hommes pour 4 chambres et 18 lits. Nous l’accueillons avec grand plaisir.

Pas de wi fi  à la maison Saint Pierre. Calme assuré.

La crédence de la Via Francigena se tamponne à l’entrée de l’église du village. Au village, sur une maison, une plaque rappelle que le Premier Consul Napoléon Bonaparte a dormi là une nuit de mai 1800 conduisant l’armée française vers l’Italie.

Le restaurant les Charmettes , conseilléeaux pèlerins, est fermé le dimanche soir me dit une mamie du village qui m’en conseille un autre plus loin.

1600m d’altitude. Il fait beau mais frais.

18h, arrivée d’un nouveau pèlerin au gîte, Marc, 69 ans, Français de Lorraine qui s’est fait une étape double aujourd’hui, de Martigny à Bourg Saint Pierre sans arrêt à Orsières. Il occupera donc la 4e chambre.

A 18h30, nous sommes tous propres et secs et partons à la recherche d’un restaurant ouvert. Divine surprise. L’auberge des charmettes a changé de propriétaire en juin et est désormais ouverte le dimanche soir. La mamie que j’ai interrogée ne devait pas connaître ce changement. Nous nous installons en terrasse avec vue sur les Alpes du Valais. Pour moi, boite 3 étages avec fromage, jambon et oeuf. Je n’ai pas voulu essayer le 4e étage avec tomate. Terrible. Panacotta aux fruits rouges. Infusion de menthe fraîche pour les 4 en digestif.

Bonne ambiance à table. Daniel est Néerlandais, parle quelques mots de français. Marc le retraité français ne parle pas anglais. Joakim parle mieux anglais que français. Je fais l’interprète. Marc est arbitre de football, président de son club près de Nancy, a l’hymne de la Champion’s League comme sonnerie de portable mais personne ne parle football.

Verger d'abricots du Valais à Martigny

Verger d'abricots du Valais à Martigny

Ca fraîchit avec l’air du soir. Le tshirt devient insuffisant. J’aurais dû sortir le sweat shirt du sac à dos. Heureusement, le repas et l’infusion me réchauffent.

Comme il n’y aura pas de petit déjeuner, Joakim propose de partir à 6h30. Je propose 7h car il faut faire un minimum de ménage (salle de bains et WC, chambres. Cuisine non utilisée) avant de partir.


E, le Belge rencontré à Martigny, devait dormir ici ce soir mais il n’est pas venu. Une enveloppe laissée à son nom me l’a indiqué.

Soir d'orage à Vevey

Soir d'orage à Vevey

Lundi 17 juillet : Bourg Saint Pierre – Col du Grand Saint Bernard

Départ : 7h30

Arrivée : 13h30

11,5km. +800 m de dénivelé. 

Hospice du Grand Saint Bernard au col. Le col du Grand Saint Bernard relève de la commune de Bourg Saint Pierre côté Suisse, de la commune de Saint Rhémy de Bosses côté Italie.

Le guide indiquait 4h de marche. J’ai mis 6h pause incluse pour atteindre le point culminant de la Via Francigena et de mon chemin de Paris à Rome, le col du Grand Saint Bernard (2473m sur le versant suisse).

Réveil à 6h. Pas de petit déjeuner. Les Français, Marc et moi, nettoient la salle de bains et les WC communs. Mon linge a fini de sécher dans la nuit, à l’intérieur. Je n’ai plus qu’à le ranger dans mon sac à dos et à remettre le séchoir, plié, à sa place.

Marc part dès 6h50. Adepte des étapes longues, il marche aujourd’hui jusqu’à Etroubles où je dormirai demain. Il fait en une journée ce que je fais en 2 jours. Chacun sa façon de marcher.

Je pars avec David et Joakim. Joakim laisse son sac sur place car il reviendra ce soir en bus et compte bien dormir de nouveau à la Maison Saint Pierre.

Ca y monte comme on dit sur Suisse et sur France. De 1600 à 2473m. Dans un paysage de carte postale avec ruisseaux, arbres, rochers et vaches. Je suis le seul à avoir prévu un pique-nique. Je monte beaucoup plus lentement que les deux autres mais ils m’attendent à intervalles réguliers.

Nous nous arrêtons à la buvette au-dessus d’un lac de barrage à 9h. Thé froid pour Daniel et moi, café chaud pour Joakim qui invite tout le monde. Plus haut, nous rejoignons Chris et Irum. Un Américain de l’Arizona qui marche ici avec son fils, adolescent de 16 ans. Très sympathiques. Le travail de Chris est d’aider des handicapés à trouver du travail et à le garder.

J’en bave dans la pente et ai du mal à finir mais il faut bien arriver au col où le fameux hospice du Grand Saint Bernard m’attend. Comme mes bâtons me font défaut, Joakim me prête les siens pour l’ascension.

Une fois au col, Joakim me hèle sur la route. Les 4 sont attablés au restaurant et m’attendaient pour commander. Pour ma part, penne au fromage et aux lardons. Dernière tarte aux abricots du Valais et crème fraîche. Soda noir américain pour la recharge en sucres rapides. Après une longue dispute sur l’addition, Chris paie tout sauf les desserts. Merci à lui et à sa générosité. God bless America! 5CHF à ma charge. J’ai rendu ses bâtons de marche à Joakim évidemment.

L’épouse de Chris est chanteuse de Jazz. Je  laisse à Chris ma carte de visite avec l’adresse de mon blog Le jars jase jazz. Jamais rien reçu de sa part. Même dans les spams. Tant pis. 

Joakim s’arrête là et prend le bus pour Bourg Saint Pierre à 16h50. Daniel poursuit vers l’Italie et je lui recommande le dortoir d’Etroubles où je dormirai demain. Chris et son fils partent de leur côté.

Il ne me reste plus qu’à m’installer à l’hospice du Grand Saint Bernard qui accueille les pèlerins depuis l’an 1050 et sa fondation par Saint Bernard de Menthon. Sa famille possède toujours le château de Menthon (74) au-dessus du lac d’Annecy et le châtelain est maire de la commune.

L’hospice mérite sa réputation. Immense, solide et austère. Chambre pour 4 où je suis seul. Pas de draps, pas de serviettes mais couvertures et oreiller avec taie. Cabinet de toilette. Douches et WC communs. Tout propre en ordre, à la suisse. Beaucoup de mal à comprendre le fonctionnement de la douche, soit trop chaude, soit trop froide. A la fin, j’y arrive. Vent glacial dehors. Pas de wi fi. Je suis en montagne. A l'hospice du Grand Saint Bernard , même en cas de tempête de neige, il ne peut rien vous arriver.

Dîner collectif à l’hospice après la messe du soir à laquelle je n’assiste pas. Je suis assis en face de 2 Italiens. Un couple de Stéphanois. Une famille franco suédoise avec père, mère et 2 petites filles. Je finis par parler de ma marche de Paris à Rome. Cela intéresse beaucoup les Italiens. L’un est Toscan et m’affirme que le plus beau passage du trajet est en Toscane mais qu’il faut éviter de le faire l’été, à cause de la chaleur. Je retiens le conseil.

Au menu, soupe de champignons maison, pâtes avec sauce viande et champignons, gâteau aux prunes rouges. Pain, eau. Ni vin, ni fromage. Un sirop maison aux fruits rouges très sucré. Dressage et débarrassage collectif de la table. Tout le monde participe.

Après le repas, je trouve un beau salon de jeu et de lecture, avec des fauteuils confortables et des beaux livres sur la montagne. Malheureusement, trop peu de lumière. Je renonce et vais me coucher.

Petit déjeuner à 8h après la prière du matin à 7h15. Un peu tard pour un randonneur mais je le prendrai quand même.

Souvenirs impressionnants de Napoléon Bonaparte dans l’hospice même. Une plaque de remerciement de la République du Valais du 2 décembre 1804, date de son couronnement comme Empereur des Français à Notre Dame de Paris. Un mémorial en marbre du général Desaix mort à la bataille de Marengo pendant la campagne d’Italie, l’an VIII de la République française (1800), commandé en Italie par Napoléon et livré, sur son ordre, à l’église du Grand Saint Bernard. Aujourd’hui dans l’hospice. Sachant que l'église se trouve dans l'hospice. 

La trace de Napoléon se voit aussi dans le paysage. Au col même une plaque rappelle qu’il est passé avec l’armée française et ses 46 922 hommes en mai 1800, sachant qu’il n’y avait pas de route à l’époque et qu’il pouvait y avoir encore de la neige. Le Giro d’Italia 2023 a dû renoncer au passage du col fin mai à cause de la neige. Les soldats français de la République et de l’Empire, c’étaient vraiment des solides. Une autre plaque célèbre le souvenir de ce passage mémorable et l’amitié entre les habitants des deux vallées qui se rencontrent au col du Grand Saint Bernard, le val d’Entremont pour la Suisse (Valais) et le val du Grand Saint Bernard pour l’Italie (Val d’Aoste).

Montée vers le col du Grand Saint Bernard

Montée vers le col du Grand Saint Bernard

Mardi 18 juillet : Col du Grand Saint Bernard (CH) – Etroubles (I). Entrée en Italie par le Val d’Aoste.

15km. - 1200m de dénivelé.

Départ : 9h

Arrivée : 14h30

Dortoir d'Echevennoz. Etroubles frazione (hameau) Echevennoz.

Changement de guide papier. Je passe de la Via Francigena de Cantorbery (Angleterre) au Grand Saint Bernard (Suisse) à la Via Francigena du Grand Saint Bernard (Suisse) à Rome Italie)

Au petit déjeuner, je retrouve L, l’Anglais de Martigny. Il est arrivé hier à 21h30 à l’hospice et y a trouvé l’abri pour la nuit. Nous discutons un peu. Aujourd’hui, il reste ici se reposer. Il me prend en photographie au départ devant le lac de Joux (Joux vient de Jovis, Jupiter. Une nouvelle trace de Rome sur mon chemin) qui fait le lien entre Suisse et Italie.

Je prends le sentier au-dessus du lac et trouve vite la borne frontière. I 1931. Ce n’est pas l’altitude mais l’année. Période fasciste. Logique vu l’obsession de Benito Mussolini pour la souveraineté nationale.

En mars 2019, je suis parti de Paris Notre Dame au kilomètre 0 des routes de France. En juillet 2022, j’ai quitté la France pour la Suisse. En juillet 2023, je quitte la Suisse pour l’Italie. Il me reste environ 1000km pour atteindre Rome et son Forum, borne miliaire de départ des routes de l’Empire romain.

J’arrive ensuite au Plan de Jupiter christianisé par une immense statue de Saint Bernard qui regarde vers la Suisse. Le sentier descend vers la route pour Aoste, la coupe mais ne la longe pas.

C’est aussi bien balisé qu’en Suisse. Le Val d’Aoste investit dans le tourisme vert. Cela se voit sur la Via Francigena. Nombreuses balises. Nombreux panneaux d’explication. Nul besoin de carte ou de guide. C’est très clair.

Dès le début, je rejoins un couple d’Italiens quinquagénaires qui, lui aussi, descend du Grand Saint Bernard vers Aoste. Je les prends en photo. Ils me prennent en photo. Puis je les perds de vue car leurs sacs sont bien plus légers que le mien et qu’ils marchent bien plus vite.

Le Val d’Aoste en Italie est aussi grandiose que le Val d’Entremont en Suisse. Descente du Grand Saint Bernard dans un décor de ruisseaux et de fontaines qui coulent dans tous les sens.

A Saint Rhémy de Bosses (1600m), premier village italien avec de quoi tamponner la crédence près de la fontaine et une fiche à remplir pour les statistiques (nationalité, trajet, but du chemin). Pour le mois de juin 2023, une 30ne de Français, une 30ne d’Australiens et un Namibien.

Je trouve aussi le vrai jambon d’Aoste, le prosciutto di Bosses AOP, produit ici depuis l’an 1397. Rien à voir avec la cochonnerie industrielle française vendue sous le nom de jambon d’Aoste. J’en achète tranché fin (rosa d’Aosta) pour mon pique-nique avec des tegole (tuiles aux noisettes). Le vendeur ne parle ni français, ni italien. Il parle patois. Sa grand-mère est de Chamonix (74). La mienne est de Groisy (74). Nous nous comprenons.

Je me pose vers 12h45 à Saint Oyen. En lisière d’un champ et de la route, à l’ombre d’un arbre, avec une poubelle et le ru neuf (nom du ruisseau) qui coule à mes pieds. J’enlève chaussures et chaussettes de marche et trempe mes pieds chauds dans le ruisseau froid. Excellent soin.

En traversant un champ, je me fais arroser par le système d’irrigation. Par ce beau soleil d’été, c’est agréable. Je finis par trouver Etroubles. Je suis bien en Italie. Il est 13h30. La farmacia et le Carrefour Market sont fermés jusqu’à 16h. La bibliothèque communale est fermée le lundi et le mardi.

J’appelle mon gîte et me fais expliquer le chemin en italien. Je finis par trouver le cimetière et la Via Francigena qui le longe direction Gignod (ma direction demain avant Aoste) et arrive au hameau (frazione) d’Echevennoz, commune d’Etroubles devant un gîte de luxe dénommé l’Abri.

Le mien est plus modeste. Je rappelle et la patronne m’explique que je dois prendre le sentier qui descend à la chapelle. C’est ce qu’écrit mon guide aussi, très précis. Je descends, trouve la chapelle, la trattoria et la patronne qui parle français. Je suis dans la seule région francophone d’Italie, le Val d’Aoste.

Je suis arrivé au dortoir d’Etroubles à Echevennoz. Deux chambres à 6 lits se font face. Le couple d’Italiens est dans l’une. Moi dans l’autre. Salle de bains et WC communs au fond du couloir.

Dernière lessive à la main. Je fais comme à Bourg Saint Pierre en Suisse. Séchage dehors le jour, dedans la nuit. A Etroubles, il fait chaud mais lourd, avec des gouttes de pluie et des rumeurs d’orage au loin. Environ 1150m d’altitude. J’espère que mon linge sèchera dehors mais les dieux ne me le garantissent pas.

La patronne m’a demandé de passer la voir avec ma carte d’identité pour m’enregistrer. Je l’ai fait dans les hôtels en Suisse mais pas dans les gîtes catholiques. A Bourg Saint Pierre, j’ai payé 20CHF la nuit sans rien à manger le soir mais avec un grand confort (super douche, machine à laver le linge, chambre du révérend Prieur). Au Grand Saint Bernard, j’ai payé 75CHF avec souper (soir) et déjeuner (matin) mais moins confortable à mon avis.

En tout cas, à 15h30, après douche et lessive, le bar est fermé. Personne pour m’enregistrer. Pas de menu affiché dehors. Pas d’inquiétude. Je suis en Italie, dans le Val d’Aoste. Je vais bien manger, la patronne parle français et moi italien.

Etape facile et belle. Un Paradis pour marcheurs en pente douce pour descendre avec des vues splendides sur les montagnes, des ruisseaux et des fontaines partout. En Italie, la Via Francigena est marquée d’un trait blanc surmonté d’un trait rouge. L’inverse du drapeau polonais qui sert de marque aux GR (sentiers de grande randonnée en France). Dont le GR2 sentier de la Seine et le GR59 Echappée jurassienne que j’ai parcouru pour aller de Paris à la Suisse. Pour un marcheur français, c’est un repère facile et commode. Outre la silhouette du pèlerin avec robe de bure et bâton

Quand je rentre dans la trattoria pour faire tamponner ma crédence, je lis l’ardoise et le menu est alléchant. Surprise, m’est servi le menu pour pèlerins qui n'est pas affiché. Délicieux d’ailleurs. En entrée, passato dell’orto. Un potage de légumes du jardin. Avec parmesan à ajouter. Pollo con spinachi. Pilons de poulet préparés divinement avec des épinards frais dans une sauce exquise. Pain pas terrible. C’est l’Italie. J’insiste pour la salade verte et obtient un saladier de salade verte du jardin. Plus huile d’olive et vinaigre à ajouter. Je demande du fromage local et obtiens de la fontina, le grand classique du Val d’Aoste (AOP d'Italie) et une ricotta di mucca, fromage de vache ultra frais. Crostata di frutta pour finir. Tarte à la crème avec fruits des bois. Bon mais un peu étouffe chrétien comme disaient mes grand-mères.

Je dîne à une table voisine du couple milanais et je leur explique mon chemin de Paris à Rome. Infusion de fruits de bois pour finir. Pas artisanale mais italienne au bon goût et bon parfum.

Descente vers Aoste

Descente vers Aoste

Mercredi 19 juillet : Etroubles – Aoste – Turin

14km. - 600m de dénivelé.

Départ : 9h

Arrivée : 12h30 (Aoste)

Hôtel Torino Centro à Turin.

Bonne nuit bercé par l’orage, fenêtre ouverte pour ne rien manquer du spectacle. Le linge a fini de sécher dans ma chambre.

Petit déjeuner à 8h. Je pensais que c’était tard mais c’est une bonne idée car la pluie tombe à 7h et cesse à 8h15.

Gourde remplie à la fontaine au-dessus de la chapelle. Grand soleil pour le départ. Sentier superbe en forêt longeant le ruisseau, le Ru Neuf, que j’ai déjà suivi hier. Il chante joyeusement après la pluie. Sentier facile et bien balisé jusqu’à Aoste. Beaux points de vue sur les Alpes en chemin.

Le couple de Milanais me rattrape. Ils ont fui la ville et ses 40°C pour respirer en montagne. Nous échangeons nos coordonnées, nous photographions. Le mari dirige un bureau d’études sur la mobilité et la circulation à Milan. Ils ont croisé un agent de la RATP en chemin. Je leur apprends la traduction parisienne : Rentre Avec Tes Pieds ! A Milan, aussi, il y a des grèves et des travaux dans les transports publics. Rentré à Paris, j’ai écrit au Signore qui m’a envoyé la photo de sa femme, lui et moi sur le sentier.

Je croise un Italien, jeune retraité sportif, qui lui monte vers le Grand Saint Bernard, allant à pied de Rome à Cantorbery. Il se prend en photo avec moi.

Pas de difficulté pour trouver Aoste et son centre historique. D’abord, achat de 10 cartes postales du Val d’Aoste que je posterai en France. Puis déjeuner valdaotain au restaurant Ad Forum en terrasse à l’ombre , près du Forum romain d’Aoste. Charcuterie et fromages en antipasto. Ravioli viande en primo piatto. Bœuf et petits légumes en secondo piatto. Crème brûlée et tegole en dessert. Un verre de vin blanc du Val d’Aoste. Une bouteille d’eau minérale gazeuse. Un verre de liqueur de romarin offert. Aussi copieux que délicieux. 40€ sans les boissons. Ca les vaut. Belle conclusion gastronomique du passage des Alpes, de la Suisse à l’Italie.

La cathédrale est fermée mais la mairie est ouverte. C’est donc à la mairie que je fais tamponner ma crédence de pèlerin pour Rome.

Je cherche et finit par trouver une boutique de produits locaux, Alpenzu. Alpenzu c’est aussi le nom d’un village et d’un refuge du Val d’Aoste, à Gressoney Saint Jean. J’achète de la fontina, du jambon cru mûri au génépi, du miel de rhododendron. Tout est délicieux.

En errant et en cherchant la gare pour prendre le bus pour Turin, je trouve l’ancien couvent Saint Bénin ou a lieu une exposition de photographies de Robert Cappa (1932-1954). Je la visite au pas de charge car il me reste 1h15 avant le départ du bus. Des images connues, d’autres inconnues et toujours ce souci de l’humain chez Cappa, qu’il soit en paix ou en guerre. Exposition visible à Aoste, Val d'Aoste, Italie, jusqu'au dimanche 24 septembre 2023.

