Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
cumpedibus

Paris - Rome, Ve partie: Poligny (F) - Nyon (CH). De la France à la Suisse. L'Echappée jurassienne (2)

2 Juillet 2023 , Rédigé par Guillaume Lagrée

Vue depuis le belvédère des 4 lacs en descendant vers Pont de la Chaux

Vue depuis le belvédère des 4 lacs en descendant vers Pont de la Chaux

Baume les Messieurs dans sa combe

Baume les Messieurs dans sa combe

Chateau Chalon village vigneron

Chateau Chalon village vigneron

Paris - Rome Ve partie

L’Echappée Jurassienne (2)

De Poligny (Jura, Bourgogne Franche-Comté, France) à Nyon (canton de Vaud, Suisse)

Topo guide 390 de la FFRP

Juillet 2022. GR59 et variantes.

9 jours de marche de Poligny à Nyon

 

Bienvenue à la 2e abonnée de ce blog.

Que les Dieux et les Muses la protègent!

 

 

Samedi 9 juillet : Paris – Poligny- Passenans

TGV Lyria de Paris gare de Lyon à Bourg en Bresse : 6h15 – 8h07

TER Bourgogne Franche Comté de Bourg en Bresse à Poligny : 8h21 – 9h17.

. Courses à Poligny.

Poligny – chemin de Saint Savin : 5.3km. 2h

Chemin de Saint Savin – Les Bordes : 8.7km. 2h40

Les Bordes – Passenans (350m) : 3.1km. 45mn

17.1km. 5h25

Hôtel du Revermont. 600 route de Revermont. Passenans. 

Réveil tôt. TGV de 6h15 pour Lausanne. Arrêt à Bourg en Bresse (01) pour prendre le TER pour Poligny (39). Réveillé à 4h sans réveil. Le réveil sonne à 4h30. Le temps de manger un petit peu, de me laver, de vider et descendre les poubelles, couper l’eau et le chauffe-eau, fermer fenêtres, volets et rideaux. Le TGV Paris-Genève se prolonge jusqu’à Lausanne. Avant il y avait un Paris Lausanne via Dijon-Dole & Vallorbe et un Paris Genève via Bourg en Bresse & Bellegarde. Tout change.

Je descends du TGV en gare de Bourg en Bresse avec un look de randonneur. Un homme au look de randonneur lui aussi me demande si je suis randonneur. Je lui réponds que j’en présente tous les signes caractéristiques (vêtements, chaussures de marche, sac à dos) et que les apparences ne sont pas trompeuses en l’espèce. Jacques est Savoyard (Tarentaise). Environ 50 ans, il se partage entre Paris et la Savoie grâce au télétravail. Le plaisir de Jacques c’est de partir de Paris en train. TER ou TGV. Trouver un point de chute en province. Faire une randonnée en boucle et revenir à Paris en train le soir même.

Aujourd’hui, il s’arrête à Arbois pour aller à pied à Salins-les-Bains où il reprendra le TER Bourgogne Franche Comté puis le TGV pour Paris. Juste le jour du passage du Tour de France à Arbois sur l’étape Dole – Lausanne. Comme j’ai fait l’étape dans l’autre sens (Salins les Bains - Arbois) en mai, je lui explique comment il peut échapper aux détours du GR Echappée jurassienne. Quand je lui fais remarquer que sa méthode coûte beaucoup plus cher que prendre le Transilien pour Fontainebleau (77) ou Dourdan (78), il me répond que c’est comme dîner dans un restaurant étoilé.

Comme moi, il a des goûts de luxe et a pris le TGV en première depuis Paris. Mon plan de marche de Paris à Rome, mes 9 jours de marche de Poligny à Nyon l’impressionnent. Je lui ai laissé la carte de mon blog avec mon adresse électronique dessus. Je me souviens d’un retour de randonnée dans le TGV Montpellier – Paris gare de Lyon avec mon ami C. J’avais discuté longuement avec un géologue spécialiste des tremblements de terre. Passionnant. Faute d’avoir échangé nos coordonnées, je l’ai perdu de vue. C’est idiot.

L’étape du jour commence à la gare de Poligny. J’ai vu des gens porter du pain et j’ai croisé 2 boulangeries fermées en juillet. Je renonce et me contente de 200g de Comté Juraflore 24 mois (plus de 700 médailles au Concours général agricole de Paris. Respect). Je dois monter à la Croix de Dan qui surplombe Poligny. Par le GR, 5km. Par le PR, 1800m. Bête et discipliné, je prends le GR. Pas difficile et passage au Vau de Poligny devant une abbaye clunisienne à laquelle s’est ajoutée un château néo-gothique fin XIX° siècle, construit pour le président régional du Crédit agricole, en face d’une cascade. Superbe. Je finis par retrouver le sentier de 1800m pour la Croix du Dan. Un sentier pour bouquetin. Raide avec terre et cailloux. Heureusement, la terre est sèche. Par temps humide, ça doit être vraiment dangereux.

Arrivé en haut, sur un plateau tranquille, avec une belle vue sur Poligny, je vois un panneau indiquant, dans le sens de la descente : Attention, sentier raide ! Je m’en suis aperçu. La croix de Dan est accessible en voiture de l’autre côté.  Elle date de 1870-1871. Des militants laïcs ont voulu la scier en 1905 mais cela faisait trop de bruit et attirait les paroissiens à son secours. Les anti cléricaux ont renoncé. J’y vois une mère qui amène son fils de 8 ans en fauteuil roulant. Courageux garçon qui ne se plaint de rien. Courageuse maman qui veille sur lui.

Après ce plateau, sentier en descente tranquille jusqu’au village de ? . Je repère un homme qui range son Karcher. Je ne lui demande pas s’il est sarkozyste mais s’il a d l’eau pour ma gourde. Il grogne un peu, sort ma gourde du sac, me la ramène remplie et la remet à sa place dans le sac. En prime, il m’indique un raccourci par la départementale pour reprendre le GR un peu plus loin., entre l’église et le cimetière. Après ça descend tout droit jusqu’à Miery. Après vous vous démerdez, conclut-il. Je suis son sage conseil, évitant un détour de 800m en suivant la départementale sur le trottoir. J’en profite pour gagner un point de vue en hauteur.

Je retrouve le sentier à côté du cimetière. Il descend bien jusqu’à Miery puis aux Bordes où je retrouve la direction de Passenans. Marche en sous-bois avec du vent et des nuages. Pas trop chaud donc. Les nuages se dissipent à l’arrivée. Il ne pleuvra donc pas. Au bourg, j’appelle l’hôtel du Revermont. La réceptionniste m’indique le chemin. Je demande à un homme qui jardine puis à un jeune couple avec enfant, trouve la route du Revermont puis l’hôtel. En chemin, j’ai croisé 2 chiens en liberté mais ils accompagnaient un jeune couple d’amoureux et ils étaient juste curieux, pas agressifs du tout. Les chiens, pas les amoureux, bien sûr. Ils ont pris un bain dans un abreuvoir à vaches. Les chiens, toujours. Leurs maîtres m’ont expliqué qu’ils se baignaient dès qu’ils voyaient une flaque d’eau assez grande pour eux. Etant donné la chaleur, je comprends les chiens.

Arrivé à l’hôtel, je demande si je peux faire une lessive à la main et la faire sécher. Le patron craint le dégât des eaux. Il me remet un sachet plastique. J’y mets mon linge sale. Il sera propre, sec, plié demain matin. Après la douche, piscine de 17h30 à 18h. Une belle piscine, grande (17m * 12 à vue d’œil), propre, entourée d’arbres et de lavande, avec des jets d’eaux massant aux murs. Après une journée de marche, c’est excellent. J’ai bien profité aussi des jets d’eau de la douche à l’italienne. Même en période de sécheresse, il y a de l’eau dans le Jura. Ruisseaux, flaques, terre humide en chemin. Ce territoire est une vraie éponge. Dîner en terrasse avec vue sur les montagnes :

  • Apéritif : verre de Macvin avec gougère et comté
  • Terrine de lapin à l’estragon
  • Suprême de pintade au thym et petits légumes
  • Assiette de fromages (reblochon et Grimod, un fromage du Jura que je découvre)
  • Dessert rafraîchissant : smoothie aux fruits avec crème chantilly maison.
  • Verre de vin blanc du Jura (30% Chalon, 70% Savagnin)

Ce serait encore mieux en bonne compagnie amicale ou amoureuse mais j’en profite bien.

 

Dimanche 10 juillet :  Passenans- Baume les Messieurs (Sur Roche)

Passenans – Frontenay : 1.2km. 45mn

Frontenay – Château Chalon (450m) : 7.2km. 1h45. Château Chalon, village vigneron perché avec points de vue.

Château Chalon – Blois sur Seille (320m) : 5.2km. 1h15

Blois sur Seille – Grange les Baumes (500m) : 6.2km. 1h30

Grange les Baumes – Baume les Messieurs (305m) : 1km. 15mn

Baume les Messieurs - Sur Roche. 3.1km. 45mn

25.1km. 6h15

Hôtel restaurant Le Belvédère 2 quartier Sur Roche. 39570 Hauteroche .

Très bien dormi. Au calme. Fenêtres ouvertes, en coupant la climatisation. Petit déjeuner somptueux. Yaourts et fromages de l’Ecole nationale d’industrie laitière de Poligny. Miel du Jura. Pain frais. Omelette. Jambon. Salut de fruits frais. Lait. Jus de pomme. Le linge est propre, sec, plié. La réceptionniste m’a même remis la veille les lunettes de natation que j’avais oublié à la piscine. Etape dure. 25km. 6h15 d’après le guide. 9h30 en réalité. Départ à 9h. Arrivée à 18h30.

D’abord, passage devant le château de Frontenay qui ne m’a pas accueilli alors que Couleurs Jazz Radio est présente au festival de Jazz du château chaque année. Les ingrats !   Puis Château Chalon superbe village vigneron perché sur un éperon rocheux. Pause buvette. Je paie un jus d’abricot et fait remplir ma gourde. Le serveur m’indique un point d’eau à Bois sur Seille, prochain village, à l’aire de pique-nique. En fait, 200m après cette buvette, je trouve une fontaine sur laquelle est écrit « Eau potable ». Pourquoi ne pas me l’avoir indiqué ? Ignorance ? Oubli ? Peur que je parte sans payer un verre ? Il m’a aussi indiqué un dépôt de pain mais il est trop loin de mon chemin. Tant pis. 

De Blois sur Seille à Grange les Baumes, grand et beau sentier en sous-bois. Arrivé à Grange les Baumes, le PR indique Baume les Messieurs à 3km. Je suis le GR, plus court cette fois. Arrivée au belvédère de Granges avec une superbe vue sur Baumes les Messieurs, la reculée glaciaire, le village et l’abbaye du Saint Empire romain germanique.  Sentier digne de la butte Montmartre. Béton, bancs et balustrade. Sur 200m. Après, c’est l’habituelle pente en terre et cailloux jusqu’à la route. La route dispose d’une rambarde en bois du côté du vide. Fabriquée dans l’Orne en Normandie. Comme s’il n’y avait pas d’entreprise du bois dans le Jura ! Les élus jurassiens ont-ils été honnêtes dans leur marché ou achetés par les Normands ?

Je suis tellement fatigué que je descends au village sans visiter l’abbaye ni acheter de cartes postales touristiques et pittoresques. Ensuite, le sentier des grottes, long, tortueux, pas toujours clair même s’il est bien balisé. Bref, je suis fatigué et pressé d’arriver. Aux grottes ça y monte raide jusqu’au belvédère du Rocher. Juste 800m mais après 9h de marche ça casse.

 Heureusement, la récompense est au bout. Un autre belvédère avec une vue magnifique sur Baume les Messieurs. Un hôtel familial comme on n’en fait plus. L’hôtel du Belvédère. Pas sur Booking.com mais bien dans le topoguide 390 de l’Echappée jurassienne. Le patron de l’hôtel du Revermont m’avait prévenu et ajouté que la cuisine y est de qualité. C’est exactement cela. Un papy, une mamie, un chat, un berger allemand et moi comme seul client. Dîner seul en terrasse avec le chien qui farfouille sous ma table. Pas bruyant, gentil mais pot de colle.

Un verre de macvin. Une assiette de braisi (viande séchée des Grisons) avec pain et beurre. Poulet au vin jaune (sans morilles. Il doit y en avoir en saison) et riz blanc. Pas de fromage mais je n’en avais pas besoin. Meringue glacée citron, framboise en dessert. Une menthe fraîche en infusion pour digérer ce délicieux repas. C’est un hôtel transformé en chambre d’hôtes pour randonneur. Je peux laver mon linge sale à la main et le faire sécher au vent. Une automobile égarée passe parfois. Pas de lampadaire dehors. C’est hors du temps. Décor années 80. Douche froide mais après une journée de marche, ça passe bien. C’est propre, beau, calme. Le chien a 3 ans et s’appelle Hossegor. Le chat a gardé la distance. C’est un chat.

 

Lundi 11 juillet : Sur Roche – Conliege

Sur Roche – Perrigny (330m) : 6.6km. 1h40

Perrigny – Les Cent marches. 6km. 2h

Cent marches – Conliege. 1,5km. 30mn

14,5km. 4h20

Auberge de la Vallière à Conliege. 22 rue Neuve, 39570.  