Ensuite, la gare des FS (Ferrovie dello Stato) est à 5mn à pied et la station de bus en face. Je trouve mon bus qui part avec 10mn d’avance (le chauffeur a vérifié tous les passagers avant de partir) et arrive à temps à Turin.

Sorti du bus à  Turin, j’entends un groupe d’Africains parler français. Je leur demande le chemin de la gare. Ces Camerounais me donnent une réponse claire, nette et précise pour accéder rapidement à la gare de Torino Porta Susa. Ils ont des reproches à faire au gouvernement français. Je me garde bien de leur dire mon métier et les remercie.

Je trouve mon hôtel en face de la gare. Je suis prêt à prendre le TGV de 7h36 demain matin pour Paris gare de Lyon. Descente à Chambéry pour prendre le TER AURA pour Annecy et rejoindre la famille Lagrée en Haute-Savoie pour finir les vacances ensemble.

Très belle randonnée où il est difficile de se perdre tant elle est bien balisée et fléchée en Suisse comme en Italie. Confort et propreté des gîtes des deux côtés de la frontière. Bonne cuisine des deux côtés mais plus subtile en Italie évidemment. Magnifiques paysages en montant 2100m de dénivelé du Lac Léman au col du Grand Saint Bernard en 9 jours, puis en descendant 1800m du Grand Saint Bernard à Aoste en 2 jours. La montée fait travailler le cœur et la respiration, la descente fait travailler les articulations.

De belles rencontres en chemin. D’abord, celle organisée à Nyon, au départ, avec une amie d’enfance, L. avec qui j’ai renoué les liens en marchant et en parlant le long du lac Léman, de Nyon à Rolle. Puis avec celles liées au hasard. L & E à Martigny. L que j’ai retrouvé le matin du départ du Grand Saint Bernard. Joakim avec qui j’ai fini l’étape jusqu’à Bourg Saint Pierre. J’espère vieillir comme cet homme qui pourrait être mon père (22 ans de plus que moi). Daniel, l’étudiant néerlandais rencontré à Bourg Saint Pierre, qui est monté au Grand Saint Bernard avec Joakim et moi. Chris et son fils Irum avec qui nous avons marché jusqu’au Grand Saint Bernard et qui a invité tout le monde à déjeuner. Dommage qu’il ne m’ait pas transmis les vidéos de son épouse chanteuse de Jazz. Carlo et ? le couple de Milanais avec qui j’ai descendu du Grand Saint Bernard à Aoste, moi derrière et eux devant car plus légers et plus rapides.

Sac à dos trop lourd par ma faute. Il faut vraiment que je me force à devenir zen, à alléger ma charge même si, lors du prochain tronçon,  en 2024, d’Aoste à Pavie, je ne ferai que descendre, du Val d’Aoste à la plaine de Lombardie en passant par celle du Piémont.

Le col du Grand Saint Bernard étant fermé d’octobre à juin, même si l’hospice reste toujours ouvert, cette randonnée se fait l’été. Attention à la chaleur au départ du Lac Léman. Elle diminue en montant évidemment mais le soleil brûle toujours.

Les photographies de cet article ont été prises en chemin par Guillaume Lagrée. Toute utilisation de ces oeuvres sans autorisation de leur auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Descente vers Aoste

Descente vers Aoste

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Paris - Rome, Ve partie: Poligny (F) - Nyon (CH). De la France à la Suisse. L'Echappée jurassienne (2)

2 Juillet 2023 , Rédigé par Guillaume Lagrée

Vue depuis le belvédère des 4 lacs en descendant vers Pont de la Chaux

Vue depuis le belvédère des 4 lacs en descendant vers Pont de la Chaux

Baume les Messieurs dans sa combe

Baume les Messieurs dans sa combe

Chateau Chalon village vigneron

Chateau Chalon village vigneron

Paris - Rome Ve partie

L’Echappée Jurassienne (2)

De Poligny (Jura, Bourgogne Franche-Comté, France) à Nyon (canton de Vaud, Suisse)

Topo guide 390 de la FFRP

Juillet 2022. GR59 et variantes.

9 jours de marche de Poligny à Nyon

 

Bienvenue à la 2e abonnée de ce blog.

Que les Dieux et les Muses la protègent!

 

 

Samedi 9 juillet : Paris – Poligny- Passenans

TGV Lyria de Paris gare de Lyon à Bourg en Bresse : 6h15 – 8h07

TER Bourgogne Franche Comté de Bourg en Bresse à Poligny : 8h21 – 9h17.

. Courses à Poligny.

Poligny – chemin de Saint Savin : 5.3km. 2h

Chemin de Saint Savin – Les Bordes : 8.7km. 2h40

Les Bordes – Passenans (350m) : 3.1km. 45mn

17.1km. 5h25

Hôtel du Revermont. 600 route de Revermont. Passenans. 

Réveil tôt. TGV de 6h15 pour Lausanne. Arrêt à Bourg en Bresse (01) pour prendre le TER pour Poligny (39). Réveillé à 4h sans réveil. Le réveil sonne à 4h30. Le temps de manger un petit peu, de me laver, de vider et descendre les poubelles, couper l’eau et le chauffe-eau, fermer fenêtres, volets et rideaux. Le TGV Paris-Genève se prolonge jusqu’à Lausanne. Avant il y avait un Paris Lausanne via Dijon-Dole & Vallorbe et un Paris Genève via Bourg en Bresse & Bellegarde. Tout change.

Je descends du TGV en gare de Bourg en Bresse avec un look de randonneur. Un homme au look de randonneur lui aussi me demande si je suis randonneur. Je lui réponds que j’en présente tous les signes caractéristiques (vêtements, chaussures de marche, sac à dos) et que les apparences ne sont pas trompeuses en l’espèce. Jacques est Savoyard (Tarentaise). Environ 50 ans, il se partage entre Paris et la Savoie grâce au télétravail. Le plaisir de Jacques c’est de partir de Paris en train. TER ou TGV. Trouver un point de chute en province. Faire une randonnée en boucle et revenir à Paris en train le soir même.

Aujourd’hui, il s’arrête à Arbois pour aller à pied à Salins-les-Bains où il reprendra le TER Bourgogne Franche Comté puis le TGV pour Paris. Juste le jour du passage du Tour de France à Arbois sur l’étape Dole – Lausanne. Comme j’ai fait l’étape dans l’autre sens (Salins les Bains - Arbois) en mai, je lui explique comment il peut échapper aux détours du GR Echappée jurassienne. Quand je lui fais remarquer que sa méthode coûte beaucoup plus cher que prendre le Transilien pour Fontainebleau (77) ou Dourdan (78), il me répond que c’est comme dîner dans un restaurant étoilé.

Comme moi, il a des goûts de luxe et a pris le TGV en première depuis Paris. Mon plan de marche de Paris à Rome, mes 9 jours de marche de Poligny à Nyon l’impressionnent. Je lui ai laissé la carte de mon blog avec mon adresse électronique dessus. Je me souviens d’un retour de randonnée dans le TGV Montpellier – Paris gare de Lyon avec mon ami C. J’avais discuté longuement avec un géologue spécialiste des tremblements de terre. Passionnant. Faute d’avoir échangé nos coordonnées, je l’ai perdu de vue. C’est idiot.

L’étape du jour commence à la gare de Poligny. J’ai vu des gens porter du pain et j’ai croisé 2 boulangeries fermées en juillet. Je renonce et me contente de 200g de Comté Juraflore 24 mois (plus de 700 médailles au Concours général agricole de Paris. Respect). Je dois monter à la Croix de Dan qui surplombe Poligny. Par le GR, 5km. Par le PR, 1800m. Bête et discipliné, je prends le GR. Pas difficile et passage au Vau de Poligny devant une abbaye clunisienne à laquelle s’est ajoutée un château néo-gothique fin XIX° siècle, construit pour le président régional du Crédit agricole, en face d’une cascade. Superbe. Je finis par retrouver le sentier de 1800m pour la Croix du Dan. Un sentier pour bouquetin. Raide avec terre et cailloux. Heureusement, la terre est sèche. Par temps humide, ça doit être vraiment dangereux.

Arrivé en haut, sur un plateau tranquille, avec une belle vue sur Poligny, je vois un panneau indiquant, dans le sens de la descente : Attention, sentier raide ! Je m’en suis aperçu. La croix de Dan est accessible en voiture de l’autre côté.  Elle date de 1870-1871. Des militants laïcs ont voulu la scier en 1905 mais cela faisait trop de bruit et attirait les paroissiens à son secours. Les anti cléricaux ont renoncé. J’y vois une mère qui amène son fils de 8 ans en fauteuil roulant. Courageux garçon qui ne se plaint de rien. Courageuse maman qui veille sur lui.

Après ce plateau, sentier en descente tranquille jusqu’au village de ? . Je repère un homme qui range son Karcher. Je ne lui demande pas s’il est sarkozyste mais s’il a d l’eau pour ma gourde. Il grogne un peu, sort ma gourde du sac, me la ramène remplie et la remet à sa place dans le sac. En prime, il m’indique un raccourci par la départementale pour reprendre le GR un peu plus loin., entre l’église et le cimetière. Après ça descend tout droit jusqu’à Miery. Après vous vous démerdez, conclut-il. Je suis son sage conseil, évitant un détour de 800m en suivant la départementale sur le trottoir. J’en profite pour gagner un point de vue en hauteur.

Je retrouve le sentier à côté du cimetière. Il descend bien jusqu’à Miery puis aux Bordes où je retrouve la direction de Passenans. Marche en sous-bois avec du vent et des nuages. Pas trop chaud donc. Les nuages se dissipent à l’arrivée. Il ne pleuvra donc pas. Au bourg, j’appelle l’hôtel du Revermont. La réceptionniste m’indique le chemin. Je demande à un homme qui jardine puis à un jeune couple avec enfant, trouve la route du Revermont puis l’hôtel. En chemin, j’ai croisé 2 chiens en liberté mais ils accompagnaient un jeune couple d’amoureux et ils étaient juste curieux, pas agressifs du tout. Les chiens, pas les amoureux, bien sûr. Ils ont pris un bain dans un abreuvoir à vaches. Les chiens, toujours. Leurs maîtres m’ont expliqué qu’ils se baignaient dès qu’ils voyaient une flaque d’eau assez grande pour eux. Etant donné la chaleur, je comprends les chiens.

Arrivé à l’hôtel, je demande si je peux faire une lessive à la main et la faire sécher. Le patron craint le dégât des eaux. Il me remet un sachet plastique. J’y mets mon linge sale. Il sera propre, sec, plié demain matin. Après la douche, piscine de 17h30 à 18h. Une belle piscine, grande (17m * 12 à vue d’œil), propre, entourée d’arbres et de lavande, avec des jets d’eaux massant aux murs. Après une journée de marche, c’est excellent. J’ai bien profité aussi des jets d’eau de la douche à l’italienne. Même en période de sécheresse, il y a de l’eau dans le Jura. Ruisseaux, flaques, terre humide en chemin. Ce territoire est une vraie éponge. Dîner en terrasse avec vue sur les montagnes :

  • Apéritif : verre de Macvin avec gougère et comté
  • Terrine de lapin à l’estragon
  • Suprême de pintade au thym et petits légumes
  • Assiette de fromages (reblochon et Grimod, un fromage du Jura que je découvre)
  • Dessert rafraîchissant : smoothie aux fruits avec crème chantilly maison.
  • Verre de vin blanc du Jura (30% Chalon, 70% Savagnin)

Ce serait encore mieux en bonne compagnie amicale ou amoureuse mais j’en profite bien.

 

Dimanche 10 juillet :  Passenans- Baume les Messieurs (Sur Roche)

Passenans – Frontenay : 1.2km. 45mn

Frontenay – Château Chalon (450m) : 7.2km. 1h45. Château Chalon, village vigneron perché avec points de vue.

Château Chalon – Blois sur Seille (320m) : 5.2km. 1h15

Blois sur Seille – Grange les Baumes (500m) : 6.2km. 1h30

Grange les Baumes – Baume les Messieurs (305m) : 1km. 15mn

Baume les Messieurs - Sur Roche. 3.1km. 45mn

25.1km. 6h15

Hôtel restaurant Le Belvédère 2 quartier Sur Roche. 39570 Hauteroche .

Très bien dormi. Au calme. Fenêtres ouvertes, en coupant la climatisation. Petit déjeuner somptueux. Yaourts et fromages de l’Ecole nationale d’industrie laitière de Poligny. Miel du Jura. Pain frais. Omelette. Jambon. Salut de fruits frais. Lait. Jus de pomme. Le linge est propre, sec, plié. La réceptionniste m’a même remis la veille les lunettes de natation que j’avais oublié à la piscine. Etape dure. 25km. 6h15 d’après le guide. 9h30 en réalité. Départ à 9h. Arrivée à 18h30.

D’abord, passage devant le château de Frontenay qui ne m’a pas accueilli alors que Couleurs Jazz Radio est présente au festival de Jazz du château chaque année. Les ingrats !   Puis Château Chalon superbe village vigneron perché sur un éperon rocheux. Pause buvette. Je paie un jus d’abricot et fait remplir ma gourde. Le serveur m’indique un point d’eau à Bois sur Seille, prochain village, à l’aire de pique-nique. En fait, 200m après cette buvette, je trouve une fontaine sur laquelle est écrit « Eau potable ». Pourquoi ne pas me l’avoir indiqué ? Ignorance ? Oubli ? Peur que je parte sans payer un verre ? Il m’a aussi indiqué un dépôt de pain mais il est trop loin de mon chemin. Tant pis. 

De Blois sur Seille à Grange les Baumes, grand et beau sentier en sous-bois. Arrivé à Grange les Baumes, le PR indique Baume les Messieurs à 3km. Je suis le GR, plus court cette fois. Arrivée au belvédère de Granges avec une superbe vue sur Baumes les Messieurs, la reculée glaciaire, le village et l’abbaye du Saint Empire romain germanique.  Sentier digne de la butte Montmartre. Béton, bancs et balustrade. Sur 200m. Après, c’est l’habituelle pente en terre et cailloux jusqu’à la route. La route dispose d’une rambarde en bois du côté du vide. Fabriquée dans l’Orne en Normandie. Comme s’il n’y avait pas d’entreprise du bois dans le Jura ! Les élus jurassiens ont-ils été honnêtes dans leur marché ou achetés par les Normands ?

Je suis tellement fatigué que je descends au village sans visiter l’abbaye ni acheter de cartes postales touristiques et pittoresques. Ensuite, le sentier des grottes, long, tortueux, pas toujours clair même s’il est bien balisé. Bref, je suis fatigué et pressé d’arriver. Aux grottes ça y monte raide jusqu’au belvédère du Rocher. Juste 800m mais après 9h de marche ça casse.

 Heureusement, la récompense est au bout. Un autre belvédère avec une vue magnifique sur Baume les Messieurs. Un hôtel familial comme on n’en fait plus. L’hôtel du Belvédère. Pas sur Booking.com mais bien dans le topoguide 390 de l’Echappée jurassienne. Le patron de l’hôtel du Revermont m’avait prévenu et ajouté que la cuisine y est de qualité. C’est exactement cela. Un papy, une mamie, un chat, un berger allemand et moi comme seul client. Dîner seul en terrasse avec le chien qui farfouille sous ma table. Pas bruyant, gentil mais pot de colle.

Un verre de macvin. Une assiette de braisi (viande séchée des Grisons) avec pain et beurre. Poulet au vin jaune (sans morilles. Il doit y en avoir en saison) et riz blanc. Pas de fromage mais je n’en avais pas besoin. Meringue glacée citron, framboise en dessert. Une menthe fraîche en infusion pour digérer ce délicieux repas. C’est un hôtel transformé en chambre d’hôtes pour randonneur. Je peux laver mon linge sale à la main et le faire sécher au vent. Une automobile égarée passe parfois. Pas de lampadaire dehors. C’est hors du temps. Décor années 80. Douche froide mais après une journée de marche, ça passe bien. C’est propre, beau, calme. Le chien a 3 ans et s’appelle Hossegor. Le chat a gardé la distance. C’est un chat.

 

Lundi 11 juillet : Sur Roche – Conliege

Sur Roche – Perrigny (330m) : 6.6km. 1h40

Perrigny – Les Cent marches. 6km. 2h

Cent marches – Conliege. 1,5km. 30mn

14,5km. 4h20

Auberge de la Vallière à Conliege. 22 rue Neuve, 39570.  

 

Petit déjeuner en terrasse. Toujours en compagnie du chien. Jus d’orange pas terrible dans lequel je noie une guêpe. Délicieuse confiture de framboises. La patronne m’indique un raccourci pour Perrigny. Je ne l’ai pas trouvé. Je croise un couple de retraités sportifs. A vélo. Tout équipé. Le mari me dit d’attendre son épouse. Elle arrive et me conseille de suivre le GR, plus sympathique. Dans 200m à gauche. C’est cela même. Chemin en sous-bois, souvent à l’ombre. Pas difficile. A Perrigny, soit je suis le GR et ses détours, soit je prends le PR (sentier de Petite Randonnée) pour Conliege Gare.

Après la longue et dure étape de la veille, je décide de m’économiser et de suivre le PR (marque jaune). Bonne idée. Chemin aisé en balcon au-dessus des vignes et de Lons le Saunier.. Belle esplanade devant l’ancienne gare. C’est là que je pique-nique. De la gare, chemin qui descend jusqu’à Conliege en 1100m. En 10mn, j’y suis. A la mairie, je demande aux autochtones qui m’indiquent l’auberge de la Vallière à 200m. C’est ouvert, ma chambre est déjà prête à 13h mais le patron est sur le coup de feu du déjeuner. En attendant, je bois un verre en terrasse. Un soda noir américain en terrasse pour la recharge en sucres et en sels minéraux.

Ensuite, le patron prend 5mn pour me mener à la chambre. Tout est conçu pour les randonneurs : salle commune avec réfrigérateur, évier, plaques, four et table. Chambre pour 3 personnes pour moi seul. 3 lits individuels. Grande douche. Télévision pour regarder le Tour de France. Une vraie chambre de randonneurs. Sieste l’après-midi. J’émerge à 16h30 pour apprendre du patron que les 2 boulangeries du village sont fermées le lundi. Tant pis. J’attendrai le dîner. Délicieuse terrine de saumon aux petits légumes, pintade rôtie et mousseline de courgettes, plateau de fromages à partager avec les petites dames des autres tables me dit le patron, tarte aux griottes (dessert délicieux mais ce serait meilleur avec des amandes pour absorber le jus des fruits). Vraie infusion de tilleul pour finir. Aux autres tables, deux femmes de 60 et 30 ans, un couple avec une ado de 16 ans qui s’ennuie à mourir et cela se voit. Tout son corps exprime l’ennui et l’envie d’être ailleurs. Pour ce que j’entends de la conversation de ses parents, je la comprends. Je retrouverai ces 5 personnes plus tard en chemin.

 

 

Mardi 12 juillet : Conliege – Chatillon

Conliege– les Cent Marches (525m) : 1,5km. 30mn

Cent Marches – Séparation du GR59 (524m) : 3km. 40mn

Séparation du GR59 – Verges (510m) : 5.9km. 1h30

Verges – Châtillon (500m) : 5.3km. 1h20

15,7km. 4h.

Pont de Châtillon. Auberge chez Yvonne. Val des sources 39130 Châtillon. 

L’auberge de la Vallière est vraiment adaptée aux randonneurs. Je la recommande vivement que vous veniez à pied ou à bicylette. Petit déjeuner à partir de 7h. Le linge est propre, sec, plié. Offert par la maison. Le patron m’explique comment rejoindre le chemin des marches pour Verges (sic). Il m’assure que personne n’est jamais revenu perdu chez lui. En effet, 150m plus loin, à droite, le chemin des 100 marches avec des explications géologiques sur les pierres du Jura, la fameuse ère jurassique. Cela aurait plu à mon père, Michel Lagrée, professeur d’histoire et à son collègue géographe, J.D. Ils auraient cherché les erreurs dans les panneaux didactiques. Ne possédant pas leur science, je me contente de les lire.