 

Petit déjeuner en terrasse. Toujours en compagnie du chien. Jus d’orange pas terrible dans lequel je noie une guêpe. Délicieuse confiture de framboises. La patronne m’indique un raccourci pour Perrigny. Je ne l’ai pas trouvé. Je croise un couple de retraités sportifs. A vélo. Tout équipé. Le mari me dit d’attendre son épouse. Elle arrive et me conseille de suivre le GR, plus sympathique. Dans 200m à gauche. C’est cela même. Chemin en sous-bois, souvent à l’ombre. Pas difficile. A Perrigny, soit je suis le GR et ses détours, soit je prends le PR (sentier de Petite Randonnée) pour Conliege Gare.

Après la longue et dure étape de la veille, je décide de m’économiser et de suivre le PR (marque jaune). Bonne idée. Chemin aisé en balcon au-dessus des vignes et de Lons le Saunier.. Belle esplanade devant l’ancienne gare. C’est là que je pique-nique. De la gare, chemin qui descend jusqu’à Conliege en 1100m. En 10mn, j’y suis. A la mairie, je demande aux autochtones qui m’indiquent l’auberge de la Vallière à 200m. C’est ouvert, ma chambre est déjà prête à 13h mais le patron est sur le coup de feu du déjeuner. En attendant, je bois un verre en terrasse. Un soda noir américain en terrasse pour la recharge en sucres et en sels minéraux.

Ensuite, le patron prend 5mn pour me mener à la chambre. Tout est conçu pour les randonneurs : salle commune avec réfrigérateur, évier, plaques, four et table. Chambre pour 3 personnes pour moi seul. 3 lits individuels. Grande douche. Télévision pour regarder le Tour de France. Une vraie chambre de randonneurs. Sieste l’après-midi. J’émerge à 16h30 pour apprendre du patron que les 2 boulangeries du village sont fermées le lundi. Tant pis. J’attendrai le dîner. Délicieuse terrine de saumon aux petits légumes, pintade rôtie et mousseline de courgettes, plateau de fromages à partager avec les petites dames des autres tables me dit le patron, tarte aux griottes (dessert délicieux mais ce serait meilleur avec des amandes pour absorber le jus des fruits). Vraie infusion de tilleul pour finir. Aux autres tables, deux femmes de 60 et 30 ans, un couple avec une ado de 16 ans qui s’ennuie à mourir et cela se voit. Tout son corps exprime l’ennui et l’envie d’être ailleurs. Pour ce que j’entends de la conversation de ses parents, je la comprends. Je retrouverai ces 5 personnes plus tard en chemin.

 

 

Mardi 12 juillet : Conliege – Chatillon

Conliege– les Cent Marches (525m) : 1,5km. 30mn

Cent Marches – Séparation du GR59 (524m) : 3km. 40mn

Séparation du GR59 – Verges (510m) : 5.9km. 1h30

Verges – Châtillon (500m) : 5.3km. 1h20

15,7km. 4h.

Pont de Châtillon. Auberge chez Yvonne. Val des sources 39130 Châtillon. 

L’auberge de la Vallière est vraiment adaptée aux randonneurs. Je la recommande vivement que vous veniez à pied ou à bicylette. Petit déjeuner à partir de 7h. Le linge est propre, sec, plié. Offert par la maison. Le patron m’explique comment rejoindre le chemin des marches pour Verges (sic). Il m’assure que personne n’est jamais revenu perdu chez lui. En effet, 150m plus loin, à droite, le chemin des 100 marches avec des explications géologiques sur les pierres du Jura, la fameuse ère jurassique. Cela aurait plu à mon père, Michel Lagrée, professeur d’histoire et à son collègue géographe, J.D. Ils auraient cherché les erreurs dans les panneaux didactiques. Ne possédant pas leur science, je me contente de les lire.

Montée assez raide mais gentille par rapport à la croix du Dan au-dessus de Poligny le 1er jour. Je finis par arriver au tunnel des 100 marches. La marque jaune du PR indique de passer dans le tunnel. Le topoguide de l’Echappée jurassienne aussi mais il précise que la lampe de poche est conseillée. Je n’en ai pas. En tenant mes bâtons d’une main, la rambarde de l’autre, en marchant doucement jusqu’à trouver la lueur à la sortie du tunnel (1891), j’en sors sans dommage. La lumière du téléphone portable aurait pu faire l'affaire mais je n'y ai pas pensé. Ensuite, je continue de monter jusqu’à retrouver les panneaux et la marque du GR. Jusqu’au belvédère de la Guillotine. Vue panoramique.

J’ai le choix entre la véloroute goudronnée PLM (Paris Lyon Méditerranée comme la compagnie de chemins de fer du Sud avant la création de la SNCF) au soleil ou le GR en sous-bois. Vu la canicule, je choisis l’ombre et la fraicheur du GR. Je vais à la gare de Verges en passant par la Tirette. Des coquins, ces Francs-Comtois !

A Verges, château du XVIe siècle en réfection de la toiture : 38% propriétaire, 12% conseil régional Bourgogne Franche-Comté, 50% Etat (Direction régionale des affaires culturelles de Bourgogne Franche-Comté). Le contribuable national paie donc la moitié de la réfection d’une propriété privée ouverte à la visite uniquement le mercredi. Prochain marché de village au château de Verges dimanche 17 juillet. Je le manquerai. Au village, je rencontre un jeune couple de randonneurs avec chien. Ils vont aussi à Chatillon et me demandent où pique-niquer. Je réponds que je l’ignore. Ils discutent avec un voisin 50m plus loin qui leur offre de l’eau pour eux et leur chien. 200m plus loin, je les retrouve à l’ombre des arbres, assis étalés sur une pelouse et déjeunant. Je les salue et poursuis mon chemin. Ca monte tranquille, le plus souvent en sous-bois, parfois au soleil.

Au moment où je commence à en avoir marre, je vois la route. 2 camionnettes Spie (BTP) et 3 ouvriers assis ou allongés sur l’herbe qui font leur pause déjeuner. C’est le belvédère de Chatillon. Vue panoramique. Je déjeune avec les ouvriers en discutant un peu avec eux. Ensuite, je prends le chemin qui descend à Chatillon. Je vois le panneau indiquant un autre belvédère de Châtillon mais pas ce belvédère.

Arrivé à Châtillon, je demande le chemin de l’auberge chez Yvonne à un homme sur son tracteur. Il m’envoie vers sa femme qui, elle, est du coin. Une dame de 52 ans venue voir son père, veuf, qui vit seul ici. Chaque jour, une infirmière passe voir son père. Cette infirmière est l’épouse du patron de l’auberge. La dame m’indique un raccourci pour rejoindre la route qui descend à l’auberge. A travers champs. En discutant, elle m’apprend qu’elle est institutrice à La Roche sur Foron (74). Elle a des enfants de Pers-Jussy (74) en classe. Ma destination finale. Celle de la maison de famille. Nous parlons pays. Je marche sur la route. Je finis par appeler le patron qui m’explique le chemin final. J’arrive sans difficulté à l’auberge d’Yvonne.