Montée assez raide mais gentille par rapport à la croix du Dan au-dessus de Poligny le 1er jour. Je finis par arriver au tunnel des 100 marches. La marque jaune du PR indique de passer dans le tunnel. Le topoguide de l’Echappée jurassienne aussi mais il précise que la lampe de poche est conseillée. Je n’en ai pas. En tenant mes bâtons d’une main, la rambarde de l’autre, en marchant doucement jusqu’à trouver la lueur à la sortie du tunnel (1891), j’en sors sans dommage. La lumière du téléphone portable aurait pu faire l'affaire mais je n'y ai pas pensé. Ensuite, je continue de monter jusqu’à retrouver les panneaux et la marque du GR. Jusqu’au belvédère de la Guillotine. Vue panoramique.

J’ai le choix entre la véloroute goudronnée PLM (Paris Lyon Méditerranée comme la compagnie de chemins de fer du Sud avant la création de la SNCF) au soleil ou le GR en sous-bois. Vu la canicule, je choisis l’ombre et la fraicheur du GR. Je vais à la gare de Verges en passant par la Tirette. Des coquins, ces Francs-Comtois !

A Verges, château du XVIe siècle en réfection de la toiture : 38% propriétaire, 12% conseil régional Bourgogne Franche-Comté, 50% Etat (Direction régionale des affaires culturelles de Bourgogne Franche-Comté). Le contribuable national paie donc la moitié de la réfection d’une propriété privée ouverte à la visite uniquement le mercredi. Prochain marché de village au château de Verges dimanche 17 juillet. Je le manquerai. Au village, je rencontre un jeune couple de randonneurs avec chien. Ils vont aussi à Chatillon et me demandent où pique-niquer. Je réponds que je l’ignore. Ils discutent avec un voisin 50m plus loin qui leur offre de l’eau pour eux et leur chien. 200m plus loin, je les retrouve à l’ombre des arbres, assis étalés sur une pelouse et déjeunant. Je les salue et poursuis mon chemin. Ca monte tranquille, le plus souvent en sous-bois, parfois au soleil.

Au moment où je commence à en avoir marre, je vois la route. 2 camionnettes Spie (BTP) et 3 ouvriers assis ou allongés sur l’herbe qui font leur pause déjeuner. C’est le belvédère de Chatillon. Vue panoramique. Je déjeune avec les ouvriers en discutant un peu avec eux. Ensuite, je prends le chemin qui descend à Chatillon. Je vois le panneau indiquant un autre belvédère de Châtillon mais pas ce belvédère.

Arrivé à Châtillon, je demande le chemin de l’auberge chez Yvonne à un homme sur son tracteur. Il m’envoie vers sa femme qui, elle, est du coin. Une dame de 52 ans venue voir son père, veuf, qui vit seul ici. Chaque jour, une infirmière passe voir son père. Cette infirmière est l’épouse du patron de l’auberge. La dame m’indique un raccourci pour rejoindre la route qui descend à l’auberge. A travers champs. En discutant, elle m’apprend qu’elle est institutrice à La Roche sur Foron (74). Elle a des enfants de Pers-Jussy (74) en classe. Ma destination finale. Celle de la maison de famille. Nous parlons pays. Je marche sur la route. Je finis par appeler le patron qui m’explique le chemin final. J’arrive sans difficulté à l’auberge d’Yvonne.

Comme l’hôtel du Belvédère à Baume les Messieurs, c’est un ancien hôtel restaurant transformé en chambre d’hôtes pour randonneurs. Là-aussi, je suis le seul client. Limonade fraîche pour l’accueil. Le patron m’indique le chemin pour aller me baigner dans l’Ain. L’auberge donne sur la rivière. Plage privée, ombragée. De l’eau jusqu’aux genoux mais je me baigne quand même avec mon maillot ou sans vu que je suis seul. Moment extrêmement relaxant. Avec le maillot, je discute avec les canoéistes d’un groupe qui part sur l’Ain. Sur l’autre rive, un ponton et le panneau d’un club de canoë-kayak. Je fais ma lessive à la main et la mets à sécher au soleil et au vent. Terrasse ombragée pour écrire.

Après l’hôtel du Belvédère, c’est mon deuxième petit paradis pour moi seul. Il n’y a pas la vue sur la reculée de Baume les Messieurs mais il y a l’Ain. Pas mal non plus. Au menu, mousse de foie de canard en amuse-bouche, salade et filets de truite panés en entrée, poulet au vin jaune et morilles, assiette de fromages (Comté et Morbier), pain perdu, crème anglaise, confiture d’abricot et glace vanille. Pas d’Internet. Tranquille. Verre de vin blanc du Jura. Tisane drainage pour finir.

J’ai trouvé mon Maître en bavardage, Jean-François, le patron du lieu. Yvonne, c’était la mère fondatrice de l’auberge. Une amie d’Edgar Faure, évidemment. J’ai dû couper la conversation pour dire à Jean-François d’aller préparer mon dîner. Il a compris que j’avais peur !

De lui, j’ai appris beaucoup de choses sur les turpitudes financières du conseil départemental du Jura et de son président, sur les réussites et les échecs du tourisme local, sur Edgar Faure le grand homme local (mort en 1988. Député maire de Saint Claude, ministre, Premier ministre, président du conseil régional de Franche-Comté), sur le Comté, sur les saisons et la sécheresse (les gros orages de juin font que c’est toujours vert en juillet), sur la Haute-Marne son département d’origine, sur la Haute Saône, département d’origine de son épouse infirmière, celle qui soigne le Monsieur de Châtillon, père de la dame institutrice à La Roche sur Foron qui m’a indiqué le chemin pour arriver à l’auberge.

Dans l’Ain, j’ai repéré des bancs de tous petits poissons qui venaient me chatouiller les pieds. Selon Jean-François, les pêcheurs du coin ne connaissent pas cette espèce. Un invasif ? Le bain frais a fait beaucoup de mien à mes muscles dorsaux et cervicaux sollicités par le port du sac à dos. Douche chaude ensuite. Mon linge n’a pas fini de sécher dehors. Il finira de sécher dedans.

Repas commencé à 19h30 et terminé à 21h. Seul en terrasse avec vue sur l’Ain, des arbres, un pont. Depuis 2019, l’hôtel-restaurant est devenu une chambre d’hôtes pour randonneurs. J’en profite. J’ai même droit à l’éclate mouches de luxe (sic) en bois et cuir du Jura. De l’artisanat local très efficace. Beaucoup de mouches cet été car il n’a pas assez gelé en hiver et au printemps.

 

Mercredi 13 juillet : Châtillon – Songeson

Châtillon – La Confrérie : 4.5km. 1h10

La Confrérie – Marigny : 3.3km. 50mn

Marigny – Fontenu (592m) : 3.1km. 45mn

Fontenu – Songeson. 3.1km.  45mn

14km. 3h30

Gîte Aux lacs et cascades. 5 rue de la Combe. 39130 Songeson. 

Le patron m’a indiqué un raccourci de 3km pour récupérer le GR à Marigny. Une petite route bien visible sur ma carte IGN. Bon petit déjeuner avec fromage blanc local. Je prends les 2 morceaux de pain pour mon déjeuner. Non seulement la route est bien visible mais elle est balisée en jaune (PR). Quelques sportifs en chemin (coureurs & cyclistes). Dès avant Marigny, belle vue sur le lac de Chalain, le plus grand lac naturel du Jura. A Marigny, fontaine d’eau fraîche et robinet d’eau potable. Le GR monte en balcon au-dessus du lac jusqu’à un belvédère. A couvert. Toujours avec des coureurs & des cyclistes. Vue panoramique depuis le belvédère.

 Là, une dame me repère avec ma tenue de randonneur. Une jeune retraitée qui a quitté la Seine et Marne pour le Jura. Monitrice de marche nordique, elle a créé sa chambre d’hôtes mais ne fait pas table d’hôtes. Les clients sont trop exigeants. Ils se croient au restaurant parce qu’ils paient. Ils veulent la carte en plus du menu. Je la rassure sur le fait qu’en randonnée je mange de tout sans rechigner. Elle a déjà fait le chemin de Stevenson. Je lui recommande le chemin de Saint Guilhem le Désert. Elle va regarder.

Je contourne le domaine de Chalain (camping de 5000 personnes au bout du lac tenu par des Hollandais) et remonte à un autre belvédère. J’y trouve des cyclistes hollandais, des familles françaises, un couple de cyclistes français (l’homme est amputé au genou droit et pédale avec sa jambe articulée en métal). L’endroit est fréquenté mais je trouve de la place sur un banc à l’ombre avec vue sur le lac et le camping.  Parfait pour un pique-nique. Il n’est que 11h30 mais j’ai faim.

Je continue mon chemin en forêt à l’ombre et débouche sur la route pour Songeson. A l’entrée du village, une dame me demande si j’ai besoin d’eau. Je la remercie car je suis arrivé. Je lui demande l’adresse du gîte. Elle me l’indique précisément. J’arrive pour 12h45.

Jennifer, la jeune patronne, est énergique et un brin autoritaire. En suivant ses consignes, tout va bien. Elle m’offre une citronnade bien fraîche en attendant de finir ma chambre. Une fois la chambre propre et sèche, elle m’y amène et me donne les consignes à respecter pour les lumières et le volet électrique. Comme j’ai le temps, je peux faire ma lessive à la main et la sieste dans l’après-midi. Carole, la mère de Jennifer, est prof d’anglais et donne des cours aujourd’hui dans une entreprise de Champagnole. Bref, c’est une maison de femmes. Pas de trace d’homme à part les clients comme moi.

C’est tellement une maison de femmes que j’en retrouve en fin d’après-midi, Margot (30 ans) et Claire (60 ans et quelques) sa mère qui dinaient en terrasse avec moi lundi soir à l’auberge de la Vallière. Elles marchent ensemble sur le sentier de l’Echappée jurassienne. Ce soir, vrai dîner de table d’hôtes. Tous ensemble. Jennifer (32 ans) et sa mère Carole (Anglaise, 64 ans) qui nous expliquent comment et pourquoi elles ont acheté et retapé cette maison dans le Jura. Discussion riche à table. Menu familial, moins gastronomique que mes dîners précédents mais délicieux : carottes râpées et cèleri rémoulade en entrée. Blanc de poulet mariné et pommes de terre. Comté et morbier. 3 desserts : tiramisu maison, salade de fruits frais et part de gâteau genre 4/4.

 

Juillet 14 juillet : Songeson– Pont de la Chaux

Songeson – Les Rochettes : 2.2km. 30mn

Rochettes – Menetrux en Joux : 1.4km. 20mn

Menetrux en Joux – Maison des Cascades (musée géologie et environnement) : 2.2km. 30mn

Maison des cascades – Intersection de Saut Girard Nord : 3.1km. 55mn

Intersection saut Girard Nord – la Fromagerie (770m) : 0.7km. 10mn

La Fromagerie – Intersection : 2.4km. 35mn

Intersection – Pont de la Chaux : 7km. 2h

22.1km. 5h45

Hôtel restaurant des Lacs au Pont de la Chaux. 9 route de Genève, 39150 Chaux des Crotenay. 

Carole nous explique que les 5,5km du gîte jusqu’à la Maison des cascades (du Hérisson) n’ont aucun intérêt et nous propose de nous déposer en voiture. Nous acceptons. En plus, c’est offert et nous nous arrêtons en route voir un beau lac sauvage caché derrière les arbres. Je marche avec Claire & Margot. Démarrage à 9h20 de la Maison des cascades. Montée raide mais largement compensée par la splendeur des cascades du Hérisson. Nous sommes en pleine canicule et sécheresse. Qu’est ce que ça doit être en saison des pluies !

Nous nous attendons tour à tour jusqu’au lac d’Ilay, petit paradis où je décide de me baigner  alors que les dames poursuivent leur chemin car elles ont rendez-vous avec le père de Margot (Claire est divorcée) qui doit les amener au Chaux de Fontenay. 4 jours de randonnée leur suffisent. C’était une idée de la mère pour passer du temps avec sa fille et ça semble s’être bien passé. Margot part ensuite avec une amie qui vient de se faire larguer par son mec pour la consoler à la coopérative viticole de Buxy (71) en Bourgogne.  Je lui en chante les louanges en lui disant que ma mère s’y fournit depuis des décennies. Elle en est ravie.

Claire apprend l’italien car sa bru est de Cuneo dans le Piémont. Nous nous donnons rendez-vous pour le pique-nique au sommet du Pic de l’Aigle  (993m). Le pique-nique nous a été offert gracieusement par Jennifer et Carole.  Sandwich au thon. Thon sur thon comme dit Margot. Après un bain lacustre très agréable, je sèche au soleil, me rhabille et repars. Montée raide mais à l’ombre en sous-bois. Je retrouve ces dames au sommet où Claire me fait signe. Elles restent 5 mn puis partent pour leur rendez-vous. Je leur ai laissé ma carte de visite. Du pic de l’Aigle, vue magnifique sur le Lac d’Ilay où je me suis baigné mais pas sur le Mont Blanc à cause de la brume de chaleur.

Descente raide, abrupte entre terres, racines et rochers (escarpée dit un panneau sur un arbre).  Je croise, venant dans le sens de la montée, la jeune fille qui s’ennuyait ferme avec ses parents au dîner à l’auberge de Conliege lundi soir. Elle marche vaillamment devant ses parents, en s’appuyant sur ses bâtons. Dans l’effort, ils ne lui parlent pas. C’est mieux pour elle.   Je m’arrête aux belvédères des 3 & 4 lacs pour prendre des photos. Cf photographie au dessus de cet article.

Sinon, je surveille mes pieds pour ne pas me fouler une cheville. J’y suis tellement attentif que je manque un lac en chemin. Arrivée à un parking. Maintenant, le sentier est facile, le long de la forêt mais sans ombre. Ca cogne sévère au soleil de midi. Je débouche sur la N5 Paris-Genève que j’ai déjà suivie entre Dijon et Dole l’été 2021. Droit devant moi, le long de la route de Genève, mon hôtel.

Grand hôtel à l’ancienne, le long de la nationale mais bien rénové. Je demande à laver mes vêtements. Impossible d’obtenir une bassine mais j’obtiens le droit d’utiliser une machine à laver de l’hôtel. Ca prend des heures mais mon linge est bien lavé, bien essoré. Je le mets à sécher sur un fil au soleil et au vent. La piscine est moins grande que le 1er soir au Revermont mais après une dure journée de marche, c’est appréciable. En réservant la chambre, j’ai payé mon dîner à condition de respecter la formule : salade tex mex (salade, maîs, poivrons, tomates, riz, haricots rouges, steak haché). Parfait pour un randonneur. Je la mange doucement car je trie les grains de maïs un par un. Je n'aime pas le maïs. Un tiramisu framboise en dessert. Verre de crémant du Jura en apéritif.

Pas de fromage mais je suis restauré. Je paie mes boissons : 8,50€ avec l’infusion finale. La patronne de la caisse est une belle blonde quadra impérieuse. Mon serveur est un jeune homme noir du coin. Tranquille. Il reste zen face aux humeurs de la patronne. Elle n’est pas raciste, juste fatigante. J’ai demandé à laisser la monnaie au serveur. Je pense que la patronne le fera.

 

 

Vendredi 15 juillet : Pont de la Chaux – Foncine le Haut

Pont de la Chaux – Eglise des Chaux de Crotenay (750m) : 3.8km. 1h

Eglise des Chaux de Crotenay – Petits Epinois : 2.6km. 40mn

Petits Epinois – Planches en Montagne : 4.7km. 1h10

Planches en Montagne – Douanets : 2.8km. 45mn (tunnel. Lampe de poche nécessaire).

Douanets – jonction GR de pays : 2.3km. 40mn

Jonction GR de pays – jonction GR509 : 2km. 30mn

Jonction GR509 – Foncine le Haut (660m) : 3km. 45mn

22.2km. 5h30

A Foncine le Haut, gîte et courses. Bus. Hôtel restaurant le Jardin de la Rivière 6 rue les isles. 39460. 

 

Le cahier prévu pour la randonnée est terminé. J’écris ceci de mémoire à Pers-Jussy (74) quelques jours après sur un nouveau cahier.

Le GR est marqué sur la terrasse de la rambarde de l’hôtel. Mon linge est propre et sec. Petit déjeuner buffet. Je quitte vite la route de Genève (N5 toujours) pour un sentier en sous-bois à l’ombre, au frais mais qui fait force détours pour finir à l’église des Chaux de Crotenay. La route pour le village était beaucoup plus courte mais au soleil.

Ensuite, montée jusqu’au sentier des cascades de Langouette. Là, c’est magnifique. La rivière se nomme la Saine. Ne pas confondre avec la Seine que j’ai remonté avec le GR2 de Paris à Dijon. Passage par un tunnel sans lumière. Comme je n’ai toujours pas de lampe de poche, je suis les randonneurs équipés. Heureusement, il y en a. Faute de ma part car le topoguide signalait ces tunnels et le besoin de lampe de poche ou frontale. A prévoir pour la suite du parcours vers Rome. J’ai acheté un pique-nique à l’hôtel des Lacs. Très convenable. Salade composée, chips, pomme, fraises. Fromage de Hollande par-contre.

Arrivé à Foncine le Bas, je quitte le GR pour un PR qui va directement à Foncine le Haut, mon terminus du jour. Le chemin Saint Roch coupe les routes, passe par les pâturages et débouche à la chapelle Saint Roch au-dessus de Foncine le Haut.

Là, je tombe sur une scène de Jean-Jacques Rousseau. Une chapelle face aux monts du Jura. Côté village, des vaches qui broutent paisiblement. Côté montagne, un banc devant la chapelle face aux montagnes. Sur ce banc, assis côte à côte, un jeune couple d’amoureux sages. Une petite rousse et un grand brun. 18 ans maximum. Se tenant la main et se parlant doucement. Je veille à ne pas les déranger. A ma demande, la jeune fille me confirme que je suis bien arrivé au village de Foncine le Haut. A les voir, Jean-Jacques aurait pleuré de joie et leur aurait donné sa bénédiction de vicaire savoyard.

Je descends au village et arrive à un gîte de France. Ce n’est pas l’hôtel de la rivière où je dîne et dors ce soir. J’appelle et me renseigne. Je vois arriver au gîte le jeune couple d’amoureux toujours aussi connecté l’un à l’autre. Je poursuis la route et passe devant la fruitière de Foncine le Haut où le chauffeur d’un camion vient livrer le lait frais. Même dispositif que pour livrer le pétrole mais ça ne pue pas et n’est pas inflammable.

J’arrive à mon hôtel, le 3e avec piscine après celui du Revermont le 1er soir et celui des Lacs la veille. La plus petite des 3 mais ça fait du bien quand même. Je lave mon linge à la main mais n’ai pas le droit de le faire sécher dehors où règnent le soleil et le vent. En effet, le jardin est occupé par des roulottes et je ne dois pas perturber les clients avec mon linge qui sèche. Il sèchera donc au chaud à la buanderie.

Hôtel repris en 2019 par un jeune couple qui l’a rebaptisé et modernisé. Ca redémarre après les confinements. Tout est propre en ordre comme disent les Suisses. Dîner délicieux. Croûte forestière garnie (pain, fromage fondu, morilles), filets de truite avec poivrons (pourquoi ne pas enlever les graines de poivrons ? Paresse ou tendance ?), une faisselle locale avec fraises et éclats de meringue. A l’arrivée, une limonade de Morteau à la grenade bien fraîche. La Mortuacienne. Un délice des Dieux. Un collègue de Paris me donne l’adresse où la trouver : Un Comtois à Paris, 171 rue de la Convention, 75015 Paris.

En fait, de retour à Paris, j’ai trouvé la limonade de Morteau chez un fromager dans mon quartier. Celles au citron, orange, pamplemousse mais pas celle à la grenade.

Samedi 16 juillet : Foncine le Haut – Morez

Foncine le Haut – Sur les Gîts (1066m) : 6km. 1h30.

Sur les Gîts – Chapelle des Bois (1080m) : 7km. 1h45

Chapelle des Bois – la Madone (1113m) : 1km.15mn

La Madone – Caserne des Douanes (1133m) : 2.5km. 45mn

Caserne des Douanes – Bellefontaine (1033m) : 4km. 1h

Bellefontaine – Intersection roue des Frasses. 4,2km. 1h

Intersection route des Frasses – Morez par le PR. 2.5km. 45mn

29,2km. 7h

Hôtel du Commerce, 8 rue Lamartine, 39400 Morez. 

 

L’étape la plus longue de ce parcours de juillet. Je le savais dès le départ. Ca s’est confirmé à l’arrivée. Départ à 8h20. Arrivée à 19h30. Si j’avais été accompagné d’une femme, elle m’aurait quitté avant d’arriver à Morez. Ca commence par un chemin de croix en 14 étapes au-dessus de Foncine le Haut avec une statue du Christ bien kitsch au sommet. Très bien placée. Belle vue. Pause pique-nique, vendu par l’hôtel et ravitaillement en eau à la Chapelle des Bois. Au frais, près de la fontaine mais à côté des poubelles.

J’entre en zone frontalière. Borne de 1649 avec la fleur de lys côté France (Mazarin Premier ministre de Louis XIV pas encore proclamé Roi de France). Stèle et inscription en hommage aux passeurs du Risoux qui firent passer de France en Suisse des Juifs, des Résistants, des agents de renseignement de 1940 à 1944. Monument émouvant en souvenir des enfants Juifs passés par là évacués depuis l’Ardèche (château de la Croix rouge suisse) avec un extrait de l’Ancien Testament en français et en hébreu.

Passage devant une caserne des douanes de 1813 avec l’inscription en acronyme Napoléon Ier Empereur des Français (NIEF). Au-dessus d’un lac. Vue superbe. Caserne en bas d’une descente périlleuse.

Avec la fatigue, j’ai failli manquer un embranchement pour le lieu-dit « En Jean-Pierre ». Mon oncle Jean-Pierre Lagrée, professeur d’EPS, était un expert en course d’orientation. Pour honorer sa mémoire, je retrouve mon chemin et arrive épuisé au Kyriad Hôtel de Morez.

Un client de l’hôtel compatit sur mon sort. Une charmante jeune femme à la réception. Elle m’explique, avec un grand sourire, que je dois monter 3 étages à pied pour parvenir à ma chambre. Et marcher 10mn pour trouver un restaurant. Ayant pitié de moi, elle réserve au restaurant espagnol situé à 10mn. Et me donne l’adresse et le numéro de téléphone. Adorable. Je lui explique que la Franche-Comté fut espagnole de 1493 à 1674. Pas sûr que cela l’intéresse mais elle garde son sourire commercial.

Diner espagnol ou presque. Jambon, melon et petits légumes en entrée. Un grand  soda noir américain d’abord pour la recharge en sucre et sels minéraux. Filet mignon de porc sauce moutarde et petits légumes. Pas de fromage. Crème catalane en dessert. Tout le monde parle espagnol dans le personnel. Heureusement pour moi ils parlent français aussi. Pas de vin à table. Pas de lessive car je suis arrivé trop tard.

En face du restaurant espagnol, l’hôtel de la Poste. Une magnifique et immense bâtisse fin XIX° siècle, ancien Logis de France, à l’abandon. La mairie  de Morez a trouvé 500 000 euros en lingots d’or dans une maison léguée et va s’en servir pour le retaper et le revendre. J’aurais bien aimé y dormir mais ma chambre perchée au 3e était immense et avec une superbe vue sur la ville et le Jura. Par contre, pas d’ascenseur et presque pas de lumière électrique. Un plafonnier dans la salle de bains, c’est limite. Je l’ai indiqué sur booking.com ainsi que l’absence d’ascenseur.

 

Dimanche 17 juillet : Morez– Les Rousses

Morez– Intersection route des Frasses : 2.5km, 45m,

Intersection route des Frasses – jonction GR5 : 8km, 2h

Jonction GR5 – Rousses en Bas : 2.5km. 45mn

Rousses d’en Bas – Rousses (1120m) : 0.5km. 10mn

13.5km. 3h40

Aux Rousses : gîte, cafés, restaurants, courses, bus. Hôtel La Redoute, 357 route Blanche, 39220. 

Bien dormi. Fenêtres ouvertes. Petit déjeuner buffet. Pas de panier pique-nique mais l’étape est courte. Je dois arriver pour le déjeuner aux Rousses.

Je longe d’abord la N5 direction Les Rousses (9km) et Genève (57km). Très vite, elle n’est plus praticable pour un piéton. Je prends un escalier en béton, avec rambardes, qui monte. Au départ, un panneau : Sentier dangereux. Utilisation à vos risques et périls. C’est le sentier le plus sûr de tout le parcours. Ca y monte pour arriver à la forêt et à un lotissement. Le sentier en forêt n’est ni balisé ni fléché. Je prends un autre escalier en béton qui descend après le même panneau Sentier dangereux. Là je vois une flèche indiquant le PR pour La Doye. Au vu de la carte, la Doye me rapproche des Rousses. En fait, j’aurais pu m’épargner la N5, l’escalier qui monte puis celui qui descend en marchant le long de la Bienne depuis mon hôtel. J’ai perdu 30mn.

Je suis une petite route de montagne qui monte. Je croise des promeneurs avec chiens qui m’assurent que, plus loin, sur la gauche, je trouverai un sentier caillouteux qui descend à la Doye. Je suis dépassé par une BX Citroën qui pollue ferme. Le gars s’arrête et m’explique que son chien n’est pas dangereux. En effet, un gros chien de berger court derrière la voiture. Il connaît la route et me suit ou me précède. Nous faisons route ensemble. Quand je commence à me décourager, je tombe sur le panneau du lieu-dit l’Enfer. Stèle pour des Résistants gaullistes (croix de Lorraine) dont le maire de Grande Rivière (aujourd’hui commune de Grande-Rivière Château) assassinés par les Allemands en ce lieu le 15 avril 1944. A côté de la stèle, panneaux indicateurs du GR. Les Rousses sont à 6km. Je tiens le bon bout. Le sentier descend de 500m jusqu’à La Doye. Arrivé à la Doye, je vois indiqué Les Rousses à 5500m. Logique. Le sentier monte en sous-bois en coupant la N5.

Je retrouve la N5 et j’hésite. Une dame sort de sa maison et m’indique que le chemin est fermé depuis la tempête de 1999 et qu’elle passe ses étés à guider les randonneurs. Je rebrousse chemin, passe devant la maison qu’elle m’a indiqué et retrouve la marque blanche et rouge du GR.

Je coupe de nouveau la N5, monte sur le sentier et passe devant une maison quand un chien me bloque le passage en aboyant. Pas agressif mais ferme. Un homme passe la tête à une fenêtre. Barbu, la 40ne, grisonnant, l’air sympathique. Un beau mec. Il m’explique que je suis bien sur le chemin pour les Rousses, que j’ai encore de la montée à faire, qu’il a de l’eau pour les randonneurs assoiffés et que le chien prévient mais n’agresse pas. Tout va bien. Je poursuis mon chemin. Le chien me suit 100m puis laisse tomber alors que je quitte son territoire. Pas agressif et con comme celui de Salins les Bains. Le maître non plus. Tel maître, tel chien.

J’arrive aux Rousses d’en bas et poursuis jusqu’aux Rousses d’en haut. Il est 12h30 et j’ai faim. Je passe devant une pizzeria qui passe du Gilbert Montagné à fond. Ça me gâcherait le plaisir. Je poursuis et arrive à la fromagerie des Rousses. Jazz à FIP en fond sonore. Salade jurassienne avec comté, jambon, lardons, œufs, melon, salade, poivrons, tomates. Parfait pour un randonneur. Après le soda noir américain réglementaire. Glace en dessert. La patronne m’indique mon hôtel à 200m de là. Il ouvre à 15h le dimanche.

Je prends le temps d’acheter des cartes postales touristiques et pittoresques du Jura, de les écrire et les poster. J’arrive à 15h05. Ma chambre est prête mais impossible de laver et sécher mon linge. Elle m’indique une laverie automatique à 500m. Trop loin. Pas de lessive. Il me reste une tenue pour demain et ce sera la dernière étape. Je ferai ma lessive en Haute-Savoie dans le gîte familial. L’hôtel ne fait pas restaurant le dimanche soir. Dommage. Le menu local semblait sympathique.

Je trouve, à la sortie des Rousses, un restaurant italien. Pas une pizzeria. Légumes marinés en entrée, farfalle aux écrevisses et aux courgettes en plat, soupe de fraises avec glace amarena en dessert. Impeccable. J’ai passé l’après-midi à buller en regardant le Tour de France.

 

Lundi 18 juillet : Les Rousses (France) – Nyon (Suisse)

Les Rousses – La Cure (Suisse) : 2.5km. 45mn

A La Cure, train CFF pour Nyon : 52mn

Ou sentier de La Cure à Nyon via Saint Cergue et Trelex. 20km. 5h. Descente par la voie romaine avec vue sur le Lac Léman et les Alpes (Mont Blanc à l’horizon). Cf photographie sous cet article.

A Nyon, lac Léman, cafés, restaurants, courses. Gare CFF (Chemins de Fer Fédéraux) Port CGN. Baignade, plage

Navire de la CGN (Compagnie Générale de Navigation) de Nyon (Vaud, Suisse) à Yvoire (Haute-Savoie, Auvergne Rhône-Alpes, France) : 20mn de traversée. 

 

 

J’ai déjà fait cette étape en juillet 2007 avec mon ami C pour finir la Grande Traversée du Jura de Pontarlier à Nyon. J’en garde un souvenir ébloui. Descendre vers le Lac Léman par la voie romaine avec les Alpes en face et le Jura derrière. Grandiose. Je trouve la carte IGN et le topoguide de la FFRP peu clairs. Je n’ai pas accès à Internet pour regarder le site www.naturando.ch indiqué sur les panneaux de randonnée à la frontière suisse.

En fait le topoguide indique 2 jours de marche pour aller des Rousses à Nyon alors qu'une journée suffit largement. Les Suisses financent le sentier de l'Echappée jurassienne et le topoguide 390 de la FFRP. Ils veulent que les randonneurs consomment chez eux. C'est tout.

Je demande à la patronne qui ne connaît pas les sentiers. Cela se voit qu'elle ne marche pas dehors. Les panneaux pour randonneurs au centre des Rousses n’indiquent pas la direction de la Suisse (La Cure puis Nyon).

Je suis donc de nouveau la N5 jusqu’à La Cure, village franco-suisse. Enormes bâtiments années 1930 des douanes françaises et suisses. Vides. Adaptés à la N5 Paris-Genève du temps où il n’y avait ni autoroute ni zone Schengen. Je passe sans aucun contrôle avec armes et bagages et trouve les panneaux jaune tourisme pédestre à la gare CFF de la Cure. Je suis en Suisse. Fini de chercher la marque blanche et rouge du GR. Je n’ai plus qu’à suivre le balisage jaune du tourisme pédestre suisse. Pas le même que celui des PR en France. Les Suisses ne mettent pas de croix de Saint André pour vous indiquer de ne pas prendre un sentier comme le font les Français. Tant qu’il n’y a pas de carrefour, pas de marque.

Je vois la Dôle (1677m) et son dôme de télécoms. Vue à 360° sur les Alpes et le Jura d’en haut mais je compte bien l’éviter. En effet, je peux aller à Nyon par la Dôle mais c’est 4h de plus. Comme je compte avoir le temps de manger, boire, me baigner avant de prendre le bateau pour Yvoire (F) je ne prends pas ce chemin.

Un panneau m’avertit qu’en cas d’accident avec les vaches, le propriétaire décline toute responsabilité. Une telle mention serait-elle légale en France ? A vérifier avec des civilistes.

Dans mon souvenir d'étudiant en droit, l’article 1385 du Code civil pose le principe de la responsabilité du propriétaire de l’animal dont il a la garde mais mes souvenirs ont plus de 30 ans et la numérotation du Code civil a changé depuis. Justement, sur le sentier, à un carrefour avec des panneaux, un troupeau de vaches prend toute la place. Elles sont chez elles. Je suis un intrus. Je me faufile discrètement en demandant humblement pardon pour le dérangement et je passe.

A un autre carrefour, j’admire un drapeau suisse qui claque en haut d’un mât devant une maison. Sur le drapeau, un Saint Bernard avec son outre d’alcool. Pas pu prendre de photo. Le vent faisait trop bouger le drapeau. Le couple de résidents m’indique le chemin pour Nyon. Je descends par la voie romaine en suivant les poteaux électriques.

Arrêt à Saint Cergues pour acheter un sandwich et faire remplir ma gourde d’eau dans une boulangerie. Juste après Saint Cergues, je trouve un hôtel avec terrasse panoramique sur le Lac Léman et les Alpes. A l’abandon. Je m’installe pour pique-niquer seul avec vue. Dernière boite de terrine de poisson de la Belle Iloise amenée de Paris, sandwich suisse à la viande séchée, œuf dur et banane pris au buffet de l’hôtel ce matin. C’est complet.

La voie romaine coupe la route avec vue sur le Lac Léman et les Alpes derrière la rive française. C’est aussi grandiose que dans mon souvenir. Cf photographie sous cet article.

Je perds le sentier suisse en suivant les balises du gazoduc (gaz russe je présume). Je finis par retrouver la route pour Nyon et une station-service Tamoil où je n’achète rien mais fait remplir ma gourde. Un client m’indique que je suis à 5km. Je vois les chapiteaux du Paléo festival de Nyon, le plus grand festival de rock de Suisse qui commence mardi 19 juillet. Les champs sont bordés de rubalise pour que les voitures ne viennent pas s’y garer. A l’entrée du site, les vigiles de Securitas m’indiquent la route. Tout droit pour Nyon.

Je passe au-dessus de l’autoroute Genève-Lausanne et entre dans Nyon. Aucune indication du Lac et du port. En montant, descendant, tournant, je finis par voir le port de plaisance. Je n’ai plus qu’à descendre par un joli parc fleuri, avec fontaines, pour arriver au port et à l’embarcadère de la CGN (Compagnie Générale de Navigation du Léman) où l’employée me vend un aller simple pour Yvoire (74) à 15CHF. Elle m’indique aussi la jetée pour me baigner dans les rochers et me dit de me baigner pour elle.

Ce que je fais après avoir dégusté en terrasse ombragée avec vue sur le Lac un thé froid et un sorbet suisse Mövenpick. J’ai prévenu ma sœur préférée de mon arrivée à 18h05 à Yvoire. Après le bain, achat de cartes postales à Nyon. Je les écrirai et posterai sur France, ou bien !

Traversée du lac sur le pont du haut. Dernières photos argentiques du Jura qui s’éloigne. Même au milieu du Lac Léman, il fait chaud. Signe manifeste de dérèglement climatique.

Ma soeur et son compagnon m’attendent sur l’embarcadère. Je n’ai plus qu’à me laisser conduire jusqu’à Pers-Jussy (74) où ma mère nous attend. Après la douche, un bon dîner. La lessive sera faite le lendemain matin. Le Jura est franchi. Je suis passé de France en Suisse . L’an prochain je compte bien passer les Alpes pour aller de Suisse en Italie. Rome est au bout du chemin.

De retour à Paris, fin juillet 2022, j'ai écrit un courrier postal à Mme Marie Guite Dufay, président du conseil régional de Bourgogne Franche-Comté, pour lui suggérer de créer un sentier permettant d'aller à pied de Dijon à Dole, de la Côte d'Or au Jura, de la Bourgogne à la Franche Comté, en reliant le GR2, sentier de la Seine au GR5, sentier de l'Europe, la Manche à la Méditerranée, Le Havre à Nice en passant par Rouen, Paris, Dijon et Dole.

J'ai reçu rapidement une réponse signée du vice-président du conseil régional chargé du tourisme qui a transmis mon courrier au président du comité régional Bourgogne Franche-Comté de la Fédération française de randonnée pédestre. M. le président m'a écrit pour me remercier de ma suggestion, m'indiquer que personne n'y avait pensé et que la question allait être étudiée. A ce jour,  pas de nouvelles d'un chemin de randonnée de Dijon à Dole. Je maintiens ma proposition.

Le chemin se poursuit de la Suisse à l'Italie, en passant les Alpes sur les pas du Premier Consul Napoléon Bonaparte et de l'armée de réserve de la République française, de Nyon (CH) à Aoste (I).

Les photographies de cet article sont l'oeuvre de Guillaume Lagrée. Toute utilisation de ces oeuvres sans autorisation de leur auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Cascade du Jura

Cascade du Jura

Lac d'Ilay. Baignade avant l'ascension du Pic de l'Aigle

Lac d'Ilay. Baignade avant l'ascension du Pic de l'Aigle

Vue sur le lac Léman et les Alpes en descendant par la voie romaine vers Nyon

Vue sur le lac Léman et les Alpes en descendant par la voie romaine vers Nyon

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Paris - Rome IVe partie: de Dole à Poligny, l'Echappée jurassienne (1)

17 Juin 2023 , Rédigé par Guillaume Lagrée

En quittant Arc et Senans

En quittant Arc et Senans

la Loue. Souvenir de Marcel Aymé

la Loue. Souvenir de Marcel Aymé

Paris - Rome IVe partie

L’Echappée Jurassienne (1)

De Dole (Jura, Bourgogne Franche-Comté, France) à Poligny (Jura, Bourgogne Franche-Comté, France)

Topo guide 390 de la FFRP

Mai 2022. GR59 et variantes.

5 jours de marche de Dole à Poligny

 

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Que les Dieux et les Muses le protègent!

 

Lundi 9 mai: Paris (75) – Dole (39) – La Vieille Loye (39)

TGV Lyria France -Suisse

Paris gare de Lyon : 7h56

Dole : 9h57.

Courses à Dole.

Gare de Dole - Valcombe : 3.5km. 55mn

Valcombe – La Vieille Loye (241m) : 11km. 2h45.

14.5km. 3h40. Hôtel communal de la Clairière de Chaux, 2 rue du Chalet, 39380 La Vieille Loye. Dîner sur place. 

Réveil à 5h30. A 5h45 le grille pains fait sauter l’électricité. Comme ma lampe torche ne marche plus, je craque une allumette, rallume le compteur général et mange le pain sec. TGV Paris Lausanne en 1ère. Départ de Paris gare de Lyon à 7h56. Mon voisin de couloir a l’ordinateur portable, le costume et les chaussures d’un optimiste fiscal en partance pour la Suisse mais il descend à Dijon. Préjugé de ma part.

Le TGV arrive à Dole à 10h02 au lieu des 9h57 prévues. Pour un TGV Lyria France-Suisse, c’est un retard inadmissible. Le GR59 est très bien indiqué dès la place de la gare mais je perds du temps à admirer Dole, le Doubs (le fleuve, pas le département), les paysages en chemin. Je trouve même l’affiche d’un festival Couleurs Jazz à Lons le Saunier fin mai. Rien à voir avec Couleurs Jazz Radio où je tiens une émission mensuelle. Ils nous ont même menacé d’un procès mais ont laissé tomber l’affaire.  J’arrive en forêt de Chaux au bout de 1h50 contre 0h55 annoncé dans le topoguide Echappée jurassienne de la FFRP (Fédération française de randonnée pédestre). Pause fruits secs au parking à l’entrée de la forêt. Je discute avec une dame locale jeune grand-mère qui promène son petit-fils. Son grand-père est Breton. Son mari aussi. Les Bretons sont partout ! Le GR est très bien marqué en forêt jusqu’à une route forestière.