Comme l’hôtel du Belvédère à Baume les Messieurs, c’est un ancien hôtel restaurant transformé en chambre d’hôtes pour randonneurs. Là-aussi, je suis le seul client. Limonade fraîche pour l’accueil. Le patron m’indique le chemin pour aller me baigner dans l’Ain. L’auberge donne sur la rivière. Plage privée, ombragée. De l’eau jusqu’aux genoux mais je me baigne quand même avec mon maillot ou sans vu que je suis seul. Moment extrêmement relaxant. Avec le maillot, je discute avec les canoéistes d’un groupe qui part sur l’Ain. Sur l’autre rive, un ponton et le panneau d’un club de canoë-kayak. Je fais ma lessive à la main et la mets à sécher au soleil et au vent. Terrasse ombragée pour écrire.

Après l’hôtel du Belvédère, c’est mon deuxième petit paradis pour moi seul. Il n’y a pas la vue sur la reculée de Baume les Messieurs mais il y a l’Ain. Pas mal non plus. Au menu, mousse de foie de canard en amuse-bouche, salade et filets de truite panés en entrée, poulet au vin jaune et morilles, assiette de fromages (Comté et Morbier), pain perdu, crème anglaise, confiture d’abricot et glace vanille. Pas d’Internet. Tranquille. Verre de vin blanc du Jura. Tisane drainage pour finir.

J’ai trouvé mon Maître en bavardage, Jean-François, le patron du lieu. Yvonne, c’était la mère fondatrice de l’auberge. Une amie d’Edgar Faure, évidemment. J’ai dû couper la conversation pour dire à Jean-François d’aller préparer mon dîner. Il a compris que j’avais peur !

De lui, j’ai appris beaucoup de choses sur les turpitudes financières du conseil départemental du Jura et de son président, sur les réussites et les échecs du tourisme local, sur Edgar Faure le grand homme local (mort en 1988. Député maire de Saint Claude, ministre, Premier ministre, président du conseil régional de Franche-Comté), sur le Comté, sur les saisons et la sécheresse (les gros orages de juin font que c’est toujours vert en juillet), sur la Haute-Marne son département d’origine, sur la Haute Saône, département d’origine de son épouse infirmière, celle qui soigne le Monsieur de Châtillon, père de la dame institutrice à La Roche sur Foron qui m’a indiqué le chemin pour arriver à l’auberge.

Dans l’Ain, j’ai repéré des bancs de tous petits poissons qui venaient me chatouiller les pieds. Selon Jean-François, les pêcheurs du coin ne connaissent pas cette espèce. Un invasif ? Le bain frais a fait beaucoup de mien à mes muscles dorsaux et cervicaux sollicités par le port du sac à dos. Douche chaude ensuite. Mon linge n’a pas fini de sécher dehors. Il finira de sécher dedans.

Repas commencé à 19h30 et terminé à 21h. Seul en terrasse avec vue sur l’Ain, des arbres, un pont. Depuis 2019, l’hôtel-restaurant est devenu une chambre d’hôtes pour randonneurs. J’en profite. J’ai même droit à l’éclate mouches de luxe (sic) en bois et cuir du Jura. De l’artisanat local très efficace. Beaucoup de mouches cet été car il n’a pas assez gelé en hiver et au printemps.

 

Mercredi 13 juillet : Châtillon – Songeson

Châtillon – La Confrérie : 4.5km. 1h10

La Confrérie – Marigny : 3.3km. 50mn

Marigny – Fontenu (592m) : 3.1km. 45mn

Fontenu – Songeson. 3.1km.  45mn

14km. 3h30

Gîte Aux lacs et cascades. 5 rue de la Combe. 39130 Songeson. 

Le patron m’a indiqué un raccourci de 3km pour récupérer le GR à Marigny. Une petite route bien visible sur ma carte IGN. Bon petit déjeuner avec fromage blanc local. Je prends les 2 morceaux de pain pour mon déjeuner. Non seulement la route est bien visible mais elle est balisée en jaune (PR). Quelques sportifs en chemin (coureurs & cyclistes). Dès avant Marigny, belle vue sur le lac de Chalain, le plus grand lac naturel du Jura. A Marigny, fontaine d’eau fraîche et robinet d’eau potable. Le GR monte en balcon au-dessus du lac jusqu’à un belvédère. A couvert. Toujours avec des coureurs & des cyclistes. Vue panoramique depuis le belvédère.

 Là, une dame me repère avec ma tenue de randonneur. Une jeune retraitée qui a quitté la Seine et Marne pour le Jura. Monitrice de marche nordique, elle a créé sa chambre d’hôtes mais ne fait pas table d’hôtes. Les clients sont trop exigeants. Ils se croient au restaurant parce qu’ils paient. Ils veulent la carte en plus du menu. Je la rassure sur le fait qu’en randonnée je mange de tout sans rechigner. Elle a déjà fait le chemin de Stevenson. Je lui recommande le chemin de Saint Guilhem le Désert. Elle va regarder.

Je contourne le domaine de Chalain (camping de 5000 personnes au bout du lac tenu par des Hollandais) et remonte à un autre belvédère. J’y trouve des cyclistes hollandais, des familles françaises, un couple de cyclistes français (l’homme est amputé au genou droit et pédale avec sa jambe articulée en métal). L’endroit est fréquenté mais je trouve de la place sur un banc à l’ombre avec vue sur le lac et le camping.  Parfait pour un pique-nique. Il n’est que 11h30 mais j’ai faim.

Je continue mon chemin en forêt à l’ombre et débouche sur la route pour Songeson. A l’entrée du village, une dame me demande si j’ai besoin d’eau. Je la remercie car je suis arrivé. Je lui demande l’adresse du gîte. Elle me l’indique précisément. J’arrive pour 12h45.

Jennifer, la jeune patronne, est énergique et un brin autoritaire. En suivant ses consignes, tout va bien. Elle m’offre une citronnade bien fraîche en attendant de finir ma chambre. Une fois la chambre propre et sèche, elle m’y amène et me donne les consignes à respecter pour les lumières et le volet électrique. Comme j’ai le temps, je peux faire ma lessive à la main et la sieste dans l’après-midi. Carole, la mère de Jennifer, est prof d’anglais et donne des cours aujourd’hui dans une entreprise de Champagnole. Bref, c’est une maison de femmes. Pas de trace d’homme à part les clients comme moi.

C’est tellement une maison de femmes que j’en retrouve en fin d’après-midi, Margot (30 ans) et Claire (60 ans et quelques) sa mère qui dinaient en terrasse avec moi lundi soir à l’auberge de la Vallière. Elles marchent ensemble sur le sentier de l’Echappée jurassienne. Ce soir, vrai dîner de table d’hôtes. Tous ensemble. Jennifer (32 ans) et sa mère Carole (Anglaise, 64 ans) qui nous expliquent comment et pourquoi elles ont acheté et retapé cette maison dans le Jura. Discussion riche à table. Menu familial, moins gastronomique que mes dîners précédents mais délicieux : carottes râpées et cèleri rémoulade en entrée. Blanc de poulet mariné et pommes de terre. Comté et morbier. 3 desserts : tiramisu maison, salade de fruits frais et part de gâteau genre 4/4.