Là, je le perds et poursuit naïvement jusqu’au village de Belmont. Un type sort de sa voiture garée à l’entrée de la forêt et me demande où je vais. Je lui réponds « La vieille Loye ». « C’est l’opposé. Je vous emmène ». Le gars a l’air serviable et beurré comme un petit LU. Je lui fais tout de même confiance. Il m’emmène bien à La Vieille Loye avec une conduite surprenante (il connaît la route par cœur et lâche un Merde ! retentissant quand il roule sur un haricot au milieu de la route). Il m’emmène voir les baraques du 14, des maisons forestières avec four à pain du XVIIe au XIX° siècle. Emouvant.

Ensuite, il me ramène à la Vieille Loye. Il ignore l’existence d’un gîte communal mais comme je suis formel sur ma réservation, il cherche. Il s’arrête à une maison demander à une dame garde d’enfants. La dame nous explique la route. Le gars m’explique que cette femme est belle mais spéciale. Elle ne fait plus confiance aux hommes depuis son divorce. Enfin, J-C me dépose au gîte communal de la Vieille Loye qu’il découvre avec moi. Dans le même bâtiment, la commune a réuni la salle des fêtes, l’agence postale, le gîte communal, la garderie d’enfants et la cantine scolaire. Il est 15h30. Le gîte est fermé. L’agence postale n’ouvre pas avant 16h30. Aucune heure indiquée pour le gîte et sur le téléphone fixe, que j’entends sonner, je tombe sur le répondeur.

J-C fut militaire (Légion étrangère) puis policier. Jeune retraité et divorcé. Il n’a plus ni chef ni épouse pour le diriger. Il est perdu. C’est une âme en peine qui noie son chagrin dans l’alcool. Un bon gars. Je lui ai proposé un billet pour l’essence. Il a refusé parce que je suis gentil. Je ne lui ai pas dit de se soigner mais je lui souhaite.

Le gîte communal de la forêt de Chaux est donc fermé. Je vais voir la voisine à son jardin. Une mamie très sympathique qui appelle le maire après l’avoir critiqué. Le maire appelle Yoko, la gestionnaire du gîte. Une Japonaise qui vit depuis 30 ans dans le Jura. Mariée à un local. Finalement, un employé communal ouvre la porte de l’agence postale et nous dit que Yoko arrive dans 15 mn. Je dis « nous » car C, une randonneuse de Marseille, m’a rejoint. Elle aussi marche seule sur l’Echappée jurassienne. La 30ne, blonde, sportive. Elle va jusqu’à la frontière suisse (Les Rousses) où j’arriverai cet été. Demain, elle fera 25km. Moi 15 comme aujourd’hui.

Yoko arrive 5mn après et nous ouvre le gîte qui est grand, spacieux, propre, bien équipé. Organisation japonaise. Tout est nickel. Une Roumaine assiste Yoko. Ce soir, repas traiteur à chauffer au four. Ca fera l’affaire. Moins cher qu’un hôtel restaurant, c’est clair.  Première lessive à la main qui sèche en terrasse. En fin d’après-midi, je joue au badminton en double avec Yoko et les enfants de l’école en attendant que leurs parents viennent les chercher. Très sympathique. C. passe au four tomate farcie et gratin dauphinois. Je mets la table. Ajoutez charcuterie en entrée, part de Comté Juraflore du Fort des Rousses et pomme, cela fait trop. Ni elle ni moi n’en venons à bout. Ca nous fera des provisions pour le pique nique du lendemain midi. Dîner en duo en terrasse avec vue sur la forêt de Chaux. Discussion sympathique. Après le dîner, coucher tôt et lever tôt.

 

Mardi 10 mai: La Vielle Loye (39) - Arc et Senans (25)

La Vielle Loye – Route forestière Gilardoni : 2.8km. 45mn

Route forestière Gilardoni – Arc et Senans (236m) : 13.5km. 3h20.

16.3km. 4h05.

A Arc et Senans, visite de la saline royale, classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO.  Courses. Maison d’hôtes Arc en Sel, 36 Grande Rue, 25610 Arc et Senans. Dîner sur place.

 

 Petit déjeuner en duo. Nous nous séparons car elle va d’abord voir les baraques de 14 que j’ai vu hier grâce à J-C, mon chauffeur. Je ne l’ai jamais revue. Je prends le GR59 muni du pain et du fromage de la veille. Je marche tranquillement jusqu’à la route forestière Gilardoni (beaucoup d’Italiens dans les ouvriers du bois dans le Jura) où, comme la veille, je perds le GR.

A la ligne de chemin de fer, je croise une promeneuse qui m’explique que j’arrive à Santans. Elle ajoute que je peux soit faire demi-tour pour retrouver le GR soit prendre la route pour Arc et Senans depuis Santans. Au village de Santans un papy descend de son échelle et me demande pourquoi je ne suis pas sur le GR. Je lui explique et il m’indique la route à suivre. Je suis tranquillement la route ce qui me permet d’admirer l’église gothique (XIII°) de Chilley sur Loue. Arrivée à Arc et Senans à 14h. En chemin je suis passé du département du Jura au département du Doubs. Panneaux visibles sur la route. Dans le Doubs, absinthe toi !

Le gîte est beau, une grande maison bourgeoise avec jardin qui jouxte la Saline royale (patrimoine mondiale de l’Humanité) mais la chambre n’est pas prête. Je laisse mon sac au gîte et visite de nouveau la Saline royale. Toujours aussi impressionnante. 1ères cartes postales du séjour. Je suis vraiment arrivé trop tôt. Quand je reviens vers 16h, la chambre est prête mais il n’y a pas encore d’eau chaude dans la douche me prévient la maîtresse de maison, une Colombienne mariée à un Français. Pas grave. Vue la chaleur, une douche fraîche me fait du bien.

 Je vais dîner avec un couple de retraités. Moins plaisant qu’avec une jeune randonneuse blonde ! Dîner au jardin, chacun à sa table. A 10m de distance. M. cuisine, Mme sert. Terrine maison avec salade, tomates et endives. Délicieux. Cabillaud pas du tout local avec galette de pommes de terre, tomates cuites et petits légumes frais. Moelleux au chocolat avec crème, boule de glace, tranches d’orange en dessert. 36 € en plus des 105€. Le gîte communal c’était 65€ tout compris. C’est plus chic, plus cher, plus classe mais moins dans l’esprit de partage propre aux gîtes. C’est une chambre d’hôtes, pas un gîte d’étape. Le lendemain, j’ai rendez-vous à 14h30 aux thermes salines de Salins les Bains pour une séance de relaxation qui commence à 14h45. D’après le topoguide, j’en ai pour 6h de marche, sans les pauses. Je demande un petit déjeuner à 6h30 au lieu des 8h30 habituelles. Accordé.

 

Mercredi 11 mai: Arc et Senans (25) - Salins les Bains (39)

Arc et Senans – Sur les fontaines : 3km. 45mn

Sur les fontaines – Port Lesney : 5.5km. 1h20

Port Lesney – Rennes sur Loue : 4.1km. 1h

Rennes sur Loue – La Chapelle sur Furieuse : 2km. 30mn

La Chapelle sur Furieuse – Voie verte : 6.7km. 1h40.

Voie verte – Salins les Bains (340m) : 2.3km. 35mn

23.6km. 6h50.

A Salins les Bains, bains & massages aux Thermes. Courses.  La Maison de Poupet, 8bis rue de la République, 39110 Salins les Bains

D’une saline royale à l’autre, d’un monument classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO à l’autre, du Doubs au Jura. A 6h30, je suis lavé et habillé. Tout le monde dort. Je récupère mes vêtements qui séchaient. Slip et chaussettes finiront de sécher sur le sac. J’entre dans la cuisine et fait peur à la patronne qui ne m’attendait pas là. Elle me prépare le thé et les toasts au pain de mie (trop tôt pour le pain frais), sort les confitures maison de M. (abricots, mûres, orange), le fromage blanc frais et m’offre gracieusement 2 toasts jambon fromage et une pomme pour le midi. Je pars à 7h30 et suis le GR 59 qui fait des détours mais en forêt, à l’ombre alors que le soleil cogne comme en juillet.

Aujourd’hui, je ne perds pas le GR. Je croise un homme qui sarcle sa vigne à la main. Je le salue et nous discutons brièvement. Dans une autre vigne, un autre viticulteur balance des pesticides depuis un tracteur de sovkhoze des années 50. En me voyant arriver, il s’arrête mais il m’a bien empoisonné. J’ai aussi croisé un éleveur de chevaux comtois qui forçait le poulain à téter sa mère. La jument le laissait faire, confiante. Pas le poulain qui a fini par céder. Les chevaux sont beaux. Cet homme sait s’en occuper. Cf photographie au dessus de cet article.

Je longe la Loue en passant par Rennes sur Loue. Premier pique-nique à la Chapelle sur Furieuse à l’ombre d’un mur. 2e pique-nique à Onay, toujours à l’ombre d’un mur. Là, un petit garçon blond à vélo me demande si j’ai une maison. Je lui réponds que Oui mais qu’elle est à Paris. Ça l’intrigue alors je lui explique mon voyage. Lui va marcher jusqu’à un château mardi prochain avec l’école et la maitresse. Je le déçois car, mardi 17 mai, je serai à Paris. Ses parents ont divorcé. Sa mère a un copain. Son père a une copine. L’amoureux de sa mère a des jumeaux de son âge, 6 ans. Ça lui fait de nouveaux copains et ça lui plaît. Il a l’air de bien gérer la situation. Il est en vacances chez ses grands-parents. Papy est au travail et lui repart chez Mamy. Après mon départ d’Onay, je l’ai croisé de nouveau car il tenait à me montrer son 2e vélo, plus grand, plus beau. J’ai admiré le vélo et lui ai expliqué les signes du GR et du PR en lui disant bien de ne pas me suivre jusqu’à Salins les Bains. Il a compris et est reparti.

Arrivée à 14h à Salins les Bains en prévenant Christelle, la propriétaire de l’appartement, par SMS de mon avancée. Elle m’ouvre la maison de Poupet (nom de l’appartement) Je me change, prend mes affaires, de l’argent (90€ la séance de relaxation aux thermes) et elle m’emmène gracieusement aux thermes en voiture.

De 14h45 à 16h30, 4 soins à suivre : massage à l’eau salée, argile chaud, douche au jet, hydro bain (bain massant aux sels minéraux). Après la séance, je n’ai plus de force pour nager dans la piscine d’eau salée. Douche à l’eau douce et au savon pour enlever le sel et retour à pied, à l’appartement, tranquille, pour tout mettre à sécher. Le prix est mérité vu le bienfait ressenti après 3 jours de marche au soleil. Dîner seul en pizzeria ce soir. Apéritif maison au crémant du Jura, sirop de violette et framboisines. Pizza salinoise (comté, lardons, saucisse de Morteau). Dessert coupe glace vanille, abricots sirop, liqueur prunelle. Impeccable. 25,70€. Je suis revenu dans le Jura mais, comme j’étais sur le GR, aucun panneau ne me l’a indiqué.

 

Jeudi 12 mai: Salins les Bains (39) – Arbois (39)

Salins les Bains – Côte Château : 4.5km. 1h45

Côte Château – Pretin : 0.7km. 20mn

Prelin – Montigny les Arsures (367m) : 8km. 2h30

Montigny les Arsure – Arbois. 4km. 1h

14.2km. 5h30

Logis Hôtel les Messageries. 2 rue de Courcelles. 39600 Arbois. 

 

Journée de marche dans les vignobles. Je n’en ai vu aucun le long du GR2 en Bourgogne dans l’Yonne et en Côte d’Or mais, en Franche-Comté, dans le Jura, sur le GR59, j’y suis.

Journée des recommandations. Je commence par la boulangère de Salins (pain aux raisins et baguette tradition délicieux) qui m’apprend que le chemin d’accès au fort Saint André, que je vois de la place du marché, est obstrué pour éboulement. C’est par là que commence le GR au sortir de Salins. Je demande au fromager du marché à qui j’achète un saucisson au vin d’Arbois (un délice). Il me renvoie vers l’apiculteur qui, lui, est de Salins. Il me dit que c’est jouable, me montre une arcade, me dit d’en passer 2 avant de prendre le chemin sur la gauche vers le fort. Je passe la 1ère arcade et voit l’indication d’un chemin pour le fort Saint André à 2,6km et le village de Pretin. Je suis puisque c’est la direction du GR. Je ne prends donc pas le chemin de 1600m pour le fort Saint André après la 2e arcade. Sentier raide en sous-bois qui débouche sur une route goudronnée.

Là, un chien sort de sa propriété et vient me menacer sur la route, crocs sortis et aboyant fort. Moment d’angoisse. Le propriétaire l’appelle mais le chien continue de me chasser sur la route. Le propriétaire crie, moi aussi. Le chien me lâche après 100m. J'ai  écrit au maire de Salins car ce chien est dangereux pour les promeneurs. Aucune réponse de M. le maire à ce jour. Ensuite la route goudronnée monte en lacets jusqu’au fort Saint André, un fort Vauban bien modifié, en travaux. Pas de visite. Je dédie mon passage à mes grands-parents maternels, les André. C’est là que je prends en photo un panneau qui reprend la carte de mon GR, l’Echappée jurassienne.

Je pars vers Pretin par un chemin casse pattes qui monte raide puis descend sec. A Pretin, 1er en cas à l’ombre de l’abri bus devant la mairie. Juste à côté, une belle fontaine d’eau fraîche. Je me rafraichis les bras, la tête, la casquette, les bâtons mais n’ose pas en boire faute d’indication. Je remonte depuis Pretin et demande de l’eau à un couple de paysans retraités. Ils faisaient des vaches laitières (Comté, Morbier). Ils m’offrent de l’eau et nous parlons politique (ils votent Mélenchon). Le mari m’explique un chemin plus court que le GR pour Arbois. Ils m’expliquent que l’eau de la fontaine à la mairie est potable et ne se tarit jamais. Ce serait bien de l’indiquer dans le topoguide et sur la fontaine. Vu qu’il fait lourd et que l’orage est possible, je prends l’information. Ses indications sont bonnes.

Je quitte le GR pour suivre un sentier jusqu’à la Grange Perrey. Là, je m’arrête demande aux résidents qui me confirment l’endroit et le chemin pour Arbois. Tout au bout, à droite. Tout au bout, cela signifie, comme je l’ai deviné, au bout du chemin, au croisement avec la départementale et le goudron. Sur la route, je croise un cycliste. A ma demande, il s’arrête et me confirme que je suis sur la bonne route, dans le bon sens. D’après lui, il me reste 6-7km et l’orage ne tombera pas. 2e en cas à l’ombre d’un arbre. Je finis par les pâtes de fruits de coing bio de Haute-Savoie. Je jette les grains de sucre dans l’herbe. Ça réjouira les fourmis. Cf photographie de la combe croisée en chemin en dessous de cet article.

En suivant la route, je retrouve le GR à l’approche d’Arbois. Je vois un chemin le long des vignes qui, manifestement, va tout droit sur Arbois. Je marche et arrive dans Arbois. J’appelle l’hôtel. Pas de réponse. En cherchant et en demandant, je trouve l’hôtel des Messageries, relais de diligence du XVIIIe siècle toujours en activité.

Excellent accueil. Je demande si je peux laver mon linge et le faire sécher à l’abri de la pluie. Il fait bien lourd, bien couvert et quelques gouttes sont tombées à mon arrivée vers 15h. L’hôtesse d’accueil appelle le pressing voisin et demande le prix. 8€ le kg. J’arrive au pressing mais le patron, au look de biker, ne savait pas que je voulais mon linge lavé, séché, plié pour ce soir. En grognant, il accepte la mission.

En faisant le tour des restaurants recommandés par l’hôtesse, j’opte pour la Finette, auberge franc-comtoise dont le menu n’a pas changé depuis son ouverture en 1962. Authentique.

A 18h45, l’hôtesse m’appelle sur le téléphone de la chambre. J’ai oublié d’aller chercher mon linge mais le gars du pressing l’a ramené. Lavé, séché, plié comme promis.

A la Finette, Je choisis le menu Saveurs du terroir. Je commence par une limonade du Jura à la fraise des bois (Excelia, délicieuse), une finette à la mûre (kir local), de l’eau et un verre de vin blanc du Jura à goûter. Salade arboisienne au jambon et comté, poulet au vin jaune et aux morilles avec riz blanc, faisselle aux fruits rouges (j’ai renoncé au fromage), glace vanille et griottes de Fougerolles (70) que j’ai découverts à Montbéliard il y a plus de 20 ans. Moins de 50€. Heureusement que j’avais bien marché dans la journée sinon je n’aurais pas été de taille à affronter la Finette. Le meilleur repas de toute ma traversée du Jura, c'était là.

 

Vendredi 13 mai:  Arbois (39) – Poligny (39) - Paris (75)

Arbois – Pupillin : 3km. 45mn.

Pupillin – Poligny : 9km. 2h50

12km. 3h35mn. Poligny, capitale du Comté. Courses et gîte. Restaurants. Gare SNCF.

A Poligny TER Bourgogne Franche-Comté pour Besançon Viotte . Départ : 18h20. Arrivée : 19h09.

 A Besançon Viotte TGV pour Paris gare de Lyon.  Départ : 19h33. Arrivée : 22h09

 

 

Il a bien plu cette nuit. Je suis au petit déjeuner à 7h car mon objectif du jour est d’être à table à 12h30 à la Sergenterie, à Poligny. Normalement, le petit déjeuner est à partir de 7h30 mais c’est négociable. L’hôtesse d’accueil me montre sur plan et sur photo satellite le chemin pédestre pour aller d’Arbois à Pupillin où je retrouverai le GR59 pour Poligny. Il fait humide mais moins chaud, moins lourd et il ne pleut plus. La Nature se réjouit et verdit à vue d’œil après ces jours de chaleur. Je trouve assez vite les panneaux et la marque du PR (jaune) pour Pupillin. D’un village vigneron à l’autre, d’une AOP à l’autre. L'AOC Arbois est la plus ancienne de France (1936). J'ai donné rendez-vous à des amis à Arbois en 2036 pour le centenaire.

A Pupillin, je tombe sur un propriétaire récoltant qui a installé une statue de la Vierge Marie devant sa boutique en 1856. Manifestement, l’affaire est bénie puisqu’elle marche encore, sous le même nom, Petit. A la sortie de Pupillin, travaux impressionnants de construction d’un bâtiment viticole. Le vin du Jura rapporte gros et cela se voit.

Juste après le village, le belvédère de Pupillin donne une superbe vue sur les montagnes du Jura. J’admire et prends des photos. Une dame m’interpelle en anglais. C’est une Néerlandaise sortie de son camping-car pour me proposer le thé du matin. Je refuse poliment expliquant que j’ai déjà pris mon petit déjeuner à l’hôtel. Le GR passe devant un forum gallo-romain. A la taille d’un village local mais le mur quadrilatère est bien visible. Je photographie et me fais photographier par 2 mamies randonneuses jurassiennes. Je leur explique mon projet de marche de Paris à Rome et que j’en suis arrivé dans le Jura. Impressionnées favorablement, elles m’encouragent à poursuivre.