 

Juillet 14 juillet : Songeson– Pont de la Chaux

Songeson – Les Rochettes : 2.2km. 30mn

Rochettes – Menetrux en Joux : 1.4km. 20mn

Menetrux en Joux – Maison des Cascades (musée géologie et environnement) : 2.2km. 30mn

Maison des cascades – Intersection de Saut Girard Nord : 3.1km. 55mn

Intersection saut Girard Nord – la Fromagerie (770m) : 0.7km. 10mn

La Fromagerie – Intersection : 2.4km. 35mn

Intersection – Pont de la Chaux : 7km. 2h

22.1km. 5h45

Hôtel restaurant des Lacs au Pont de la Chaux. 9 route de Genève, 39150 Chaux des Crotenay. 

Carole nous explique que les 5,5km du gîte jusqu’à la Maison des cascades (du Hérisson) n’ont aucun intérêt et nous propose de nous déposer en voiture. Nous acceptons. En plus, c’est offert et nous nous arrêtons en route voir un beau lac sauvage caché derrière les arbres. Je marche avec Claire & Margot. Démarrage à 9h20 de la Maison des cascades. Montée raide mais largement compensée par la splendeur des cascades du Hérisson. Nous sommes en pleine canicule et sécheresse. Qu’est ce que ça doit être en saison des pluies !

Nous nous attendons tour à tour jusqu’au lac d’Ilay, petit paradis où je décide de me baigner  alors que les dames poursuivent leur chemin car elles ont rendez-vous avec le père de Margot (Claire est divorcée) qui doit les amener au Chaux de Fontenay. 4 jours de randonnée leur suffisent. C’était une idée de la mère pour passer du temps avec sa fille et ça semble s’être bien passé. Margot part ensuite avec une amie qui vient de se faire larguer par son mec pour la consoler à la coopérative viticole de Buxy (71) en Bourgogne.  Je lui en chante les louanges en lui disant que ma mère s’y fournit depuis des décennies. Elle en est ravie.

Claire apprend l’italien car sa bru est de Cuneo dans le Piémont. Nous nous donnons rendez-vous pour le pique-nique au sommet du Pic de l’Aigle  (993m). Le pique-nique nous a été offert gracieusement par Jennifer et Carole.  Sandwich au thon. Thon sur thon comme dit Margot. Après un bain lacustre très agréable, je sèche au soleil, me rhabille et repars. Montée raide mais à l’ombre en sous-bois. Je retrouve ces dames au sommet où Claire me fait signe. Elles restent 5 mn puis partent pour leur rendez-vous. Je leur ai laissé ma carte de visite. Du pic de l’Aigle, vue magnifique sur le Lac d’Ilay où je me suis baigné mais pas sur le Mont Blanc à cause de la brume de chaleur.

Descente raide, abrupte entre terres, racines et rochers (escarpée dit un panneau sur un arbre).  Je croise, venant dans le sens de la montée, la jeune fille qui s’ennuyait ferme avec ses parents au dîner à l’auberge de Conliege lundi soir. Elle marche vaillamment devant ses parents, en s’appuyant sur ses bâtons. Dans l’effort, ils ne lui parlent pas. C’est mieux pour elle.   Je m’arrête aux belvédères des 3 & 4 lacs pour prendre des photos. Cf photographie au dessus de cet article.

Sinon, je surveille mes pieds pour ne pas me fouler une cheville. J’y suis tellement attentif que je manque un lac en chemin. Arrivée à un parking. Maintenant, le sentier est facile, le long de la forêt mais sans ombre. Ca cogne sévère au soleil de midi. Je débouche sur la N5 Paris-Genève que j’ai déjà suivie entre Dijon et Dole l’été 2021. Droit devant moi, le long de la route de Genève, mon hôtel.

Grand hôtel à l’ancienne, le long de la nationale mais bien rénové. Je demande à laver mes vêtements. Impossible d’obtenir une bassine mais j’obtiens le droit d’utiliser une machine à laver de l’hôtel. Ca prend des heures mais mon linge est bien lavé, bien essoré. Je le mets à sécher sur un fil au soleil et au vent. La piscine est moins grande que le 1er soir au Revermont mais après une dure journée de marche, c’est appréciable. En réservant la chambre, j’ai payé mon dîner à condition de respecter la formule : salade tex mex (salade, maîs, poivrons, tomates, riz, haricots rouges, steak haché). Parfait pour un randonneur. Je la mange doucement car je trie les grains de maïs un par un. Je n'aime pas le maïs. Un tiramisu framboise en dessert. Verre de crémant du Jura en apéritif.

Pas de fromage mais je suis restauré. Je paie mes boissons : 8,50€ avec l’infusion finale. La patronne de la caisse est une belle blonde quadra impérieuse. Mon serveur est un jeune homme noir du coin. Tranquille. Il reste zen face aux humeurs de la patronne. Elle n’est pas raciste, juste fatigante. J’ai demandé à laisser la monnaie au serveur. Je pense que la patronne le fera.

 

 

Vendredi 15 juillet : Pont de la Chaux – Foncine le Haut

Pont de la Chaux – Eglise des Chaux de Crotenay (750m) : 3.8km. 1h

Eglise des Chaux de Crotenay – Petits Epinois : 2.6km. 40mn

Petits Epinois – Planches en Montagne : 4.7km. 1h10

Planches en Montagne – Douanets : 2.8km. 45mn (tunnel. Lampe de poche nécessaire).

Douanets – jonction GR de pays : 2.3km. 40mn

Jonction GR de pays – jonction GR509 : 2km. 30mn

Jonction GR509 – Foncine le Haut (660m) : 3km. 45mn

22.2km. 5h30

A Foncine le Haut, gîte et courses. Bus. Hôtel restaurant le Jardin de la Rivière 6 rue les isles. 39460. 

 

Le cahier prévu pour la randonnée est terminé. J’écris ceci de mémoire à Pers-Jussy (74) quelques jours après sur un nouveau cahier.

Le GR est marqué sur la terrasse de la rambarde de l’hôtel. Mon linge est propre et sec. Petit déjeuner buffet. Je quitte vite la route de Genève (N5 toujours) pour un sentier en sous-bois à l’ombre, au frais mais qui fait force détours pour finir à l’église des Chaux de Crotenay. La route pour le village était beaucoup plus courte mais au soleil.