C’est l’étape où j’ai croisé le plus de marcheurs en chemin. Un peu plus tard, je croise une belle brune sportive qui randonne seule. Je lui demande si je suis bien sur le chemin pour Poligny. Elle me répond « Je ne parle pas le français » avec un charmant accent britannique. Je lui demande en anglais. Elle me répond un vague « Yes »  et part devant en gambadant comme une biche. Manifestement, je dois avoir une tête de grand méchant loup et je lui ai fait peur.

Plus loin encore, je croise un grand jeune homme blond qui tient sa cueillette en main et marche avec un chien sans laisse. Chien manifestement inoffensif. Je lui raconte ma mésaventure avec le chien agressif de Salins les Bains. Il compatit puis poursuit son chemin léger, sans sac. Le GR fait monter très haut pour redescendre à pic vers Poligny. Je l’abandonne pour PR qui lui-même se subdivise.

J’ai commis l’erreur de prendre le sentier le plus raide. Bien glissant en descente avec l’humidité. Je marche en crabe, freine avec les pieds et les bâtons et, en descendant, je croise une jeune femme qui monte seule avec des lunettes et un parapluie. Je la laisse passer en disant : « Priorité à la montée ». Elle me sourit et poursuit son chemin. Je finis par un escalier raide qui longe les anciens remparts de Poligny. Escalier installé en 2020 par un régiment de l’armée de Terre. Un panneau le marque.

Je trouve la tour de la Sergenterie, la rue de la Sergenterie mais pas mon restaurant. Il est 11h30 et je suis à Poligny. J’avais terminé ma randonnée de 2021 par la collégiale de Dole, repris en 2022 par la collégiale de Dole. Je finis en 2022 par la collégiale de Poligny, gothique elle aussi.

A force de demander et de tourner, je trouve mon restaurant la Sergenterie et arrive à 12h30 pile. Ma table m’attend. Dans une cave gothique. J’ai la place de ranger sac à dos et bâtons derrière moi sans gêner personne. Au menu, verre de macvin et comté en amuse-bouche, croûtes aux morilles, filet de sandre sauce au vin jaune et aux morilles avec ses petits légumes, assiette de fromages (comté, morbier & cacouyard, fromage à pâte molle que je découvre). Verre de vin blanc du Jura et bouteille d’Evian. Pas de dessert. Je me régale pour moins de 50€.

Achat des dernières cartes postales, rédaction et postage. Les précédentes furent écrites et postées à Arbois. Il me faut trouver du vin et du fromage à ramener à Paris pour moi et 4 collègues. A Poligny, les magasins de vins et de fromages sont aussi nombreux que les bijoutiers place Vendôme à Paris. Je vais à l’écart, trouve une belle église clunisienne et juste en face un fromager caviste. J’entre, me fais conseiller et achète pour plus de 108€ dont 65€ pour la bouteille de vin jaune commandée par G. Il me la remboursera. Après moi est entré un habitué, manifestement local qui venait acheter son fromage. Bon signe.

Mon TER (Train Express Régional) Bourgogne Franche-Comté pour Besançon Viotte est à 18h20 et il n’est pas encore 15h. Je m’installe sur une terrasse ombragée de café et attend tranquillement que la serveuse vienne prendre ma commande de glace pour le dessert. Framboise et nougat glacé, c’est la touche finale pour cette randonnée jurassienne. Je sors du café vers 17h et marche lentement vers la gare de Poligny, en demandant mon chemin. Il n’y a plus qu’à attendre le TER et veiller à ce que les 2 bouteilles de vin (vin jaune pour G, vin blanc du Jura pour K) ne se choquent pas dans le sac que je porte à la main. La gare n’a plus aucun agent de la SNCF. A leur place est installé un torréfacteur de café. Je suis rentré voir. Il avait l’air aussi surpris que moi de voir du monde. Pas sûr qu’il fasse des affaires.

Le TER Bourgogne Franche Comté est rempli. Il part de Lons le Saunier et finit à Belfort en passant par Montbéliard où j’ai commencé ma carrière de fonctionnaire (2000-2002). Je descends à Besançon Viotte pour prendre le TGV pour Paris gare de Lyon. Dans le TER, les 2 gars à côté de moi se plaignent que le train a 2 mn de retard. 2 mn ! Ces Jurassiens sont pires que des Suisses. Des gars de 20 ans en plus. A la descente du TER, un homme de mon âge me dit en souriant de faire attention à ma précieuse marchandise car il a entendu et vu les bouteilles. Arrivée à 19h11 au lieu de 19h09.

Mon TGV pour Paris gare de Lyon est à 19h33. Il est à l’heure. Je m’installe en solo en 1ère et pose soigneusement les bouteilles dans leur sac à mes pieds. Le TGV file vers Paris en s’arrêtant à Dole puis Dijon. Je sens la jonction des lignes grande vitesse et l’accélération du TGV. Je suis bien à Sarry (89), la commune où se joignent et se séparent, suivant le sens, les LGV Sud vers la Méditerranée et Sud Est vers les Alpes et le Jura. Mon téléphone portable est formel. J’envoie un message à ma tante F chez qui je m’étais arrêté, à Sarry (89), lors de ma marche d’Auxerre à Dole en juillet 2021.

Arrivée à Paris gare de Lyon à l’heure. 22h03. Métro, marche, ascenseur. L’appartement est intact, les bouteilles aussi. J’ai de belles ampoules aux pieds mais rien de grave. Restent les souvenirs, les images et à préparer la suite de l’Echappée Jurassienne de Poligny (France) à Nyon (Suisse) pour l’été 2022. Pour la soirée du vendredi 13 mai, j’ai jeûné. Au vu de mon dîner de la veille et de mon déjeuner du jour, je n’ai pas souffert de la faim ce soir-là.

Le chemin se poursuit à travers le Jura, de la Franche Comté au canton de Vaud, de la France à la Suisse, de Poligny (F) à Nyon (CH).

Les photographies de cet article sont l'oeuvre de Guillaume Lagrée. Toute utilisation de ces oeuvres sans autorisation de leur auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Vignoble du Jura

Vignoble du Jura

Combe du Jura

Combe du Jura

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Paris - Rome IIIe partie: d'Auxerre à Dole, de la Bourgogne à la Franche Comté

1 Juin 2023 , Rédigé par Guillaume Lagrée

Le long du canal de Bourgogne

Le long du canal de Bourgogne

Après le passage de l'Ile de France à la Bourgogne dans la IIe partie de ma marche de Paris à Rome (Montereau fault sur Yonne - Auxerre), la IIIe partie m'a mené de la Bourgogne à la Franche Comté, d'Auxerre, préfecture de l'Yonne à Dole, sous-préfecture du Jura. Deux univers bien différents bien que liés historiquement par le duché de Bourgogne et l'empire de Charles Quint, administrativement par la région Bourgogne-Franche-Comté. Le chemin entre les deux anciennes régions reste  à créer comme vous le constaterez, lectrices exploratrices, lecteurs voyageurs, dans le récit qui suit. 

Cette randonnée fut effectuée en juillet 2021. 14 jours de marche d'Auxerre (89) à Dole (39)

 

Lundi 19 juillet : Paris (75) –  Auxerre (89) - Vermenton (89)

TER Bourgogne Franche Comté.

Paris Bercy : 6h10

Auxerre Saint Gervais : 8h12

Auxerre – Vermenton par la Voie Verte le long de l’Yonne, direction Sud. 20km. 5h de marche.

Chambre d’hôtes à l’abbaye de Reigny (piscine). . Rue de l’hôtel de ville. 89270 Vermenton. 

Réveil matinal. Train à 6h10 pour Auxerre à Paris Bercy. En allant au métro, un gars me demande si je viens de loin, intrigué par mon style : casquette, chaussures de marche, sac à dos, bâtons. Je lui ai dit que je ne viens pas de loin mais que je vais loin. Il me croit et me souhaite bon voyage. Dans le TER Bourgogne Franche Comté pour Avallon, lors d’un arrêt avant Auxerre, un couple de jeunes marginaux s’assied dans la rangée de fauteuils de l’autre côté par rapport à la mienne. Avec deux gros chiens noirs aussi grands qu’eux. Les chiens sont bien mieux éduqués que leurs maîtres. La femme se tenant mieux que son homme. Les chiens ne disent rien, ne s’étalent pas sur les sièges, n’écoutent pas de musique, ne racontent pas leur vie. Bref, j’ai fait un câlin à l’un des chiens pour le féliciter. Tout le monde descend à Auxerre Saint Gervais. Les chiens, les maîtres et moi.

A Auxerre, achat de pain puis descente vers le Sud le long de l’Yonne. Quand c’est possible. Comme pour la tranche précédente de la marche (Montereau fault sur Yonne- Auxerre en octobre 2020), les rives de l’Yonne sont parfois privatisées ou à l’état de nature, bref impraticables pour un marcheur. Parfois il y a une piste cyclable, parfois il n’y a rien. Quand il n’y a rien, reste la D606 (ex N6 qui va de Paris à l’Italie par Lyon et la Savoie au col du Mont Cenis) en plein soleil.

J’avais sous-estimé le trajet. Départ d’Auxerre à 8h30. Arrivée à Vermenton, à l’abbaye de Reigny à 17h30. Je suis desséché et épuisé. 30°C à l’ombre et sur la route, pas d’ombre. Les arbres plantés sur ordre de Louis XV pour que ses soldats marchent à l’ombre le long de ses routes ont disparu.

Heureusement, l’abbaye de Reigny, désacralisée, vaut le voyage. Une abbaye cistercienne largement remaniée avec un jardin d’abbaye, une piscine, l’Yonne au bout du terrain, un piano Bechstein du XXI° siècle au salon du bas, Erard du XIX° siècle au salon du haut (je l’ai recommandé à mon ami pianiste Ziad Kreidy car les propriétaires ne savent que faire de ce piano que l’accordeur ne sait pas accorder). Le tout meublé avec goût par une famille BCBG qui sait recevoir. Ce soir, je suis le seul hôte de l’abbaye alors qu’il y aura un mariage mercredi 21 juillet et un autre samedi 24 juillet. 200 personnes peuvent tenir ici. C’est dire si je suis à mon aise. Même le bruit de fond de la N6 ne me dérange pas. Repas d’hôte rien que pour moi. Délicieux. 138€ la chambre +25€ le repas. Je ne le ferai pas chaque soir mais après une première journée harassante, le bain dans la piscine après la douche, le luxe et le confort m’ont fait grand bien. Diner et petit déjeuner en terrasse. Je sonne la cloche avant de partir, la même tradition que dans la maison familiale de Haute-Savoie.

 

Mardi 20 juillet : Vermenton (89) – Nitry (89)

14km. 3h30. Longer la D11 direction Est avec passage à Sacy, ferme de la Bretonne, maison natale de Nicolas Edme Restif de la Bretonne (1734-1806), écrivain marcheur. Cf vidéo sous cet article.

Jacques Lacarrière (1925-2005), écrivain marcheur, grand lecteur de Restif, a vécu et écrit à Sacy. Jean-Paul Roussillon (1931-2009), de la Comédie française, est enterré à Sacy.

Gîte et couvert à La Beursaudière. Chemin de ronde. 89310 Nitry.

Etape courte. Le long d’une départementale peu fréquentée. Pas d’ombre. Heureusement, je marche le matin car nous sommes dans une semaine de canicule. Je vois un sentier pour Sacy, village natal de Nicolas Edme Restif de la Bretonne (1734-1806), un de mes écrivains favoris. 50mn à travers bois indique le panneau. En restant sur la D11, j’arrive en 17mn. Bon choix. Photo de la ferme de la Bretonne, toujours habitée, avec une plaque en souvenir de l’écrivain, observateur des mœurs rurales et citadines comme dit la plaque. Jacques Lacarrière, écrivain marcheur du XX° siècle, grand admirateur de Restif, passa les 20 dernières années de sa vie dans le village de Sacy. L’église romane où fut baptisé Restif est ouverte à la visite le 15 juillet et le 11 août. Je ne suis pas là le bon jour. Photos souvenirs.

Je poursuis par la D49 jusqu’à Nitry, en passant au-dessus de l’A6, peu fréquentée car le mardi 20 juillet n’est pas un jour de chassé-croisé de vacanciers. Logis à la Beursaudière, ancienne abbaye transformée en hôtel restaurant fort confortable. A 500m de l’A6 mais les vents font que le bruit ne parvient pas jusque-là. J’avais testé le restaurant la Petite Beursaude à Auxerre, à l’arrivée de la précédente marche. Délicieux. Je teste maintenant la maison mère puisque la patronne de la Beursaudière est la mère du patron de la Petite Beursaude.

Arrivée vers 12h30. Pique-nique en terrasse en attendant le dîner qui devrait être fameux vu la réputation de l’endroit. La beursaude est une ancienne recette locale, infaisable aujourd’hui car trop grasse (galette au saindoux). Première séance de cartes postales l’après-midi car j’ai du temps libre et que la Beursaudière en vend de fort belles dans sa boutique où j’achète aussi des bougies de rat de cave pour ma mère. Effectivement, le dîner fut fameux. Entrée, plat, fromages, dessert, kir, verre de blanc de Bourgogne, j’ai tout goûté, approuvé et photographié. Mal dormi car je n’ai pas vu les volets qui permettaient de cacher la lumière des veilleuses de la cour. Faute d’inattention de ma part. Le lendemain matin petit déjeuner parfait pour un marcheur. Que des produits frais et locaux. Miel, confiture, fromage blanc frais de l’abbaye de la Pierre qui Vire, fromages, pains et viennoiseries, thé, jus de fruit. Avec en fond sonore un album qui figure dans ma discothèque: Duet de Sylvain Luc et Bireli Lagrène. Réveil en douceur.

 

Mercredi 21 juillet : Nitry (89) – Sarry (89)

18km. 4h30. Longer la D49 vers l’Est. Passage par Noyers sur Serein, un des plus beaux villages de France. Puis D101 vers le Sud jusqu’à Sarry

Gîte familial à Sarry.

Aujourd’hui, je parcours à pied un trajet que je connais par cœur en voiture. Celui qui va de Nitry à Sarry, la maison de ma tante F., étape habituelle sur la route des Alpes, à l’aller comme au retour. Départ à 8h30. Discussion à la sortie du village avec un vieux cow boy de Nitry. Barbe et cheveux blancs, grand chapeau, lunettes rafistolées avec du scotch, boite à outils. Il a le style. Après que je l’ai renseigné sur mes intentions, il me souhaite bonne marche et bonnes vacances.

Que la départementale sans ombre entre les champs de blé, orge, tournesol. Je trace. 2h pour les 10km jusqu’à Noyers sur Serein. Arrivée à 10h30. Arrivée 10km plus tard à Sarry à 13h15. Plus laborieux mais la chaleur et les côtes me ralentissent. J’arrive à l’étape avant la fin de ma gourde et le zénith du soleil. Bien calculé. Jeûne ce midi après tout ce que j’ai mangé hier soir et ce matin à la Beursaudière. Je livre les bougies pour ma mère qui les prendra à son prochain passage, de retour de la Haute-Savoie vers l’Ille et Vilaine. Ainsi que 2 sauces de Guyane pour les 50 ans d’A., fille de F., ma cousine donc. Première lessive de la marche. En machine et à la main car j’en ai oublié. Le soleil et le vent sèchent le tout dans l’après-midi. Douche froide au gîte mais par cette chaleur, c’est agréable. Du bruit dehors. Les moissonneuses batteuses tournent pour l’orge. Le blé, ce sera 15 jours plus tard.

J-Y, le voisin paysan, passé voir F, m’explique que ce sont des Fendt, fabriquées en Bavière, à 230 000€ car seules les machines allemandes et suédoises sont solides, pas les italiennes et les américaines. Même chose que pour les voitures en fait. Pas la même qualité d’acier et de motorisation. Après 2 gîtes à 150€ la nuit, un gîte gratuit est le bienvenu surtout que le standing reste élevé. Dîner avec des produits frais et locaux. Tarte à la tomate avec des tomates du jardin et une farine d’épeautre moulue à 5km, salade cueillie au jardin le soir même. Petites saucisses locales et riz pilaf. Pas de fromage. Glaces vanille café. Excellent bilan carbone et excellent dîner. Dormi comme un loir même si j’ai encore oublié les volets et que la pleine lune règne. La seule lumière électrique, c’est celle des éoliennes à plusieurs km. Pas gênant.

 

Jeudi 22 juillet : Sarry (89) – Rougemont (21).

17km. 4h15. Longer la D956 vers l’Est.

Chambres d’hôtes Les Chambres de Rougemont. Route d’Aisy. 21500 Rougemont. 

 

Après un petit déjeuner local et délicieux, moins somptueux qu’à la Beursaudière, départ. F. me photographie au départ devant sa maison puis, au loin, semblant marcher entre les éoliennes. Seule difficulté, la chaleur. Au départ, j’admire la jonction des lignes à grande vitesse Sud Est, Alpes et Méditerranée, qui se réunissent à Sarry (89) pour filer vers Paris (75). Plusieurs TGV passent mais je loupe de belles photographies. Chef d’œuvre technologique que ce point stratégique d’intérêt national dans un village de 150 habitants dans l’Yonne.

Après la D12, je prends la D956 qui mène à Aisy sur Armançon, dernière commune de l’Yonne, le long du canal de Bourgogne. Cf photographie au dessus de cet article.

Je me paume un peu le long de l’Armançon, trouve le pont, le passe et me trouve face au splendide canal de Bourgogne. Sur le pont qui franchit le canal, une vieille borne de la N5 Paris-Genève indique le passage du département de l’Yonne à celui de la Côte d’Or. Le long du canal, un panneau pour cyclistes et marcheurs indique Montbard à 10km par le chemin de halage. Mon étape du lendemain. Entrée dans Rougemont où je trouve aisément la chambre d’hôtes. J’ouvre et le propriétaire vient m’ouvrir. Lui, il est là pour l’argent et rien d’autre. L’accueil n’est pas son affaire. Chambre ok. Hôte ? Il ne fait pas table d’hôte mais il ne fournit ni plaque chauffante ni évier. Juste chambre, douche, wc, salon avec frigo et micro-ondes. Il y a bien un prospectus pour des pizzas mais renseignement pris auprès d’un 2e gars, il ne livre pas. Pour le midi, œuf dur, fromage et banane. Merci à ma tante F. Pour le soir, les boites de la Belle Iloise achetées à Paris. Après les dîners somptueux des 3 premiers soirs, la chute est rude ! Après-midi sieste. Il fait chaud dehors, le village est petit et je suivrai le canal de Bourgogne demain. Le tenancier fournit tout de même le petit déjeuner.

 

Vendredi 23 juillet : Rougemont (21) – Montbard (21)

10km. 2h30. Direction Sud le long du canal de Bourgogne.

En chemin passage devant la Forge de Buffon (Georges Louis Leclerc de Buffon, 1707-1788, auteur de l’Histoire naturelle).

résidence du canal de Bourgogne 8 quai Philippe Bouhey 21500 Montbard

Dernier jour de canicule avant les orages de la nuit prochaine. 10km tout plat, tout droit le long du canal de Bourgogne. Beau et facile. Pas mal de cyclistes. Un scooter. Des tracteurs payés par le conseil départemental de la Côte d’Or pour tondre et élaguer les bas-côtés. Le propriétaire de l’appartement à Montbard m’appelle pour me demander quand j’arrive. Sa mère doit m’accueillir. Nous convenons que je rappelle à l’arrivée. Ce que je fais et sa mère arrive 3mn après en voiture. Une mamie dynamique qui m’a préparé une bassine avec des pinces à linge pour que je puisse faire ma lessive à la main. Dernier jour de canicule. J’en profite. Une locataire accepte de me prêter son fil à linge situé en plein vent et plein soleil l’après-midi. Parfait.