Ensuite, montée jusqu’au sentier des cascades de Langouette. Là, c’est magnifique. La rivière se nomme la Saine. Ne pas confondre avec la Seine que j’ai remonté avec le GR2 de Paris à Dijon. Passage par un tunnel sans lumière. Comme je n’ai toujours pas de lampe de poche, je suis les randonneurs équipés. Heureusement, il y en a. Faute de ma part car le topoguide signalait ces tunnels et le besoin de lampe de poche ou frontale. A prévoir pour la suite du parcours vers Rome. J’ai acheté un pique-nique à l’hôtel des Lacs. Très convenable. Salade composée, chips, pomme, fraises. Fromage de Hollande par-contre.

Arrivé à Foncine le Bas, je quitte le GR pour un PR qui va directement à Foncine le Haut, mon terminus du jour. Le chemin Saint Roch coupe les routes, passe par les pâturages et débouche à la chapelle Saint Roch au-dessus de Foncine le Haut.

Là, je tombe sur une scène de Jean-Jacques Rousseau. Une chapelle face aux monts du Jura. Côté village, des vaches qui broutent paisiblement. Côté montagne, un banc devant la chapelle face aux montagnes. Sur ce banc, assis côte à côte, un jeune couple d’amoureux sages. Une petite rousse et un grand brun. 18 ans maximum. Se tenant la main et se parlant doucement. Je veille à ne pas les déranger. A ma demande, la jeune fille me confirme que je suis bien arrivé au village de Foncine le Haut. A les voir, Jean-Jacques aurait pleuré de joie et leur aurait donné sa bénédiction de vicaire savoyard.

Je descends au village et arrive à un gîte de France. Ce n’est pas l’hôtel de la rivière où je dîne et dors ce soir. J’appelle et me renseigne. Je vois arriver au gîte le jeune couple d’amoureux toujours aussi connecté l’un à l’autre. Je poursuis la route et passe devant la fruitière de Foncine le Haut où le chauffeur d’un camion vient livrer le lait frais. Même dispositif que pour livrer le pétrole mais ça ne pue pas et n’est pas inflammable.

J’arrive à mon hôtel, le 3e avec piscine après celui du Revermont le 1er soir et celui des Lacs la veille. La plus petite des 3 mais ça fait du bien quand même. Je lave mon linge à la main mais n’ai pas le droit de le faire sécher dehors où règnent le soleil et le vent. En effet, le jardin est occupé par des roulottes et je ne dois pas perturber les clients avec mon linge qui sèche. Il sèchera donc au chaud à la buanderie.

Hôtel repris en 2019 par un jeune couple qui l’a rebaptisé et modernisé. Ca redémarre après les confinements. Tout est propre en ordre comme disent les Suisses. Dîner délicieux. Croûte forestière garnie (pain, fromage fondu, morilles), filets de truite avec poivrons (pourquoi ne pas enlever les graines de poivrons ? Paresse ou tendance ?), une faisselle locale avec fraises et éclats de meringue. A l’arrivée, une limonade de Morteau à la grenade bien fraîche. La Mortuacienne. Un délice des Dieux. Un collègue de Paris me donne l’adresse où la trouver : Un Comtois à Paris, 171 rue de la Convention, 75015 Paris.

En fait, de retour à Paris, j’ai trouvé la limonade de Morteau chez un fromager dans mon quartier. Celles au citron, orange, pamplemousse mais pas celle à la grenade.

Samedi 16 juillet : Foncine le Haut – Morez

Foncine le Haut – Sur les Gîts (1066m) : 6km. 1h30.

Sur les Gîts – Chapelle des Bois (1080m) : 7km. 1h45

Chapelle des Bois – la Madone (1113m) : 1km.15mn

La Madone – Caserne des Douanes (1133m) : 2.5km. 45mn

Caserne des Douanes – Bellefontaine (1033m) : 4km. 1h

Bellefontaine – Intersection roue des Frasses. 4,2km. 1h

Intersection route des Frasses – Morez par le PR. 2.5km. 45mn

29,2km. 7h

Hôtel du Commerce, 8 rue Lamartine, 39400 Morez. 

 

L’étape la plus longue de ce parcours de juillet. Je le savais dès le départ. Ca s’est confirmé à l’arrivée. Départ à 8h20. Arrivée à 19h30. Si j’avais été accompagné d’une femme, elle m’aurait quitté avant d’arriver à Morez. Ca commence par un chemin de croix en 14 étapes au-dessus de Foncine le Haut avec une statue du Christ bien kitsch au sommet. Très bien placée. Belle vue. Pause pique-nique, vendu par l’hôtel et ravitaillement en eau à la Chapelle des Bois. Au frais, près de la fontaine mais à côté des poubelles.

J’entre en zone frontalière. Borne de 1649 avec la fleur de lys côté France (Mazarin Premier ministre de Louis XIV pas encore proclamé Roi de France). Stèle et inscription en hommage aux passeurs du Risoux qui firent passer de France en Suisse des Juifs, des Résistants, des agents de renseignement de 1940 à 1944. Monument émouvant en souvenir des enfants Juifs passés par là évacués depuis l’Ardèche (château de la Croix rouge suisse) avec un extrait de l’Ancien Testament en français et en hébreu.

Passage devant une caserne des douanes de 1813 avec l’inscription en acronyme Napoléon Ier Empereur des Français (NIEF). Au-dessus d’un lac. Vue superbe. Caserne en bas d’une descente périlleuse.

Avec la fatigue, j’ai failli manquer un embranchement pour le lieu-dit « En Jean-Pierre ». Mon oncle Jean-Pierre Lagrée, professeur d’EPS, était un expert en course d’orientation. Pour honorer sa mémoire, je retrouve mon chemin et arrive épuisé au Kyriad Hôtel de Morez.

Un client de l’hôtel compatit sur mon sort. Une charmante jeune femme à la réception. Elle m’explique, avec un grand sourire, que je dois monter 3 étages à pied pour parvenir à ma chambre. Et marcher 10mn pour trouver un restaurant. Ayant pitié de moi, elle réserve au restaurant espagnol situé à 10mn. Et me donne l’adresse et le numéro de téléphone. Adorable. Je lui explique que la Franche-Comté fut espagnole de 1493 à 1674. Pas sûr que cela l’intéresse mais elle garde son sourire commercial.

Diner espagnol ou presque. Jambon, melon et petits légumes en entrée. Un grand  soda noir américain d’abord pour la recharge en sucre et sels minéraux. Filet mignon de porc sauce moutarde et petits légumes. Pas de fromage. Crème catalane en dessert. Tout le monde parle espagnol dans le personnel. Heureusement pour moi ils parlent français aussi. Pas de vin à table. Pas de lessive car je suis arrivé trop tard.

En face du restaurant espagnol, l’hôtel de la Poste. Une magnifique et immense bâtisse fin XIX° siècle, ancien Logis de France, à l’abandon. La mairie  de Morez a trouvé 500 000 euros en lingots d’or dans une maison léguée et va s’en servir pour le retaper et le revendre. J’aurais bien aimé y dormir mais ma chambre perchée au 3e était immense et avec une superbe vue sur la ville et le Jura. Par contre, pas d’ascenseur et presque pas de lumière électrique. Un plafonnier dans la salle de bains, c’est limite. Je l’ai indiqué sur booking.com ainsi que l’absence d’ascenseur.