Je déjeune à la pizzeria Calypso. Bonne pizza. J’ai évité le modèle bourguignon aux escargots et franc-comtois à la cancoillotte. Montbard, c’est une ville avec une gare TGV pour Paris. J’en profite pour faire des courses. Un bâton à lèvres protecteur en pharmacie car le mien ne suffit pas. 2e fournée de cartes postales, la carte routière Michelin de la Bourgogne (perdue avant d’arriver chez F mercredi) et Charlie Hebdo car le Canard Enchaîné a déjà disparu de l’étal. Les restaurants français de Montbard sont fermés ou complets. Je vais donc aller manger des nouilles chez le Vietnamien ce soir. Bon aliment pour un sportif. Orages annoncés pour cette nuit. Je serai à l’abri et au sec. L’appartement est grand, propre, moderne, bien équipé mais il n’y a rien à manger. Même pas de sel, poivre, huile, sucre. Il faut tout acheter au Casino pas loin. Je n’achète rien. Je me passerai de petit déjeuner. Buffet à volonté chez le Vietnamien. 26€ Je me cale pour tenir jusqu’au lendemain midi. Nuit paisible même si les orages éclatent bien vers 2h du matin. Mon linge était sec, plié et rangé bien avant les orages.

Samedi 24 juillet : Montbard (21) - Aisey sur Seine (21)

Montbard – Aisey sur Seine. Suivre la D32 puis la D101. 26.5km. 7h.

Hôtel du Roy. 1 rue Rougeot. 21400 Aisey sur Seine.

Longue étape le long des départementales pour aller retrouver le GR2 qui va de Dijon au Havre, celui que j’avais pris au départ de Paris en mars 2019. A 8h du matin, j’appelle et la mamie arrive aussitôt. Je lui rends la clef et pars sous le gris. Petite pluie fine. Il me manque le pantalon de pluie que j’ai oublié chez F mercredi à Sarry. Je le retrouverai à l’hôtel à Dijon jeudi prochain où son frère J-L l’aura déposé. J’ai une enveloppe pour le sac, un kway et un poncho. Je m’équipe. La bruine cesse au bout de 30mn. La température a baissé de plusieurs degrés ce qui est très appréciable pour la marche. 26km environ.

Après le changement de départementale à Coulmier le Sec (monument aux morts le long de la route en hommage aux soldats d'outre-mer tombés pour la France de 1940 à 1944. Voir l’ancre de marine et la croix des troupes coloniales dans la campagne bourguignonne étonne), au bout de 3km, le tonnerre gronde et la pluie tombe. Nouvel équipement. Je trace mais je dois m’abriter dans une cabane de berger. Murs en pierre, toit de tuiles. C’est étanche. Il y a même une cheminée mais je ne fais pas de feu. J’ai  essayé le stop mais avec un sac à dos dégoulinant de pluie, personne ne s’arrête. Je crois arriver. Erreur. Il y a un croisement. Je choisis Nod sur Seine et la route pour camions. Erreur fatale due à la fatigue. 2 500m de plus selon Google Maps.

J’arrive épuisé, saucé et affamé vers 15h30. Juste mangé des fruits secs depuis ce matin. Personne à l’hôtel du Roy. J’appelle. Faux numéro. Je rappelle le bon numéro. La patronne m’explique et je trouve la porte ouverte et la chambre aussi. C’est la province. La confiance règne. Changement de propriétaire. Il y a des travaux à faire. Officiellement, l’hôtel est fermé. Je suis un privilégié. Dîner traiteur, froid mais bon et copieux. Pas de dessert prévu. Mon voisin à une autre table, un motard flamand ne proteste pas. En bon Français, j’insiste et obtiens une glace. Le motard en profite lui aussi finalement.

 

Dimanche 25 juillet :  Aisey sur Seine (21) - Orret (21)

26km par le GR2 direction Dijon (Sud). 6h30.

Le Clos d’Orret. Le Bourg. 21450 Orret. Chambre et table d’hôtes. . 100m du GR2. 

Petit déjeuner à 8h avec le même papy motard qu’hier. Bonnes viennoiseries, bon pain, bonnes confitures. Thé, jus d’orange. Ni yaourts, ni fruits frais malheureusement. Je rencontre la précédente propriétaire qui ne sait pas où se trouve le GR2. Après 20 ans sur place, c’est inquiétant. Je ne le trouve pas. Je marche le long de la D971 jusqu’à Saint Marc sur Seine où je dois le retrouver. Je demande à un papy qui fait son jardin. Il ne sait pas non plus. Je vois une marque dans le village mais pas deux. Je poursuis sur la D971 jusqu’à Mausengs où je dois retrouver le GR2. Là, effectivement, je le retrouve.

Je le suis à travers champs jusqu’à Duesme. Qu’il est bon de marcher sur la terre et non plus sur le bitume ! Je ne vois personne en chemin. Je perds le GR puis le retrouve à l’instinct à Duesme. La mairie de Duesme fournit une source d’eau potable qui me permet de boire à plus soif et de remplir la gourde .J'ai écrit au maire pour le remercier. Il ne m'a pas répondu. La marque du GR indique de tourner à droite devant la mairie, avant l’église. C’est une impasse et c’est dimanche. La mairie est donc fermée. La croix du GR me dit de ne pas tourner après l’église. J’étudie la carte, je tourne en rond autour de l’église et de la mairie. Pas de marque de GR en vue. Je branche Google Maps qui m’envoie sur un sentier à travers champs et bois, sans piège ni difficulté. Seuls les tracteurs roulent ici et il n’y en a pas.

J’arrive à Orret à 16h30. J’appelle la propriétaire qui me dit où se trouve la maison et de l’attendre à l’abri sous le porche. Ca tombe pile car la pluie commence à tomber. Un gîte comme je l’aime : spacieux, propre, confortable, au calme, en pleine campagne avec un accueil chaleureux. Je peux même faire laver et sécher mon linge dans la nuit. Chambre à 3 lits pour moi seul. Je peux m’étaler. Vue sur campagne magnifique depuis la chambre. Photos. Si le repas est à la hauteur du lieu, je vais me régaler ce soir. Je me suis régalé : filet mignon de porc sauce moutarde, purée maison, haricots verts du jardin. Assiette de fromage bourguignons. Ile flottante maison. Anne-Lise fait tout dans la maison sauf la conversation. Ca, son mari, Jacques s’en charge. Il a une excuse valable. Il est en fauteuil roulant. Il avance avec pieds et mains. C’est un couple suisse, du canton de Vaud. Ca s’entend et ça se voit. Pas étonnant que tout soit tout propre en ordre comme disent les Suisses. D’ici, la Suisse n’est qu’à 3h de route et l’immobilier est tellement moins cher qu’ils ont pu s’installer et créer leur chambre d’hôtes. Nuit de bon sommeil.

Lundi 26 juillet : Orret (21) – Source - Seine (21)

16km par le GR2 direction Dijon (Sud). 4h.

Gîte des sources de la Seine. Sur le parcours. 2 vallon de la Seine. 21690 Source-Seine. 

Mon linge est propre, sec et plié. Tout de bon ! Délicieux petit déjeuner avec des produits locaux : miel, confiture, yaourts, pain, brioche. Anne-Lise m’explique le chemin. J’écoute d’une oreille distraite. Non seulement c’est impoli mais, en outre, c’est une erreur stratégique. En plus de l’accueil, 10% de réduction car ils aiment bien les marcheurs. Je ne saurais trop recommander le Clos d’Orret comme gîte d’étape pour randonneur en Côte d’Or.

Comme je n’ai pas bien écouté les explications d’Anne-Lise, je fonce telle la bête en suivant le premier signe du GR visible. Sauf que j’ai pris le GR2 dans le mauvais sens. Une fois descendu à l’Ermitage du Val de Seine, je m’en aperçois en consultant la carte. C’est par là que j’aurais dû arriver hier mais ce n’est pas là que je vais aujourd’hui. Demi-tour et remontée. 1h de perdue. En marche, l’inattention se paie cash en effort inutile. Chemin sans difficulté à part la boue dans les montées en sous-bois. C’est que ça y a plu dans le coin depuis quelques jours. 5mn de pluie. Le temps de mettre l’équipement et c’est fini.

Passage devant l’abbaye royale d’Oigny à 11h10 sous la pluie. Visite à 11h ou 12h. Je poursuis. Arrivée devant la Seine, sous forme de ruisseau, à Billy les Chanceaux. Pique-nique frugal avec mes boites de la Belle Iloise mais avec table et banc face à la Seine. Merci à la mairie. Je vois deux hommes entretenir des vélos. Un Ancien et un Jeune. Je leur demande de l’eau pour ma gourde. Evidemment, en France, des cyclistes l’été, ce sont des Hollandais. L’Ancien est très fier de sa bonne santé à 71 ans. Il peut. Pas un gramme de trop. Il sort ma gourde de la poche extérieure de mon sac, la remplit, la referme et la remet en place. Je le remercie. Je reprends le GR2 jusqu’au lavoir de Courceau, commune de Chanceaux, où je vois indiqué Source-Seine à 4km par la D103. Le GR fait un détour. Je file sur la départementale où je dois croiser 2 voitures en 1h. Arrivé au village, j’appelle au numéro indiqué par le propriétaire du gîte qui, lui, est au Havre pour accueillir Arthur Germain, fils d’Anne Hidalgo, qui a descendu la Seine à la nage en partant de Source Seine début juin pour finir au Havre fin juillet. Le voisin, M. O.B, me répond et arrive à pied d’une maison voisine. Je suis arrêté devant un gîte de France que je n'avais pas trouvé sur Internet. M B m’indique le PR (sentier de petite randonnée) pour la source de la Seine et le gîte voisin. Lui part en voiture et ne m’invite pas. Je ne lui ai pas demandé et finit donc à pied. Je perds le PR en plein champ, retrouve la route qui va à la source de la Seine et arrive au gîte avant M. B.

Cadre splendide. Un vrai gîte de montagne en pleine campagne bourguignonne. Dortoir, WC, douche, salon, cuisine, terrasses. Tout est collectif. A l’ancienne. J’ai mis le sac à viande et une serviette de toilette dans mon sac à dos juste pour ce gîte. Pour moi seul. Après la douche, j’étends au soleil et au vent la lessive que j’ai faite à la main dans l’évier de la cuisine. Je vais visiter la source de la Seine, propriété de la ville de Paris, donc entretenue par mes impôts locaux. Mignon et d’un kitsch Second Empire modéré. Fausse grotte style parc des Buttes Chaumont, statue de nymphe, plaque posée par Napoléon III en 1867 qui mériterait d’être nettoyée. Je trempe mes pieds dans la source de la Seine. L’eau fraîche leur fait du bien.

M B. m’appelle pour me dire qu’un couple de cyclistes avec 2 enfants débarque ce soir faute de logement dans le coin. Le père arrive à vélo avec son fils sur un vélo attaché au sien et qui pédale derrière quand il en a envie. La mère arrivera ensuite avec le 2e fils, toujours à vélo. Vu qu’il n’y a personne, c’est moi qui présente le gîte à Ludovic, le père de famille. Ils arrivent de Grenoble à vélo. Ludovic & Emilie parents de Gédéon (4 ans) qui suit son père et Léandre (2 ans) qui suit sa mère dans une remorque. Pas sûr qu’ils supportent leurs prénoms quand ils seront ados, ces 2 garçons… Fritage sur la ligne entre les parents. Il lui a demandé de prendre 3 pizzas au camion pizza du coin. Elle en a commandé 2 et sans lui demander son avis sur la garniture. Après des heures de côte à vélo sous la pluie, il y a de la tension dans le couple. Pas le fait des enfants qui se tiennent très bien. Vivants mais pas envahissants. Je donne 10€ à Ludovic qui remonte au village de Source Seine et revient avec 3 pizzas dont une Royale pour moi. Impeccable et délicieuse. Il me restait une boite de la Belle Iloise et une pomme. C'est dire si cette pizza est la  bienvenue. Ils en ont tellement marre du camping et de l’humidité qu’ils mettent le chauffage à fond pour faire sécher le maximum de linge. Ces écologistes convaincus en oublient leurs principes !

Mardi 27 juillet : Source-Seine (21) – Saint Seine l’abbaye (21)

12km par le GR2. 3h. GR2 direction Dijon (Sud).

Relais de la Source. 17 rue Carnot. 21440 Saint Seine L’Abbaye. 80m du GR2.

Etape courte. 12km. Petit déjeuner en commun avec la famille. Ils m’offrent 2 œufs durs, achetés dans une ferme la veille. En échange, je leur offre de la confiture de prunes car mon petit déjeuner m’attendait au réfrigérateur du gîte. Démarrage devant la Source de la Seine, avec l’indication du Havre à 830km et de Dijon à 44km. Je pars donc vers Dijon. Sous-bois, boue et humidité jusqu’à retrouver ma vieille amie, la D971. D’après la carte, je dois aller aux sources de l’Ignon. Sur le terrain, pas de marque du GR2. Cela s’explique par un arrêté municipal de 2019, affiché sur un arbre, devant le parking des sources qui interdit l’accès aux sources en raison de frênes fragilisés par la chalarose, maladie qui les tue, suite à l’invasion d’un champignon pathogène, la Chalara fraxinea.

Je reprends donc la D971 jusqu’à Champagny. 3 km sur le bas-côté herbu loin des voitures. Je descends dans le village, repère la marque du GR2 et demande mon chemin à une Dame. Elle me l’indique. Première personne rencontrée qui connaît le GR2. Je croise deux papys baliseurs du GR2 qui m’indiquent le même chemin. 4km pour Saint Seine l’Abbaye. Je monte sur un chemin bien balisé jusqu’à un croisement sur un plateau. Là, plus rien. Au hasard, je pars à gauche. Un doute m’étreint. Google Maps est formel. Il fallait partir à droite. Je reviens sur mes pas et il n’y a qu’un kilomètre pour arriver sur les hauteurs de Saint Seine l’Abbaye. Au bout du chemin, après avoir croisé un tracteur et une voiturette, je trouve le village et mon hôtel *** avec piscine, le Relais de la Source, ancien hôtel de la Poste.

Après la douche, pique-nique avec œufs durs fermiers, boites de la Belle Iloise et fruits secs. Visite du village avec un jardin de couvent privatisé et une église abbatiale du XIII° siècle, la plus ancienne église gothique de Bourgogne. L’abbaye fut fondée au VIIe siècle et le saint a pris le nom du fleuve qui prend sa source pas loin, la Seine. Il remplaçait la nymphe Sequana des Gaulois. Délicieux crumbles au cassis et aux framboises (un de chaque car j’ai encore faim) de la boulangerie du village. Achat de cartes postales à l’office de tourisme. Petit bain de relaxation musculaire dans la piscine. Mon linge sera lavé et séché à l’hôtel pour 5€. La jeune fille de l’accueil de l’hôtel débute. Elle me le dit mais je l’avais deviné. Pas de restaurant ce soir à l’hôtel mais room service pour les clients. Je vais voir l’Auberge campagnarde voisine de mon hôtel. Elle est fermée.

Retour à l’hôtel. La jeune fille corrige. Je pourrai dîner au restaurant de l’hôtel. Dîner délicieux. Je prends des photos de mes plats. Menu de la Source. Il y a une fontaine dans la cour de l’hôtel. En amuse-gueule, glace verveine mélisse avec son dôme de concombre. Entrée : tartare de truite de l’Aube avec condiments et petits légumes. Début tout en fraîcheur. Plat : suprême de pintade bio et pommes de terre. Assiette de fromages bourguignons. Dessert : variation autour de la fraise. Une bouteille de Chateldon. Un verre de Viré Clessé (AOP Mâcon Village). Un blanc pas si léger qu’il n’y paraît au premier abord. 47€ mais ça les vaut.

Mercredi 28 juillet : Saint Seine l’Abbaye (21) – Val-Suzon (21)

14km. 3h30. GR2 direction Dijon (Sud).

Chambre et table d’hôtes la Fabilie du Suzon. 2 rue de la Vieille Route. 21121 Val-Suzon. Sur le parcours.

Petit déjeuner à 7h. Convenable mais loin derrière la Beursaudière. Un bon yaourt fermier au cassis de la Côte d’Or. Le fruit, pas l’alcool ! Départ à 8h10. Je suis le GR2. En sous-bois à travers champs. A un carrefour sans indication surgit un papy qui vient de promener son chien et revient à sa voiture garée au bord du chemin. Il m’indique le chemin pour le Val Suzon. Je ne le suis pas assez fidèlement car je me perds au carrefour suivant. Après avoir avancé sur le PR (marque jaune), consulté la carte IGN et Google Maps, je fais ½ tour pour revenir au précédent carrefour. Là, je retrouve le GR tout droit comme m’avait dit le papy.

Je le suis assez bien même s’il est assez peu marqué au ruisseau dit le Ru Blanc qu’il faut traverser sur des cailloux glissants. Arrivé au parking de la D7, il me reste 4km de route ou à suivre le GR2 par ses détours en forêt. Je suis la D7 et j’arrive tranquillement pour 12h30 avant la pluie au Val Suzon. J’ai droit à la chambre lilas qui est de couleur lilas partout : murs, literie, housses des fauteuils. Je mange mes dernières boites de la Belle Iloise avec une assiette, des couverts et un verre offerts par la patronne. Elle passe mon linge en machine. Il séchera dehors. En chemin, avant le parking, j’ai croisé 3 mamies marcheuses : une Allemande et 2 Françaises. Je leur ai expliqué mon parcours jusqu’à Rome. Leurs vœux m’accompagnent.

Belle ferme du XVIII siècle mais la chambre donne sur la D971 (ex N71 Dijon-Troyes). Il y a de la circulation. Après-midi à somnoler et à bouquiner en attendant le dîner. Délicieux dîner familial où nous échangeons sur nos vies respectives. Lui a 75 ans, paysan retraité, ancien céréalier car « les vaches, c’est trop de misère ». Elle est plus jeune, ancienne secrétaire de direction. Ils s’investissent dans la réfection du haut fourneau que j’ai vu dans le village, propriété communale. Avec les mêmes soucis que tous les bénévoles. Motiver la commune, ses élus et ses habitants. Faire travailler les jeunes des chantiers d’été. Décrocher des subventions du département, de la région, de l’Etat voire de l’UE. Renouveler les bénévoles car ils vieillissent.

 

Jeudi 29 juillet : Val Suzon (21) - Dijon (21)

Fin du GR2 dans le sens Nord-Ouest – Sud-Est (Le Havre – Dijon).

24,5km.  6h30

Odalis City Les Cordeliers. 3/5 rue Turgot. 21000 Dijon. 

 

Délicieux petit-déjeuner avec des confitures maison et des yaourts fermiers. Départ à 8h20. La maison longe le GR2. Je prends donc le GR. Montée abrupte en forêt qui fait encore plus mal en descente. Manifestement, personne ne prend ce sentier de chèvres, même pas les chèvres au vu de la végétation envahissante. Je m’en sors à Daroux, aérodrome de Dijon, quand m’appelle Bertrand Faure, directeur des relations internationales de la ville de Dijon, ancien délégué à l’action extérieure des collectivités territoriales du Quai d’Orsay avec qui j’ai travaillé de 2015 à 2017 lorsque j’étais en poste à la Direction générale des outre-mer comme chef de la mission du droit européen et international. Je dînerai avec lui ce soir.

A Daroux, je perds le GR et y renonce. 10km de D971 (ex N71) jusqu’à Dijon. J’évite voitures et camions en restant bien sur le bas-côté avec mon gilet orange en croisant un monument dédié à un général polonais mort pour la France lors de la bataille de Dijon en 1870. A l’entrée de Dijon, je trouve un autre monument souvenir de la guerre de 1870 dédié aux Italiens de la Légion garibaldienne morts pour la France. J’entre à Dijon et croise le square Darcy où se trouve le panneau de départ du GR2 pour Le Havre. Celui que j’avais pris à Paris en direction de Dijon en mars 2019. Pour le Havre, plus de 800km. Pour Paris, presque 500. Photo souvenir grâce à un sympathique passant convaincu par une dame qui, elle, m’avait refusé la photo. Lui vient de Paris, 19e arrondissement.