 

Dimanche 17 juillet : Morez– Les Rousses

Morez– Intersection route des Frasses : 2.5km, 45m,

Intersection route des Frasses – jonction GR5 : 8km, 2h

Jonction GR5 – Rousses en Bas : 2.5km. 45mn

Rousses d’en Bas – Rousses (1120m) : 0.5km. 10mn

13.5km. 3h40

Aux Rousses : gîte, cafés, restaurants, courses, bus. Hôtel La Redoute, 357 route Blanche, 39220. 

Bien dormi. Fenêtres ouvertes. Petit déjeuner buffet. Pas de panier pique-nique mais l’étape est courte. Je dois arriver pour le déjeuner aux Rousses.

Je longe d’abord la N5 direction Les Rousses (9km) et Genève (57km). Très vite, elle n’est plus praticable pour un piéton. Je prends un escalier en béton, avec rambardes, qui monte. Au départ, un panneau : Sentier dangereux. Utilisation à vos risques et périls. C’est le sentier le plus sûr de tout le parcours. Ca y monte pour arriver à la forêt et à un lotissement. Le sentier en forêt n’est ni balisé ni fléché. Je prends un autre escalier en béton qui descend après le même panneau Sentier dangereux. Là je vois une flèche indiquant le PR pour La Doye. Au vu de la carte, la Doye me rapproche des Rousses. En fait, j’aurais pu m’épargner la N5, l’escalier qui monte puis celui qui descend en marchant le long de la Bienne depuis mon hôtel. J’ai perdu 30mn.

Je suis une petite route de montagne qui monte. Je croise des promeneurs avec chiens qui m’assurent que, plus loin, sur la gauche, je trouverai un sentier caillouteux qui descend à la Doye. Je suis dépassé par une BX Citroën qui pollue ferme. Le gars s’arrête et m’explique que son chien n’est pas dangereux. En effet, un gros chien de berger court derrière la voiture. Il connaît la route et me suit ou me précède. Nous faisons route ensemble. Quand je commence à me décourager, je tombe sur le panneau du lieu-dit l’Enfer. Stèle pour des Résistants gaullistes (croix de Lorraine) dont le maire de Grande Rivière (aujourd’hui commune de Grande-Rivière Château) assassinés par les Allemands en ce lieu le 15 avril 1944. A côté de la stèle, panneaux indicateurs du GR. Les Rousses sont à 6km. Je tiens le bon bout. Le sentier descend de 500m jusqu’à La Doye. Arrivé à la Doye, je vois indiqué Les Rousses à 5500m. Logique. Le sentier monte en sous-bois en coupant la N5.

Je retrouve la N5 et j’hésite. Une dame sort de sa maison et m’indique que le chemin est fermé depuis la tempête de 1999 et qu’elle passe ses étés à guider les randonneurs. Je rebrousse chemin, passe devant la maison qu’elle m’a indiqué et retrouve la marque blanche et rouge du GR.

Je coupe de nouveau la N5, monte sur le sentier et passe devant une maison quand un chien me bloque le passage en aboyant. Pas agressif mais ferme. Un homme passe la tête à une fenêtre. Barbu, la 40ne, grisonnant, l’air sympathique. Un beau mec. Il m’explique que je suis bien sur le chemin pour les Rousses, que j’ai encore de la montée à faire, qu’il a de l’eau pour les randonneurs assoiffés et que le chien prévient mais n’agresse pas. Tout va bien. Je poursuis mon chemin. Le chien me suit 100m puis laisse tomber alors que je quitte son territoire. Pas agressif et con comme celui de Salins les Bains. Le maître non plus. Tel maître, tel chien.

J’arrive aux Rousses d’en bas et poursuis jusqu’aux Rousses d’en haut. Il est 12h30 et j’ai faim. Je passe devant une pizzeria qui passe du Gilbert Montagné à fond. Ça me gâcherait le plaisir. Je poursuis et arrive à la fromagerie des Rousses. Jazz à FIP en fond sonore. Salade jurassienne avec comté, jambon, lardons, œufs, melon, salade, poivrons, tomates. Parfait pour un randonneur. Après le soda noir américain réglementaire. Glace en dessert. La patronne m’indique mon hôtel à 200m de là. Il ouvre à 15h le dimanche.

Je prends le temps d’acheter des cartes postales touristiques et pittoresques du Jura, de les écrire et les poster. J’arrive à 15h05. Ma chambre est prête mais impossible de laver et sécher mon linge. Elle m’indique une laverie automatique à 500m. Trop loin. Pas de lessive. Il me reste une tenue pour demain et ce sera la dernière étape. Je ferai ma lessive en Haute-Savoie dans le gîte familial. L’hôtel ne fait pas restaurant le dimanche soir. Dommage. Le menu local semblait sympathique.

Je trouve, à la sortie des Rousses, un restaurant italien. Pas une pizzeria. Légumes marinés en entrée, farfalle aux écrevisses et aux courgettes en plat, soupe de fraises avec glace amarena en dessert. Impeccable. J’ai passé l’après-midi à buller en regardant le Tour de France.

 

Lundi 18 juillet : Les Rousses (France) – Nyon (Suisse)

Les Rousses – La Cure (Suisse) : 2.5km. 45mn

A La Cure, train CFF pour Nyon : 52mn

Ou sentier de La Cure à Nyon via Saint Cergue et Trelex. 20km. 5h. Descente par la voie romaine avec vue sur le Lac Léman et les Alpes (Mont Blanc à l’horizon). Cf photographie sous cet article.

A Nyon, lac Léman, cafés, restaurants, courses. Gare CFF (Chemins de Fer Fédéraux) Port CGN. Baignade, plage

Navire de la CGN (Compagnie Générale de Navigation) de Nyon (Vaud, Suisse) à Yvoire (Haute-Savoie, Auvergne Rhône-Alpes, France) : 20mn de traversée. 

 

 

J’ai déjà fait cette étape en juillet 2007 avec mon ami C pour finir la Grande Traversée du Jura de Pontarlier à Nyon. J’en garde un souvenir ébloui. Descendre vers le Lac Léman par la voie romaine avec les Alpes en face et le Jura derrière. Grandiose. Je trouve la carte IGN et le topoguide de la FFRP peu clairs. Je n’ai pas accès à Internet pour regarder le site www.naturando.ch indiqué sur les panneaux de randonnée à la frontière suisse.

En fait le topoguide indique 2 jours de marche pour aller des Rousses à Nyon alors qu'une journée suffit largement. Les Suisses financent le sentier de l'Echappée jurassienne et le topoguide 390 de la FFRP. Ils veulent que les randonneurs consomment chez eux. C'est tout.

Je demande à la patronne qui ne connaît pas les sentiers. Cela se voit qu'elle ne marche pas dehors. Les panneaux pour randonneurs au centre des Rousses n’indiquent pas la direction de la Suisse (La Cure puis Nyon).

Je suis donc de nouveau la N5 jusqu’à La Cure, village franco-suisse. Enormes bâtiments années 1930 des douanes françaises et suisses. Vides. Adaptés à la N5 Paris-Genève du temps où il n’y avait ni autoroute ni zone Schengen. Je passe sans aucun contrôle avec armes et bagages et trouve les panneaux jaune tourisme pédestre à la gare CFF de la Cure. Je suis en Suisse. Fini de chercher la marque blanche et rouge du GR. Je n’ai plus qu’à suivre le balisage jaune du tourisme pédestre suisse. Pas le même que celui des PR en France. Les Suisses ne mettent pas de croix de Saint André pour vous indiquer de ne pas prendre un sentier comme le font les Français. Tant qu’il n’y a pas de carrefour, pas de marque.

Je vois la Dôle (1677m) et son dôme de télécoms. Vue à 360° sur les Alpes et le Jura d’en haut mais je compte bien l’éviter. En effet, je peux aller à Nyon par la Dôle mais c’est 4h de plus. Comme je compte avoir le temps de manger, boire, me baigner avant de prendre le bateau pour Yvoire (F) je ne prends pas ce chemin.

Un panneau m’avertit qu’en cas d’accident avec les vaches, le propriétaire décline toute responsabilité. Une telle mention serait-elle légale en France ? A vérifier avec des civilistes.

Dans mon souvenir d'étudiant en droit, l’article 1385 du Code civil pose le principe de la responsabilité du propriétaire de l’animal dont il a la garde mais mes souvenirs ont plus de 30 ans et la numérotation du Code civil a changé depuis. Justement, sur le sentier, à un carrefour avec des panneaux, un troupeau de vaches prend toute la place. Elles sont chez elles. Je suis un intrus. Je me faufile discrètement en demandant humblement pardon pour le dérangement et je passe.

A un autre carrefour, j’admire un drapeau suisse qui claque en haut d’un mât devant une maison. Sur le drapeau, un Saint Bernard avec son outre d’alcool. Pas pu prendre de photo. Le vent faisait trop bouger le drapeau. Le couple de résidents m’indique le chemin pour Nyon. Je descends par la voie romaine en suivant les poteaux électriques.

Arrêt à Saint Cergues pour acheter un sandwich et faire remplir ma gourde d’eau dans une boulangerie. Juste après Saint Cergues, je trouve un hôtel avec terrasse panoramique sur le Lac Léman et les Alpes. A l’abandon. Je m’installe pour pique-niquer seul avec vue. Dernière boite de terrine de poisson de la Belle Iloise amenée de Paris, sandwich suisse à la viande séchée, œuf dur et banane pris au buffet de l’hôtel ce matin. C’est complet.

La voie romaine coupe la route avec vue sur le Lac Léman et les Alpes derrière la rive française. C’est aussi grandiose que dans mon souvenir. Cf photographie sous cet article.

Je perds le sentier suisse en suivant les balises du gazoduc (gaz russe je présume). Je finis par retrouver la route pour Nyon et une station-service Tamoil où je n’achète rien mais fait remplir ma gourde. Un client m’indique que je suis à 5km. Je vois les chapiteaux du Paléo festival de Nyon, le plus grand festival de rock de Suisse qui commence mardi 19 juillet. Les champs sont bordés de rubalise pour que les voitures ne viennent pas s’y garer. A l’entrée du site, les vigiles de Securitas m’indiquent la route. Tout droit pour Nyon.

Je passe au-dessus de l’autoroute Genève-Lausanne et entre dans Nyon. Aucune indication du Lac et du port. En montant, descendant, tournant, je finis par voir le port de plaisance. Je n’ai plus qu’à descendre par un joli parc fleuri, avec fontaines, pour arriver au port et à l’embarcadère de la CGN (Compagnie Générale de Navigation du Léman) où l’employée me vend un aller simple pour Yvoire (74) à 15CHF. Elle m’indique aussi la jetée pour me baigner dans les rochers et me dit de me baigner pour elle.

Ce que je fais après avoir dégusté en terrasse ombragée avec vue sur le Lac un thé froid et un sorbet suisse Mövenpick. J’ai prévenu ma sœur préférée de mon arrivée à 18h05 à Yvoire. Après le bain, achat de cartes postales à Nyon. Je les écrirai et posterai sur France, ou bien !

Traversée du lac sur le pont du haut. Dernières photos argentiques du Jura qui s’éloigne. Même au milieu du Lac Léman, il fait chaud. Signe manifeste de dérèglement climatique.

Ma soeur et son compagnon m’attendent sur l’embarcadère. Je n’ai plus qu’à me laisser conduire jusqu’à Pers-Jussy (74) où ma mère nous attend. Après la douche, un bon dîner. La lessive sera faite le lendemain matin. Le Jura est franchi. Je suis passé de France en Suisse . L’an prochain je compte bien passer les Alpes pour aller de Suisse en Italie. Rome est au bout du chemin.

De retour à Paris, fin juillet 2022, j'ai écrit un courrier postal à Mme Marie Guite Dufay, président du conseil régional de Bourgogne Franche-Comté, pour lui suggérer de créer un sentier permettant d'aller à pied de Dijon à Dole, de la Côte d'Or au Jura, de la Bourgogne à la Franche Comté, en reliant le GR2, sentier de la Seine au GR5, sentier de l'Europe, la Manche à la Méditerranée, Le Havre à Nice en passant par Rouen, Paris, Dijon et Dole.

J'ai reçu rapidement une réponse signée du vice-président du conseil régional chargé du tourisme qui a transmis mon courrier au président du comité régional Bourgogne Franche-Comté de la Fédération française de randonnée pédestre. M. le président m'a écrit pour me remercier de ma suggestion, m'indiquer que personne n'y avait pensé et que la question allait être étudiée. A ce jour,  pas de nouvelles d'un chemin de randonnée de Dijon à Dole. Je maintiens ma proposition.

Le chemin se poursuit de la Suisse à l'Italie, en passant les Alpes sur les pas du Premier Consul Napoléon Bonaparte et de l'armée de réserve de la République française, de Nyon (CH) à Aoste (I).

Les photographies de cet article sont l'oeuvre de Guillaume Lagrée. Toute utilisation de ces oeuvres sans autorisation de leur auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Cascade du Jura

Cascade du Jura

Lac d'Ilay. Baignade avant l'ascension du Pic de l'Aigle

Lac d'Ilay. Baignade avant l'ascension du Pic de l'Aigle

Vue sur le lac Léman et les Alpes en descendant par la voie romaine vers Nyon

Vue sur le lac Léman et les Alpes en descendant par la voie romaine vers Nyon

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article