J’arrive à mon appartement hôtel, dans un ancien couvent de Cordeliers, au cœur de Dijon. L’appartement ne sera disponible qu’à 16h et la dame de l’accueil n’a pas entendu parler de mon pantalon de pluie qui a dû être déposé là par J-L, le frère de F.  J’appelle F qui appelle son frère qui lui certifie avoir déposé le pantalon pour moi mardi 27 juillet. Impossible de trouver à manger à Dijon passé 15h. Trop tard pour le déjeuner, trop tôt pour le dîner. Pour me recharger en sucres et sels minéraux, je bois un soda noir américain en terrasse face au Palais des Ducs et Etats de Bourgogne, aujourd’hui mairie et musée de Dijon. Je finis par trouver une quiche lorraine à croquer à la boulangerie industrielle la Mie Câline. J’achète mes rations de survie : fruits secs (mangues, abricots, figues) et boites de sardines et maquereaux de Douarnenez au Monoprix. Je trouve aussi une boutique de savons artisanaux car j’ai fini le mien et que je n’aime pas les savons d’hôtel. Savon cassis pamplemousse pour finir cette randonnée. 3e fournée de cartes postales après Nitry et Montbard.

Quand je rentre à l’hôtel, je demande de nouveau à l’accueil des nouvelles de mon pantalon de pluie. Je tombe sur un gars plus dégourdi que l’hôtesse qui ne savait rien de mon pantalon. Il prend la peine d’ouvrir le placard derrière lui, de chercher et de trouver un paquet sur lequel il est écrit « Pour Guillaume Lagrée. Jeudi 29 juillet ». Evidemment, c’est mon pantalon de pluie. Je retrouve Bertrand Faure pour dîner aux 2 Bouchons au pied de son appartement. Il a pris ses fonctions le 1er juillet et prépare pour mi-septembre la visite des représentants de l’Organisation internationale du Vin (48 Etats) qui quitte Paris pour Dijon. Dijon a doublé Reims et Bordeaux sur ce dossier. Il faut assurer. Dîner typique : œufs meurette, bœuf bourguignon, coupe de glace cassis. Bon dîner.

 

Vendredi 30 juillet: Dijon (21) – Labergement-Foigney (21)

D 109. 21km. 5h15.

Chambre d’hôtes Aux Mésanges.

27 rue de Genlis. 21190 Labergement-Foignye.

Bon petit déjeuner buffet dans une salle aux voûtes gothiques. Etait-ce le réfectoire des moines ? Aucun GR entre Dijon et Dole. Il faut suivre les routes départementales. Je branche Google Maps qui me fait suivre la D905 (ex N5 Paris – Genève) malgré mes tentatives pour passer ailleurs.

Rien à signaler. Soleil et vent. Marche avec le gilet orange le plus loin possible des bords de route. Heureusement pour moi, les bas-côtés sont larges et herbus. Ma gourde se vide. Je demande de l’eau à un habitant de Genlis qui discutait avec une voisine à son portail. Il m’en donne gentiment comme les Hollandais de Billy les Chanceaux. Arrivée à 14h sans difficulté. Le gîte fait aussi table d’hôtes et épicerie de produits régionaux. Lessive en machine, sèche le soir même grâce au soleil et au vent. Dîner avec Valérie et Xavier, un couple de quadragénaires sans enfant. Ils sont profs en Touraine, viennent de passer 15 jours à la plage dans l’Hérault et montent se mettre au frais dans les Vosges. Je leur en parle car ils ne connaissent pas. Crudités et pâté de campagne en entrée. Poulet Gaston Gérard (maire de Dijon avant 1940) et riz de Camargue en plat. Assiette de fromages avec de la cancoillotte car la Franche-Comté est proche. Gâteau pomme poire qui ressemble aux gâteaux arabes à la semoule et au miel tant il est fondant et délicieux.

 

Samedi 31 juillet : Labergement – Foigney (21). Auxonne (21)

15km. 4h. D 24 D116.

Villa Varco.84 avenue du Général de Gaulle. 21130 Auxonne. 

Le meilleur petit déjeuner depuis la Beursaudière le 2e jour. Somptueux. Fromage blanc et yaourts fait maison. Orange pressée et non pas jus d’orange en bouteille industriel. Délicieux thé. Confitures maison. Miel local. Pain et viennoiseries fraîches. Fruits frais.

Discussion passionnante avec le patron sur la reprise du tourisme après le Covid et les confinements. Les hôteliers restaurateurs profitent de l'occasion pour demander de renforcer les normes d'hygiène, par exemple en séparant totalement cuisine personnelle et cuisine collective. Chose aisée dans un hôtel restaurant mais impossible dans un gîte chambre d'hôtes. Le patron a demandé des précisions au vice-président du conseil régional de Bourgogne Franche-Comté en charge du tourisme. Manifestement, il n'est pas convaincu par la réponse et se plaint de l'utilisation de ses impôts par des élus et fonctionnaires incompétents. Chanson classique en France. Deux ans après ce séjour, les gîtes et chambres d'hôtes existent toujours offrant un service différent des hôtels restaurants aux voyageurs, particulièrement apprécié du randonneur que je suis.

 Je pars bien rassasié laissant Xavier et Valérie poursuivre leur route vers les Vosges. Ils ont loué à Grange sur Vologne sans penser au petit Grégory.

Route départementale tranquille, souvent en forêt ce qui me permet de marcher au-dessus de la route, en lisière. Je passe par le village d’Athée qui a son église. Ca ne s'invente pas. Photos souvenir. Juste avant l’arrivée à Auxonne, la route longe la Saône. Un cadre enchanteur avec une lumière subtile entre nuages et eau. Photos. Arrivée vers 13h. Déjeuner au bar brasserie PMU Longchamp (comme la forêt que je viens de traverser & comme l’hippodrome du bois de Boulogne à Paris). Le serveur salue mes efforts. J’arrive vers 15h à la Villa Varco, le long de la D905 (N5). En direction de Dole. Parfait pour partir demain matin. Personne. Portail fermé à clef. Pas de sonnette et je n’ai pas le code d’entrée. J’appelle. Répondeur où je laisse un message. Je laisse aussi un message par SMS. Pas de réponse.

Je rappelle 10mn plus tard et le portail s’ouvre. La patronne m’attend. C’est vaste avec salon, terrasse, douche, WC et la chambre à l’étage sous les combles. J’ai oublié de commander la table d’hôtes. Le soir venu, je pars donc chercher un restaurant mais tout est fermé ou complet. Je retrouve la brasserie Longchamp. Après l’assiette de charcuterie ce midi, le souris d’agneau frites et la crème caramel maison ce soir. Cela suffit à mon bonheur. Le restaurant que j’ai repéré à Dole pour demain midi est complet. J’irai au hasard.

Dimanche 1er août: Auxonne (21) – Dole (39)

16km. 4h. D79

A Dole TGV Lyria pour Paris gare de Lyon.

Dole : 18h

Paris gare de Lyon : 20h04

 

Petit déjeuner à 7h30. Convenable mais après celui de la veille à Labergement-Foigney, c’est moins bien forcément. Là, c’est très simple. Je n’ai qu’à suivre la D905 (N5) tout droit jusqu’à Dole pendant 14km. En chemin, je trouve la borne de la N5 indiquant le passage de la Côte d’Or au Jura. D’un côté, les panneaux région de Bourgogne et département de la Côte d’Or. De l’autre, département du Jura mais pas région Franche Comté. La région Bourgogne Franche Comté, créée en 2015, n’est pas indiquée.

Au loin, les monts du Jura apparaissent. Ce sera la prochaine tranche de ma marche vers Rome, la traversée du Jura de Dole à Nyon (Suisse). Arrivée à Dole vers 12h30. Dimanche 1er août. Tout est fermé sauf une boulangerie et un hôtel qui fait bar mais pas restaurant. Je prends un soda noir américain en terrasse, écris les dernières cartes postales (la Maison de la Presse a fermé après mon passage) et vais me réfugier de l’orage dans la collégiale Notre Dame de Dole. La ville est aussi belle que dans mon souvenir.

C’est déjà la Franche-Comté. Ce n’est plus la Bourgogne. Ca se voit dans l’architecture qui annonce déjà la Suisse voisine. J’ai vu mon premier panneau de fruitière à Comté après avoir vu ceux des producteurs d’Epoisses en Côte d’Or. Les vaches ont changé. Ce ne sont plus les charolaises de Bourgogne (cf photographie au dessus de cet article) mais les montbéliardes de Franche Comté. Je mange mon sandwich sous le porche de la collégiale. Dernières cartes postales achetées dans la collégiale où je laisse un billet de 5€ dans le tronc et une bougie allumée. L’abri fut excellent pour l’impie que je suis.

Je tourne à pied, après la pluie, dans une ville endormie et très jolie. Je trouve la marque de mon prochain GR, l’Echappée Jurassienne, à partir de la gare jusqu’à la collégiale et au-delà. Le temps passe doucement jusqu’à l’heure de prendre le TGV Lyria de Lausanne pour Paris qui fait escale à Dole. Départ à 18h. En route, je repère l’embranchement des lignes à Sarry (89) que j’avais admiré à pied le mercredi 21 juillet en partant de chez F. Arrivée à Paris gare de Lyon à 20h et non 20h04 comme prévu. Métro  d'où je trouve, en sortant, le GR75 des Jo de Paris 2024 qui mène jusqu’à mon domicile adoré. Après la douche et la première lessive, je me rase d’une barbe de 14 jours. J’ai bronzé, ai perdu 3kgs en route et n’ai ni blessure, ni ampoule.

De cette randonnée, je retiens n’avoir vu aucune vigne en chemin, les églises, le vert dû à la pluie anormale pour la saison, les plaques pour les combattants (de 1870, de la Résistance, de la Libération), les vaches (chevaux, moutons et canards sont beaucoup plus rares. Pas vu de chèvres), la cuisine et les vins de Bourgogne, les moissons (avec la pluie, ce sera plutôt du blé pour le bétail que pour l’homme. Ca paie moins, forcément), le bon accueil sauf à Rougemont, la facilité à se procurer de l’eau en route, la difficulté à se ravitailler en route (le comité départemental de la randonnée pédestre de la Côte d’Or m’avait prévenu sur son site web), les fleuves, les canaux, les rivières gorgés d’eau. Belle expérience. La route vers Rome se poursuivra à travers les monts du Jura de Dole (France) à Nyon (Suisse) quand je le pourrai.

Gîtes agréés par Lagrée:

  • Modèle luxe : abbaye de Reigny à Vermenton et la Beursaudière à Nitry. Le relais de la Source venait d’être repris et restait perfectible
  • Modèle familial : Sarry, comme toujours
  • Modèle authentique : les clos d’Orret à Orret et les Mésanges à Labergement Foigney. Tout était parfait : l’accueil, les chambres, les sanitaires, le dîner et le petit déjeuner. Juste en dessous vient le gîte du Val Suzon où le petit déjeuner était en dessous des deux autres et la route plus bruyante.
  • Modèle collectif : pour un groupe en autonomie qui a de quoi manger, se laver, sa literie et ses serviettes de toilette, le Gîte de la source de la Seine est une merveille. Quel cadre ! Dans le vallon de la Seine, à la fois ombragé et ensoleillé, à 150m de la source, avec terrasses et parking.

Le chemin se poursuit à travers le Jura, de Dole (39) à Poligny (39).

Les photographies de ce blog sont l'oeuvre de Guillaume LAGREE. Toute utilisation de ces oeuvres sans l'autorisation de leur auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

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Paris Rome IIe partie: de Montereau à Auxerre en suivant l'Yonne

21 Mai 2023 , Rédigé par Guillaume Lagrée

Les rives de l'Yonne avant Sens

Les rives de l'Yonne avant Sens

le long de l'Yonne

le long de l'Yonne

Vue depuis une aire de pique-nique le long de l'Yonne

Vue depuis une aire de pique-nique le long de l'Yonne

A Montereau fault sur Yonne, confluent la Seine et l'Yonne. Le fleuve qui suit pour Paris, Rouen, Le Havre est appelé Seine mais c'est contesté car c'est l'Yonne qui a le débit le plus important au confluent.

Pour la suite de ma marche vers Rome, de Montereau j'ai remonté l'Yonne jusqu'à Auxerre, préfecture du département de l'Yonne en région Bourgogne Franche Comté. Changement de monde, de l'lle de France à la Bourgogne.

Pas encore de journal de marche mais des photos et des souvenirs.

Seule la région Ile de France a financé un topoguide du GR2, sentier de la Seine. En Bourgogne, vers la source de la Seine, il n'y en a pas. En Normandie, vers l'embouchure de la Seine dans la Manche, il n'y en a pas non plus. Dans l'Yonne, j'ai suivi les cartes 1/25000 de l'IGN ( 1 cm sur la carte = 250 m sur le terrain) et le fleuve. Merci au service public de l'Institut Géographique National et à son excellent travail.

Je m'étais arrêté à Montereau en octobre 2019. J'en suis parti en octobre 2020, ralenti dans ma marche par une pandémie et des confinements.

 

Paris-Rome

Passage en Bourgogne

De Montereau-fault-sur Yonne (77) à Auxerre (89)

6 jours de marche le long de l'Yonne

2020

 

 

Lundi 28 septembre: Montereau fault sur Yonne (77) – Pont sur Yonne (89)

 

RER de Paris gare de Lyon à Montereau-fault-sur-Yonne : 1h

 

Montereau fault sur Yonne – Pont sur Yonne par le GR2. 22Km. 5h.

Etape galère. J'ai très vite perdu la marque du GR2. Marche pendant des heures sous la pluie le long de la N6 Paris Modane. C'est la route pour l'Italie mais, à pied, c'est sans intérêt sauf celui d'arriver. Heureusement, les bas cotés de la route sont larges et herbus. Je ne me suis pas senti en danger. En chemin, j'ai croisé le bus de ramassage scolaire des élèves de l'ENSP de Cannes-Ecluse (77). N'étant pas élève officier de police, je ne l'ai pas pris. Bon hôtel restaurant de campagne, à l'ancienne, comme j'aime. J'ai défendu des dossiers pour le ministère des affaires étrangères, délégation pour l'action extérieure des collectivités territoriales, en fin d'après-midi depuis ma chambre, au téléphone.

Hôtel des 3 Rois 6 rue de la Résistance. 89140 Pont sur Yonne. 

 

 

Mardi 29 septembre: Pont sur Yonne (89) – Sens (89)

 

Passage par Courtois sur Yonne.

GR213

 

13km. 4h. Chambre d’hôtes Vue sur la Muraille, 38 boulevard du 14 Juillet, 89100 Sens. 

Je pars avec ma gourde vide. Même s'il pleut, c'est insensé. Je m'en suis vite aperçu et ai fait demi tour pour revenir à l'hôtel la remplir. Là encore, marche le long de la route nationale 6. Je n'ai retrouvé le GR qu'en arrivant sur Sens. L'effort fut récompensé. Chemin de halage le long du fleuve, paisible à souhait. Cf photographie au dessus de cet article.

La cathédrale de Sens est la première cathédrale gothique au monde. Elle vaut toujours la visite. Cf photographie en dessous de cet article.  Sens, sous-préfecture de l'Yonne, capitale de la Gaule senonaise, fut l'archevêché de Paris, avec juridiction sur le Roi de France, jusqu'en 1672. Il en reste des traces visibles dont la cathédrale et son palais archiépiscopal (musée avec le 2e trésor religieux de France après l'abbaye de Conques).

Chambre d'hôtes très agréable. J'ai pu faire laver et sécher mon linge dans la soirée ce qui est très appréciable après 2 jours de marche sous la pluie d'octobre. Dîner délicieux dans un restaurant situé à 500m de la chambre d'hôtes. Je ne me rappelle plus de son nom mais l'hôtesse vous donnera l'adresse. J'ai défendu des dossiers pour le ministère des affaires étrangères, délégation pour l'action extérieure des collectivités territoriales, en fin d'après-midi depuis ma chambre, au téléphone.

 

Mercredi 30 septembre: Sens (89) – Villeneuve sur Yonne (89)

 

GR 213.

 

20km. 5h. Chambre d’hôtes les 3 Roses 21 rue Thénard. La Haute Epine. 89500 Villeneuve sur Yonne. 

Il pleut. Etape pas difficile mais le GR est toujours difficile à suivre. Encore la nationale 6.  Mais jolis passages le long de l'Yonne par le chemin de halage tout de même. Villeneuve sur Yonne est un village médiéval qui vaut la visite. Chambre d'hôtes habituée à accueillir les pèlerins pour Compostelle. Super accueil. Superbe maison. J'ai eu le tort de ne pas indiquer que j'étais marcheur. Pas de repas prévu mais le patron est parti chercher un repas chaud chez le traiteur chinois du coin. Portions bourguignonnes.

 

Jeudi 1er octobre: Villeneuve sur Yonne (89) – Joigny.(89)

 

Passage par Arneau (5km).

GR213

 

15km. 4H.

 

Sofratel, 62 rue du Luxembourg 89300 Joigny. 

 

Il pleut toujours. Je suis passé sous les gouttes. Pas de souvenir mémorable de cette étape. Hôtel restaurant quasi désert mais excellent accueil. J'ai pu utiliser les machines à laver et sécher le linge. Très important pour l'hygiène et le confort du marcheur. L'hôtel est pas loin de la CRS de Joigny, souvent mobilisée pour les manifestations à Paris.

 

Vendredi 2 octobre: Joigny (89) – Appoigny (89)

 

La Roche Saint Cydroine : 7,5km

Chichery : 15km

Appoigny : 20km

 

GR 213. 5h. 20km.

 

Kyriad Auxerre, rue du Fossé du Bois , 89380 Appoigny.

Cette fois j'ai suivi le GR, toujours sous la pluie. Avec de jolis passages le long de l'Yonne. Fin interminable. Hôtel sans restaurant mais il y a un grill à 200m. Place au coin du feu pour me sécher et me réchauffer. Très appréciable après une journée dehors sous la pluie. Dos au feu, ventre à table. Proverbe bourguignon.

 

Samedi 3 octobre: Appoigny (89) – Auxerre (89)

 

GR213 puis GR 13. 10km. 2h30. Visite d’Auxerre.

 

TER Bourgogne Franche Comté pour Paris gare de Lyon. 1H45.

En fait je n'ai pas suivi les GR mais les bas côtés de la N6 qui m'emmenaient jusqu'à Auxerre.  Enfin, il fait beau. Grand soleil d'automne, très appréciable après des jours de pluie. Préfecture, conseil général et cathédrale sont voisins sur la même place. Pas loin de la cathédrale, une épicerie de produits bourguignons où j'ai fait provision avant de rentrer à Paris. Déjeuner typiquement bourguignon à la Petite Beursaude. Entrée, plat, fromages, dessert. Tout était délicieux mais si je n'avais pas marché le matin, je n'aurais pas été de taille.

Le chemin se poursuit à travers, champs, collines et forêts de la Bourgogne à la Franche Comté, d'Auxerre (89) à  Dole (39).

Les photographies de ce blog sont l'oeuvre de Guillaume LAGREE. Toute utilisation de ces oeuvres sans l'autorisation de leur auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Au long de l'Yonne

Au long de l'Yonne

Port céréalier de l'Yonne

Port céréalier de l'Yonne

La cathédrale de Sens, première cathédrale gothique au monde.

La cathédrale de Sens, première cathédrale gothique au monde.

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